Plini
Mirage
Produit par
1- The Red Fox / 2- Five Days of Rain / 3- Still Life / 4- Aqua Vista / 5- Ember
Parmi la jeune génération de guitaristes qui a émergé ces dernières années, l’australien Plini Roessler-Holgate fait figure d'étoile montante incontournable, adoubé par certains guitaristes de renom, à l'instar d'un certain Steve Vai qui avait vu en lui il y a quelques années rien de moins que "l'avenir de la guitare". Pratiquant un style de jeu que l'on pourrait qualifier de "fusion" étant donné ses emprunts diversifiés au jazz-rock et au métal progressif ainsi que sa propension à jeter des ponts entre les styles musicaux pour créer une signature musicale propre, Plini délivre avec ce nouvel EP intitulé Mirage une partition qui parvient une fois encore à allier musicalité et recherche de nouveaux horizons sonores.
Comme à son habitude, le natif de Sydney livre ici un opus entièrement instrumental à la production impeccable avec un jeu effarant de technicité et de feeling, ces deux caractéristiques étant malheureusement trop rarement réunies sur un même manche. Accompagné par une section rythmique impressionnante (Simon Grove à la basse et Chris Allison à la batterie), l'Australien insuffle à chacun des 5 morceaux qui composent cet EP un fort éclectisme et une qualité de composition rarement atteinte jusqu'à présent dans sa carrière. L'ouverture "The Red Fox" est de ce point de vue absolument ébouriffante, mêlant des lignes mélodiques très pures avec des passages de shred plus complexes aux rythmiques variées et alambiquées. Plini démontre sur ce morceau qu'il est parvenu à trouver un juste équilibre entre technique stratosphérique (on ne compte plus les techniques de jeu qui s'entrecroisent, du legato fulgurant à la Guthrie Govan au sweeping supersonique en passant par l'inévitable tapping popularisé par Van Halen) et musicalité. Le titre possède d'ailleurs un élan optimiste assez irrésistible qui pousse à le réécouter sans éprouver la moindre lassitude.
Prenant sa suite directe, "Five Days of Rain" instaure lui un climat plus aérien et onirique malgré des développements riffesques proches du métal progressif. La place laissée aux autres instruments (piano et cordes en plus de la section rythmique) permet de ce point de vue de ne pas étouffer l'auditeur sous une avalanche de notes et un son trop compressé. Au contraire, la musique de Plini n'a jamais autant respiré, à l'image d'un "Aqua Vista" au phrasé mélodieux qui fait ressortir l'influence d'un de ses maîtres à jouer, Joe Satriani. De plus, pourquoi se contenter d'un surdoué de la guitare quand on peut en avoir deux ? Tosin Abasi d'Animals As Leaders vient ainsi faire une courte mais remarquée (et remarquable) apparition sur le titre "Still Life" à l'aide de sa fameuse guitare 8 cordes. Le morceau multiplie les moments de bravoure et les sonorités (faire du shred sur un luth, il faut le faire) avec de brusques changements d'ambiances provoqués par des mouvements de cordes particulièrement inspirés. Enfin, "Ember" clôture cet EP de la meilleure des manières avec une succession de plans toujours aussi inspirés au service d'une mélodie lumineuse dont l'intensité croit progressivement. Le trio réinjecte une bonne dose de feeling au cœur du morceau avec un break aux influences plus bluesy qui permet de temporiser un peu la cadence avant l’assaut final.
Plini confirme ainsi une nouvelle fois en seulement 23 minutes son immense talent et prouve qu'il constitue bien l'un des fers de lance du renouveau guitaristique initié depuis les années 2000, modernisant les techniques héritées des guitar heroes des décennies précédentes. Proposant une musique moins tarabiscotée et plus mélodieuse que d'autres surdoués de sa génération, l'Australien fait une nouvelle fois mouche avec des titres lumineux, qui dégagent malgré leur technicité un caractère très accessible et une chaleur propre à faire fuir la pâleur hivernale. Un régal.