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Critique d'album

Pink Floyd


Animals


(23/01/1977 - EMI - Prog éthéré - Genre : Rock)
Produit par Pink Floyd

1- Pigs on the Wing 1 / 2- Dogs / 3- Pigs (Three Different Ones) / 4- Sheep / 5- Pigs on the Wing 2
Note de 4.5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Le dernier album de Pink Floyd ?"
Geoffroy, le 26/03/2010
( mots)

Avec Dark Side Of The Moon, Pink Floyd a touché à l’universalité, s’est rendu accessible au commun des mortels en dévoilant un message d’une simplicité déconcertante de profondeur à travers un album d’une efficacité contrastant avec son incroyable richesse. Pas une âme dans la société occidentale n’a pu échapper au raz de marée planétaire qui l’a frappée en 1973, touchée par l’histoire de sa vie et de ses peurs. Un succès tel que les quatre mecs sortis de six années d’expérimentations plus ou moins réussies pour être canonnés ainsi n’ont pu que se poser cette question fatidique : et maintenant ?

Peu de solutions s’offrent à un groupe qui livre un album d’une telle envergure. Il peut se laisser porter par la vague de son succès, perdre foi en son rôle de musicien et mourir lentement, enchaînant les albums de piètre qualité en essayant de récréer inlassablement la même chose. Ou bien, il peut se remettre en question, mettre à mort son chef d’oeuvre, puis se révolutionner, exploiter de nouvelles idées et se transcender. Pink Floyd doit sa réussite à ce mécanisme, à sa volonté de ne jamais se reposer sur ses acquis, mais toujours chercher plus loin, jusqu’à se perdre…

Pour les puristes Pink Floyd s’est perdu après The Piper At The Gates Of Dawn et l’éviction de Syd Barrett. Les sentimentaux spontanés férus d’expérimentations s’ennuient après le Live At Pompéi, les perfectionnistes après Dark Side Of The Moon et les réalistes ne vont pas plus loin que The Wall. Je dirais que Pink Floyd est mort après Animals.    

En 1977, les acteurs du mouvement punk sont sur le point de conquérir l’Angleterre, et s’attaquent aux valeurs progressives, les accusant à tort et à travers de détruire l’essence du rock, sa spontanéité, sa simplicité et son énergie et s’acharnent sur la musique de Pink Floyd. En bon mégalo, Roger Waters n’apprécie guère la critique et se doit de faire ravaler leur bile à ces illettrés de Sex Pistols, et leur prouver que lui aussi est capable de s’attaquer au système capitaliste sans sombrer dans une médiocre épuration. Ainsi nait le concept de Animals, réponse sonore au roman Animal Farm de Georges Orwell.

 

Le monde s’était habitué à un Floyd serein et maître de ses émotions et ne s’attendait certainement pas à ça. Passée le première partie de "Pigs On The Wing", légère comptine cynique et introductive, l’auditeur plonge irrémédiablement dans l’ambiance glaciale de Animals avec "Dogs". Pas de porte d’entrée accueillante, juste la guitare acoustique de David Gilmour qui sort du silence et s’installe lentement, sans émotion devant les claviers synthétiques de Rick Wright. Terminée la nostalgie romantique et les mélodies apaisantes, le froid est mordant à vous glacer les sangs, le chemin tortueux. La voix de Gilmour se fait défaitiste, pleine de désillusion, crachant sur le sophisme des chiens au service du pouvoir. Les textures sonores ont perdu leur chaleur sous les nappes de Rick Wright, l’ambiance devenant presque malsaine sous la teneur pesante des instruments et les aboiements lointains. Les couleurs elles aussi ont changé, elles sont bien plus sombres, à l’image de la pochette, les toiles se teintent d’un rouge profond qui se dégrade, touchant peu à peu au pourpre.

Tout se dévergonde, se fait inquiétant, en est témoin la mélodie d’intro de "Pigs", ses cris porcins, et ses premiers temps de mesure agressifs. Les solos de Gilmour ont toujours cette touche bluesy autrefois planante, mais si dure désormais, ajoutant aux parties instrumentales une lourdeur renforcée par la frappe lente de Nick Mason, attendant le dernier moment pour faire claquer sa caisse claire et offrir à l’atmosphère une épaisseur palpable qui s’étale entre les couplets, trainant quelque peu en longueur faute d’un tempo pas assez poussé. Ici Waters s’attaque aux porcs qui dictent leur volonté au monde, il en devient véhément et rageur, matraque sa basse puissamment tout en restant subtil et harmonieux. Jamais il ne retrouvera cette verve dans l’écriture, cet art de symboliser sans tomber dans les clichés niais et sa voix ayant perdu les douces sonorités apaisantes de la jeunesse du Floyd, il lui donne une intensité folle et théâtrale, ponctuant ses énonciations de rires et de cris angoissants.

Peu inspiré par le concept selon ses dires, Rick Wright se contente avec brio du rôle d’interprète, utilisant les sonorités qui ont fait le succès des précédents albums et son jeu jazzy qui font des merveilles sur "Sheep" de sa fantastique intro cristalline aux terrifiantes nappes distordues du break. Dix minutes de variations de thèmes et de riffs salvateurs soutenus par un tempo solide sur lequel se développent les harmonies et les lignes de chant de Waters, superbement écrites, avec en point d’orgue la montée finale orchestrée par David Gilmour et ses accords transcendants, se laissant mourir en fondu sonore, rayonnants dans les bêlements des moutons innocents.

Achevant Animals avec la seconde partie de "Pigs On The Wing", Waters lie cet album avec le précédent, utilisant la même construction que Wish You Were Here en inversant simplement le contenu. Pour le premier, trois morceaux accessibles entre les deux parties d’une pièce complexe et pour l’autre trois longues œuvres abordant le même thème, placées entre le question-réponse de deux ballades jumelles.   
   

 

Pour la première fois Pink Floyd n’est pas synonyme d’espoir. Le soleil ne se lèvera pas après l’orage comme à l’accoutumée et nous nous réveillerons demain sous un ciel pluvieux et morose, observant par la fenêtre l’envolée d’Algie à travers les nuages, baudruche fuyant la Battersea Power Station et ses briques brunes pour ne pas assister au mur qui se dressera entre ses créateurs. Quel meilleur symbole pour la mort d’un groupe qui aura connu dix années de grandeur, de beauté et de révolutions et qui sans le savoir apporte une conclusion magistrale de pessimisme à une œuvre qui s‘était toujours voulu chaleureuse et rassurante. Plus d’éclaircie après la tempête, seulement un brouillard grisâtre qui ne se crèvera plus comme il le fit avec "A Saucerful Of Secrets" et "Echoes".   

Une fois le son Pink Floyd accompli, après Meddle, l’expérience Pompéi, il fallait des directives pour canaliser toutes ces idées, les faire aller dans un même sens et ainsi pousser les choses encore plus loin. Rester dans le vague, dans la suggestion, laisser à l’auditeur sa propre interprétation des textes et de la musique comme le groupe avait toujours su le faire était le meilleur choix à suivre. Apportant les concepts de Dark Side Of The Moon, de Wish You Were Here et de Animals, Roger Waters y est parvenu un temps. Malheureusement avec les thèmes abordés dans ce dernier, il prend une direction et une assurance dans laquelle aucun de ses comparses ne le suivra, creusant définitivement le fossé entre eux et faisant ainsi que durant les dix-sept années qui suivront, les rares perles notables de Pink Floyd se cantonneront à trois pistes sur la face C de The Wall et à l’ultime moment de grâce de The Division Bell.  

Non pas que le concept album de Waters soit mauvais, mais il est l’antithèse de la liberté qui caractérisait la musique de Pink Floyd. Au fil des écoutes et à l’aide d’une maturité grandissante, il se révèle débordant de clichés et sombre dans un pathétisme ennuyeux suintant les complexes de son auteur face à la guerre et l‘aliénation. Il ne laisse plus la moindre place à l‘interprétation sous la dictature imposée par le bassiste mégalo devenu pompeux et prétentieux. Une œuvre colossale et grandiloquente certes, mais qui sonne creux et coupe les ailes de Gilmour, Mason et Wright qui, s’ils ont bien participé à l’album, n’avaient pas grand-chose à dire puisque The Wall n’est pas le dernier témoignage de Pink Floyd au grand complet, mais bel et bien le premier album solo de Roger Waters.

Commentaires
Pink_Syd, le 08/04/2022 à 16:07
Quel album qui frappe. Mais bon dieu que sa Frappe, comme un aurevoir, s'en est toute qu'un.
Sisyphus, le 08/10/2018 à 18:43
Animals est le dernier album valable de Pink Floyd. à partir de The Wall ça part en vrille et ça sonne déjà comme du Waters en solo. "Sheep" est le meilleur morceau de l'album.
Reset, le 07/06/2018 à 23:56
J’ai toujours senti cet album comme participant à une parenthèse-Waters (Wish You Were Here, Animals, The Wall, The Final Cut) en réaction à un nouveau souffle plus pop de Gilmour (Meddle et Obscured by Clouds). The Dark Side Of The Moon faisant une espèce d’articulation entre ces deux périodes du groupe. Mais j’aurais toujours ce sentiment triste que sans Syd, le groupe soit un laboratoire trop petit pour que Gilmour et Waters travaillent ensemble.
Agaetis, le 23/03/2017 à 22:53
Un des meilleurs ! Tout l'album est résolument tournée autour de David et de ses guitares aux sons impressionnants et insolents ! Très bonne critique de l'album qui est certainement le dernier du "grand" Floyd ... quoique Division Bell, avec le temps, gagne en épaisseur ...
SylvainFoulquier, le 23/03/2017 à 12:44
"Dogs" est indiscutablement le meilleur morceau de l'album, en particulier grâce à ses solos de guitare puissants, torturés et lyriques. C'est David Gilmour qui a composé toute la musique de cette chanson de 17 minutes, mais curieusement il ne l'a jamais rejouée en live lors de ses tournées en solo (ni lors des tournées Pink Floyd des années 80 et 90), alors que Roger Waters l'a reprise dans certains de ses concerts en solo. La deuxième face du disque ("Pigs" et "Sheep") est nettement moins inspirée.
Foulquier, le 06/09/2016 à 15:05
On peut difficilement prétendre que "The Wall" ne contient que de rares perles sur la face C : on peut facilement citer huit ou neuf morceaux du disque qui sont des classiques ! En ce qui concerne "Animals", je le trouve (et beaucoup partagent mon avis) assez peu enthousiasmant. Malgré la poignante ballade "Pings on the wing" de Waters qui ouvre et clôt le disque et surtout les solos de guitare vertigineux de Gilmour dans "Dogs", l'ensemble reste un peu glacé et flippant, comme un mauvais trip qu'on préfère oublier.