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Critique d'album

The Ascending


The Ascending


(05/05/2023 - Klonosphere - - Genre : Autres)
Produit par

Note de 5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Les débuts d'une ascension épique et vertigineuse pour l'une des révélations françaises de 2023"
Quentin, le 11/07/2023
( mots)

Il est difficile dans une scène rock parfois trop aseptisée de dénicher de nouvelles œuvres aux sonorités originales, celles capables d'accrocher immédiatement notre oreille avec le sentiment que l'on va vire une expérience d'écoute singulière. Dans cette recherche frénétique mais rarement fructueuse, les "supergroupes" apportent rarement un souffle nouveau, privilégiant davantage dans leurs productions la synthèse des styles au détriment du renouveau artistique.


Ce n'est heureusement pas le cas de la formation française The Ascending, collectif composé de six musiciens qui ont déjà roulé leur bosse au sein de la scène nantaise et qui viennent d’horizons musicaux aux sensibilités bien différentes. Loin d'être une faiblesse, cette diversité musicale a été pensée comme une véritable opportunité créatrice pour aboutir à la construction d'une identité et d'un univers sonore singulier et diablement cohérent. Au croisement du registre dark folk pour ses ambiances ténébreuses influencées par la musique indus, du post-rock pour son esthétique atmosphérique et du post-hardcore avec ses montées en puissance violentes couplées au chant screamé, il est bien difficile de coller une étiquette définitive sur la musique des Français.


Ce qui frappe à la première écoute et qui contribue notamment à forger l'identité de The Ascending c'est premièrement cet enchevêtrement de voix à la fois très distinctes et complémentaires qui permet de sublimer les différentes atmosphères développées par le groupe. Un croisement de voix féminines et masculines signé Jessica Delot et Eddie Kaiser qui rappelle par moment le jeu des harmonies vocales de Pure Reason Revolution ou d'Anathema comme sur l’entêtant "Waiting a Storm" porté par une section rythmique au cordeau, mais à laquelle vient également s'ajouter la violence du chant hurlé de Clair de Stinky pour saupoudrer d'une tension sourde la beauté mélodique de l'ensemble.


Ce sont ensuite les partitions au violon de Jessica Delot qui délivrent de très beaux moments d'émotions en apesanteur comme sur le poétique "Circles in the Sky" et sa mélodie apaisante nourrie par des des arpèges cristallins. La violoniste s'inspire dans son jeu à la fois d'éléments issus de la musique traditionnelle celtique mais également de sons plus dissonants comme sur le morceau éponyme "The Ascending" apportant une touche d'angoisse à l'ambiance déjà très réussie du titre.


Enfin, c'est certainement la facilité avec la quelle le groupe passe d'une atmosphère à une autre, avec des changements d'ambiance drastiques, qui retient l'attention de l'auditeur. Le morceau titre annonce d'ailleurs la couleur (vive!) dès l'entame de l'album avec ces guitares planantes qui accompagnent un couplet folk puis un refrain plein de hargne et de lyrisme. L'univers des Nantais trouve son équilibre dans un savant dosage entre fragilité et puissance et il n'est ainsi pas rare que des passages intimistes magnifiés par un violon sensible côtoient des montées en puissance d'une grande intensité. On pensera notamment à ce "Oblivion" tourbillonnant d'émotion sur des refrains et qui rappelle les compositions tourmentées d'A.A Wiiliams. Le groupe se montre ainsi à l'aise pour développer sa palette musicale tant sur les morceaux les plus contemplatifs que sur les tempo les plus enlevés à l'instar d'"Overture" mené tambour battant sur la base de sa boucle électronique à la Nine Inch Nails. Et comment ne pas évoquer "Herons", cet écrin de folk progressive, au bas mot superbe, faisant la part belle à un solo de guitare aérien et à un violon virevoltant qui concluent l'album dans un crescendo épique lorsque les trois voix se rejoignent à l'unisson.


Si le groupe réussit ainsi ce savant mélange de styles c'est notamment parce que la composition est toujours au service de la mélodie et se veut très accessible en privilégiant le langage de l'émotion à la technicité pure. Toute cette musicalité à fleur de peau est d'ailleurs portée par des textes engagés et poétiques comme le suggère en premier lieu le nom du groupe qui renvoie à cette idée d’élévation intérieure permettant de trouver sa place dans le monde et ainsi de s'accomplir. Les six titres qui composent l'album abordent ainsi sans crainte des sujets sociaux ou politiques assez lourds, à l'image de "The Ascending" qui évoque la question des relations toxiques et des violences sexistes et sexuelles, "Oblivion" qui aborde le sujet des maladies dégénératives, "Waiting a Storm" sur la tolérance et l'intégrisme religieux ou encore "Ouverture" qui parle des discriminations et de la lgbtphobie. Si les thématiques abordées sont graves, la musique développée par The Ascending navigue entre ombres et lumières et possède également des élans positifs et porteurs de d'espoir comme le suggère la très belle pochette de l'album, gracieuse et colorée.


En définitive, si le véritable potentiel du groupe ne semble avoir été qu'entre-aperçu au travers de ces 37 petites minutes, on ne peut que saluer l'originalité du projet et sa capacité à rassembler avec cohérence et brio des genres musicaux aussi différents. Les Français posent donc avec ce superbe album la première pierre d'une carrière dont on ne peut espérer qu'une seule chose : que son ascension sera fulgurante.

Commentaires
Alexx, le 13/07/2023 à 12:20
Superbe ! Merci pour la découverte. Quel plaisir ce violon et les variations dans les voix.