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Critique d'album

Radiohead


Pablo Honey


(22/02/1993 - Parlophone - Rock alternatif - Genre : Rock)
Produit par Sean Slade, Paul Kolderie

1- You / 2- Creep / 3- How Do You? / 4- Stop Whispering / 5- Thinking About You / 6- Anyone Can Play Guitar / 7- Ripcord / 8- Vegetable / 9- Prove Yourself / 10- I Can't / 11- Lurge / 12- Blow Out
Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Les débuts plus qu'honorables d’un groupe devenu mythique"
Franck, le 19/11/2020
( mots)

Que vaut réellement Pablo Honey, plus de 25 ans après sa sortie ? Pourtant amateur de Radiohead il est un fait ; Pablo Honey ne passe que très rarement sur ma platine. Et pire encore, je me rends compte que je ne connais que très peu les titres présents sur cette galette ! 


Album oublié dans l’ombre de ses colossaux successeurs, ou simplement œuvre dispensable dans la discographie du quintette d’Oxford ? Probablement les deux… Beaucoup de formations ne parviennent jamais à égaler la qualité et l’originalité du premier album ; Radiohead ne fait clairement pas partie de cette catégorie. Le groupe enchainera avec le culte mais sous-estimé The Bends, le chef d’œuvre intemporel Ok Computer et le déroutant Kid A, qui à lui seul a instauré l’expression "faire son Kid A" dans le jargon musical. A partir des années 2000, la bande à Thom Yorke est placée sur un indétrônable piédestal par la critique professionnelle. Le groupe, particulièrement imprévisible, poursuit sur sa lancée avec l’expérimental Amnesiac, le rock hybride de Hail to the Thief, puis avec le très beau In Rainbows. Radiodhead devient d’ailleurs un pionnier de la distribution alternative en balançant cette dernière réalisation en prix libre sur le net. Rock, post-prog, électro, expérimental, art-rock sont autant de termes utilisés pour qualifier leur musique… Peu importe, Radiohead peut tout se permettre. Chaque album va être analysé et décortiqué jusqu’à la moelle : tantôt chefs d’œuvre précurseurs pour les uns, tantôt albums hermétiques d’un groupe surcoté pour d’autres. Là aussi, il y a probablement un peu des deux, tant nous sommes rarement dans la demi-mesure quand il s’agit d’aborder un des opus de Radiohead… Je ne suis surement pas le mieux placé pour en juger. Je dois néanmoins bien reconnaître mon insensibilité face à l’album The King of Limbs sorti en 2011, qui reste pour moi un mystère complètement insaisissable. A noter que le leader, Thom Yorke, se lance en parallèle dans une carrière solo à partir de 2006. Cela lui permet d’assouvir ses envies de musiques électroniques avec plus ou moins de réussite. Je ne saurais que vous conseiller de vous lancer dans l’écoute de l’album The Eraser si ce n’est pas déjà fait, la suite s’avérant un peu plus dispensable. 


Je ne vais pas vous faire une analyse poussée du groupe, de nombreux reportages et articles s’en sont déjà chargés, mais cette introduction était nécessaire pour bien comprendre toute la difficulté et l’appréhension qu’il peut y avoir à chroniquer une œuvre de Radiohead. 


Il est amusant de constater que l’un des rares point de convergence du public (hormis les indéniables qualités de Ok Computer), est le désintérêt flagrant envers ce premier album sorti en 1993. De cet album est pourtant issu le tube "Creep" qui leur a apporté une visibilité internationale. Même ceux qui ne connaissent pas le groupe ont forcément déjà entendu ce titre, diffusé inlassablement sur les ondes et interprété en concert jusqu’à l’overdose. Ce titre a d’ailleurs été quasiment renié par ses géniteurs, au point d’être aux abonnés absents de leurs concerts depuis de nombreuses années. Quelle surprise ce fut alors d’entendre "Creep" au Zenith de Paris en 2016 dans le cadre de la tournée A Moon Shaped Pool !


Autre élément de contexte important, Pablo Honey est paru pendant la déferlante Grunge des années 90 et s’est heurté aux incontournables Nirvana (In Utero), The Smashing Pumpkins (Siamese Dream) ou encore Pearl Jam (Vs.). Il est donc intéressant de se replonger aujourd’hui dans cet album, libéré de ces pesantes comparaisons, tout en faisant fi de l’énorme héritage du groupe. 


A travers cette chronique, je me lance donc dans la (re)découverte de ce disque avec le recul nécessaire mais non moins sans perdre toute subjectivité.


Tout d’abord la pochette ! J’ai toujours voué une importance non négligeable aux jaquettes musicales. Celles de Radiohead sont toujours très travaillées, à la fois élégantes et mystérieuses, fourmillant de détails destinés aux yeux les plus aguerris. La pochette de Pablo Honey est quant à elle dans un style… ne tournons pas autour du pot : l’illustration est particulièrement kitch ! On imagine que le groupe a tenté de faire quelque chose de psychédélique... mais, à priori, celle-ci a plutôt inspiré l’équipe artistique des Teletubbies (désolé pour la référence). Plaisanterie à part, elle ne restera pas dans les annales du rock. 


L’album s’ouvre sur le morceau "You", considéré à juste titre par les fans comme une des meilleures chansons du groupe. On y découvre un Radiohead aux guitares saturées, une batterie déjà chirurgicale de la part de Phil Selway et des envolées vocales de Thom York dignes d’un Jeff Buckley (qui sortira d’ailleurs son unique album un an plus tard). 


Le très populaire "Creep" arrive dès la deuxième piste. Je dois avouer n’avoir jamais été amateur de ce morceau, mais il faut tout de même reconnaitre qu’il s’agit d’un véritable tour de force. Le titre est construit sur une structure relativement simple en quatre accords, avec un couplet calme. Le morceau se distingue grâce à l’inspiration de Jonny Greenwood qui vient rompre cette quiétude avec ses grattements de guitare rageux pour propulser le refrain. On y découvre également tout le potentiel vocal de Thom Yorke qui fera plus tard des merveilles sur The Bends. Il suffit d’écouter l’épouvantable reprise de Korn aux "MTV Unplugged" en 2007 pour s’en rendre compte. Par ailleurs, le texte est nettement plus léger que pour le reste de la discographie du groupe. "Creep" nous raconte les tourments d’un jeune homme n’osant pas aborder la fille dont il est amoureux. On est bien loin des textes dépressifs de "No Surprises" mais on voit déjà apparaître des thématiques récurrentes aux écrits de Thom Yorke, comme le mal-être face à la société moderne. 


Le titre "How do you ?" a la lourde tâche d’enchainer. Bien que sympathique, ce titre punk d’un peu plus de deux minutes se voit maladroitement balancé dans le tas, sans réelle cohérence. Et pour cause, il faut savoir que Pablo Honey a été enregistré particulièrement vite et qu’il est composé de chansons jouées depuis plusieurs années par le groupe. Ne cherchez donc pas de ligne directrice à travers cet opus.


On bascule ensuite sur des sonorités plus légères avec le titre "Stop Whispering" faisant penser immédiatement à U2. Le morceau, plutôt réussi, s’enlise néanmoins sur sa dernière partie dans un mur de son de guitares saturées pas forcément nécessaire. "Thinking about you" est une petite ballade pop singulière mais attachante. La voix de Thom Yorke se fait plus forcée sur le refrain. Nous sommes assez loin du niveau vocal établi au début de l’album. Simple, efficace et avec un refrain qui fait mouche, le rock de "Anyone Can Play Guitar" ravive l’intérêt de l’auditeur. Il s’agit tout simplement de la chanson la plus accessible de Radiohead, toute période confondue ! La production ne s’est d’ailleurs pas trompée en choisissant ce titre pour la promotion de Pablo Honey ("Creep" étant sorti une première fois sans succès plusieurs mois avant l’album). On enchaîne avec le riff de guitare bien trouvé de "Ripcord", morceau qui manque cependant d’un refrain impactant.


A partir de là, nous rentrons dans le ventre mou de l’album. Sans être mauvais, "Vegetable", "Prove Yourself", "I can’t" et "Lurgee" manquent cruellement d’inspiration et l’on traverse plus de douze minutes dans une relative indifférence. Plusieurs écoutes n’y feront pas grand-chose tant l’absence de fougue et de prise de risque est flagrante. 


Heureusement "Blow Out" est là pour finir sur une bonne note ! Ce titre n’a clairement pas à rougir face à ses successeurs. On y trouve une magnifique porte d’entrée de ce que Radiohead deviendra par la suite, comme si The Bends avait rencontré  Amnesiac. Thom Yorke se met au service de la musique, les autres musiciens se lâchent, et on découvre les premières expérimentations sonores de Jonny Greenwood.


Pablo Honey est un album mineur du quintette d’Oxford, ce qui n’est pas forcément péjoratif tant la discographie des Anglais est riche. Il n’en reste pas moins un disque de rock plus qu’honorable composé de fulgurances ("You" et "Blow Out"), d’un tube planétaire malgré lui ("Creep"), et de titres efficaces ("Anyone Can Play Guitar", "Stop Whispering"). Cette compilation de chansons de jeunesse, représentative d’un groupe qui se cherche encore, mérite vraiment d’être redécouverte par tout amateur de musique à guitares. On pourra néanmoins reprocher un manque d’inspiration et de prise de risque, ce qui est dommage pour un premier album….  Le groupe se voit en effet pris au piège de ses influences, sans jamais pouvoir s’en extirper et laisser émerger toute sa créativité. Pablo Honey reste toutefois un passage obligatoire pour les fans, tant il s’agit d’une étape essentielle dans la construction identitaire de Radiohead. Ayant particulièrement mal vécu le (trop) grand succès de "Creep" et n’acceptant pas d’être réduit à l’interprétation d’un seul morceau, le groupe a dû se surpasser pour sa deuxième réalisation (The Bends). La suite, vous la connaissez… 

Commentaires
Daniele, le 26/11/2020 à 23:16
Je suis impressionnée par la beauté de ta plume et ton analyse plus que pointue. J'ai hâte de lire les autres. Bravo !
Franck, le 25/11/2020 à 18:13
Merci beaucoup Diego ! Et pour la cover de Korn, j'ai dû me regarder une nouvelle fois le clip pour m'assurer que ce soit bien fidèle à mes souvenirs... et c'était encore pire! Et ces masques d'animaux complètement hors sujets... :)
Diego, le 25/11/2020 à 11:14
Chronique d'une justesse admirable :) Et puis merci de m'avoir fait marrer en évoquant l'affreux souvenir de la cover de Korn !