Siena Root
Revelation
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1- Coincidence & Fate / 2- Professional Procrastinator / 3- No Peace / 4- Fighting Gravity / 5- Dusty Roads / 6- Winter Solstice / 7- Dalecarlia Stroll / 8- Leaving the City / 9- Little Burden / 10- Madukhauns / 11- Keeper of the Flame
Rendons à César ce qui est à César. Si en Suède, la vague revival hard-rock psychédélique inspirée des 1960’s et des 1970’s doit son essor à une formation, il semble que Siena Root mérite d’en récolter les lauriers. Le groupe porte la flamme depuis les années 1990 (et discographiquement depuis le début des années 2000) et sans lui, pas de Blues Pills, de Graveyard, d’Heavy Feather ou de The Riven. Il nous invite donc à reprendre la route de la Baltique, allégorie nordique (et orientale, si l’on suit la géographie du pays) de la côte Ouest américaine sur le plan musical, à bord d’un vieil autocar qui a tout d’un combi Volkswagen.
Leur dernier opus, The Secret of Our Time (2021), s’était essayé au Heavy prog’ et à l’esthétique de Deep Purple : Revelation revient au style initial du groupe, beaucoup plus inscrit dans le courant de la résurrection hippie.
L’album se découpe en deux parties aux directions stylistiques différentes. La première est réservée aux titres d’inspiration hard-rock, aux guitares lourdes et aux claviers analogiques qui résonnent comme des orgues. L’album commence ainsi sur le puissant "Coincidence and Fate", une ouverture extrêmement bien interprétée où les interventions acides à la guitare nous ramènent à Woodstock en évoquant Mountain, jusqu’au final planant pas très loin de Camel. Le dansant "Professional Procrastinator" ravira les amateurs de Blues Pills et le plus Heavy "No Peace" ceux de Rival Sons : on regrettera de devoir citer des groupes plus récents pour dresser des comparaisons pertinentes, preuve que Siena Root mériterait d’obtenir la reconnaissance qu’il lui est due. "Fighting Gravity", presque jazzy, est peut-être le morceau le plus entraînant de cette liste. On retrouve quelques chose de plus électriques sur le mélancolique "Keeper of the Flame" qui referme l’album, entre soul et blues avec un final détonnant.
L’autre grande direction est davantage tournée vers une esthétique folk et organique, au point de nous plonger au temps de l’attrait pour la musique hindoustanie, avec le sitar de circonstance, sur les très agréables "Leaving the City" et, plus radical dans l’approche, "Madukauns". Alors que la partie la plus électrique est très bonne tout en étant peu surprenante, les titres folks sont particulièrement réussis. "Dusty Road", aux faux airs de Chris Isaak, offre une très belle prestation de la chanteuse Zubeida Solid. Il est agrémenté d’une flûte prenante qui intervient également sur le "Winter Solstice", à peine inspiré par Jethro Tull, ainsi que sur le progressif et boisé "Dalecarlia" qui aurait pu être extrait du répertoire des groupes norvégiens comme Jordsjo. On reste sans voix à l’écoute de "Little Burden", dont la ligne mélodique semble développer une version acoustique de "Don’t Fear the Reaper" de Blue Öyster Cult.
Tient-on là le meilleur opus de Siena Root ? Après avoir été longtemps retardée à cause de la crise du vinyle, cette sortie valait bien de supporter une telle attente. Dans un genre qui peut avoir tendance à manquer d’originalité, on tient là un opus extrêmement varié aux compositions remarquables. Honneur aux pionniers de la vague revival suédoise.
À écouter : "Dusty Road", "Leaving the City", "Fighting Gravity", "Coincidence and Fate"