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Critique d'album

Paramore


Brand New Eyes


(29/09/2009 - Fueled By Ramen - pop punk / emo - Genre : Rock)
Produit par

1- Careful / 2- Ignorance / 3- Playing God / 4- Brick by Boring Brick / 5- Turn It Off / 6- The Only Exception / 7- Feeling Sorry / 8- Looking Up / 9- Where the Lines Overlap / 10- Misguided Ghosts / 11- All I Wanted
Note de 3.5/5
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Note de 2.5/5 pour cet album
"Le haut du panier en matière d'emo / pop punk. Avec une jolie donzelle en sus."
Nicolas, le 08/12/2009
( mots)

Il y a certains jours comme ça, où on se lève le matin avec une question existentielle dans le coin de la caboche. Tenez, par exemple : qu'est-ce qui peut bien nous pousser à nous intéresser à un groupe ou à un album de rock en particulier ? Vaste sujet, en vérité. Évidemment, l'attrait sonore est souvent la raison principale de l'attention portée, mais il y a souvent plus que cela. Car qu'on le veuille ou non, la musique contemporaine en général (et le rock en particulier) relève(nt) d'un business savamment orchestré, dans lequel tous les détails ont leur importance pour accrocher l'auditeur et surtout pour écouler des objets musicaux par pelletées de douze. Or, comme l'esprit est prompt mais que la chair est faible, vous pardonnerez aisément au rédacteur de ces lignes de s'être entiché des jeunes Paramore, non pas en raison de leur teenage rock énergétique, mais à cause de leur chanteuse, la mignonne Hayley Williams.

D'ailleurs, en cherchant bien dans les archives du site, vous ne serez pas étonnés de constater que la toute première critique de l'auteur en question n'était autre qu'un album d'Avril Lavigne. "Ben voyons", arguerez-vous, "et pourquoi pas chroniquer du Britney Spears, tant qu'à faire ?" N'en jetez plus, s'il vous plaît. Certes, l'affaire s'avère des plus futiles, mais reconnaissez au moins que les deux demoiselles (Avril et Hayley) flattent agréablement le cristallin. Dès lors, la suite de cette histoire vous étonnera peut-être un peu moins. Après une première prise de contact avec la jeune américaine dans un magazine people musical feuilleté à la sauvette chez un buraliste, après la découverte de son joli minois, de ses yeux de biche pétillants de malice, de son sourire mutin et de sa rousse crinière, l'escalade s'avérait inévitable. C'est alors que l'auteur s'est empressé de débusquer une vidéo, à savoir le clip très rentre-dedans de "Misery Business", et qu'il a pris note avec un plaisir non dissimulé que la voix de la demoiselle en question flanquerait des complexes à nombre de poulettes qui osent frotter leurs cordes vocales à des guitares électriques. Mieux : comme constaté au cours d'une émission télévisée, la belle ne s'effondre pas en live. Bien au contraire, même, et ce n'est pas miss Lavigne et ses prestations scéniques épouvantables qui pourraient en dire autant. Bref, la sentence du chroniqueur finit par tomber telle un couperet tranchant dans le lard des idées reçues : elle assure grave, la cocotte.

Et puis, subrepticement, l'intérêt un rien grivois du chroniqueur pour cette pretty woman moderne se muta en une certaine perplexité. Parce que, derrière la (jolie) façade de mademoiselle Williams, il faut savoir que Paramore est en train de causer un véritable carnage dans les rangs de nos chers adolescents. Pas forcément en France, du moins pas pour le moment, mais le phénomène en est déjà à un stade très avancé en Angleterre, patrie rock par excellence où le combo a déjà réussi à écouler suffisamment de places de concert pour remplir une bonne dizaine de stades, et ce avec trois bons mois d'avance. De plus, certains détails en apparence anodins doivent immanquablement attirer l'attention. Par exemple, le groupe a été choisi pour figurer sur la bande originale du premier épisode de la saga horrifico-romantico-niaise du moment, l'inénarrable Twilight, avec pas moins de deux morceaux dans la playlist ("Decode" et "I Caught Myself"). Autre élément symptomatique : Paramore a intégré le casting de Guitar Hero World Tour avec le titre "Misery Business", alors que l'avatar de Hailey Williams a pu y être vu en train de se trémousser sur du Lynyrd Skynyrd bien avant que celui de Kurt Cobain n'y entonne du Bon Jovi à pleins poumons. Un véritable exploit au bout de seulement deux albums. Dès lors, le chroniqueur curieux (et ayant gardé, au fond de lui, un peu de sa candeur adolescente) se dit que, finalement, il y a peut être autre chose qu'une jolie chanteuse à retirer de ce groupe. Alors, tant qu'à faire, autant aller au fond des choses et se risquer à jeter une oreille à Brand New Eyes, troisième album du combo qui a, comme par hasard, bousculé les charts anglais et australiens il y a de cela quelques semaines. Après tout, l'activité ne se révélera pas forcément plus indigente que l'enquillement successif des derniers opus de Good Charlotte et de Funeral For A Friend, au choix parmi les déchets qui pullulent actuellement sur les étalages de nos disquaires.

Le choix des deux groupes-poubelles énoncés ci-dessus n'a évidemment pas été fait à la légère. En effet, Paramore a le culot d'afficher crânement la double étiquette la plus casse-gueule qui soit, à savoir à la fois "émo" et "pop punk". "Avec ça", se dit le chroniqueur avec une petite lueur perverse au coin de l'iris, "le papier sur l'album va très vite virer au jeu de massacre". Affûtant déjà ses machettes préférées avec une délectation non feinte, l'homme s'envoya sans plus attendre le premier single de la galette, tout impatient qu'il était de régler violemment son compte à cette bande de freluquets. Et tandis que les notes de musiques véloces s'acheminaient jusqu'à son encéphale à peine remis d'une soirée un peu trop arrosée de la veille, le sourire goguenard qu'il affichait se figea en un rictus indéfinissable avant de faire à place à une moue stupéfaite. Et de fait, "Ignorance" se révèle d'une efficacité absolument redoutable, nimbé dans ses riffs trépidants et arborant ses ponts mélodiques enchaînés avec fierté. C'est à ce moment précis que l'homme remarqua enfin que, derrière la frimousse de la remuante frontwoman, il y avait aussi des instrumentistes. "Boarf, pas de quoi crier au génie non plus", pensa-t-il d'un air distrait en tapottant négligemment des doigts sur son verre de paracetamol effervescent. Pour faire court, le jeu de guitare typé punk-hardcore-FM masque d'évidentes lacunes techniques derrière des riffs abrasifs et déchiquetés, mais le tout se retrouve pourtant parfaitement mis en valeur par une batterie débridée qui aime à assaisonner son répertoire de rafales de semi-automatique incessantes (fait particulièrement marquant sur le morceau précédent, "Careful"). Appréciant visiblement plus qu'il ne l'aurait imaginé un début d'album au taquet, le chroniqueur se surprit à dodeliner imperceptiblement de la tête en esquissant une ébauche de sourire guilleret. Se pourrait-il, oui, se pourrait-il qu'il aime ça ? Frissonnant à l'idée de cette sensation presque surréaliste, il décida de poursuivre son exploration avec moins de méfiance.

Au final, après quelques semaines passées en compagnie de Haley et les garçons, le chroniqueur ne niera pas avoir retiré un certain plaisir de cette écoute. C'est que les petits jeunes savent y faire, mine de rien, et surtout qu'ils ont compris les erreurs à ne pas commettre pour tomber dans les stéréotypes de leur genre. Ainsi, les Paramore évitent allègrement les textes larmoyants et stupides de leurs concurrents ; ils n'essayent pas d'en faire des tonnes en rajoutant des couches et des couches de riffs et de voix ; et surtout ils arrivent à varier assez agréablement leur jeu d'un morceau à l'autre. Si le combo se révèle assez doué dans les rushs ventre à terre à haute teneur énergétique ("Ignorance" donc, sacré morceau, mais aussi le très réussi "Brick By Boring Brick" ou encore le plus convenu "Where The Lines Overlap"), il n'est pas non plus ridicule dans les balades plus posées, que ce soit dans un style lavignesque à la limite du plagiat ("The Only Exception") ou dans un rendu acoustique plus subtil ("Misguided Ghosts"). A noter également le conclusif "All I Wanted" qui démarre en douceur pour se terminer sous un déluge de voix et de guitares, pas désagréable du tout. On oubliera par contre le morceau rajouté issu de la BO de Twilight, tellement ce "Decode" flirte avec les côtés lyriques et poussifs d' Evanescence. Evidemment, l'ensemble reste sur-produit et calibré au possible (Rob Cavallo, producteur quasi-attitré de Green Day, a fait un sacré bon boulot sur cette galette), et il est clair que les morceaux non cités dans ces lignes ne risquent pas de passer à la postérité. Malgré tout, quitte à ce que les plus jeunes d'entre nous s'essayent à du pop punk ou à de l'emo, autant les orienter vers Paramore : au moins, ils en retireront peut-être un petit quelque chose. Au fait, les demoiselles reverront avantageusement la notation de l'album avec un demi point en moins... Eh oui, en matière de musique comme de sentiments, les hormones ne sont jamais bien loin.

Epilogue : après avoir rangé Brand New Eyes sur son étagère à CD, le chroniqueur, pas si déconfit qu'il l'aurait cru au premier abord, alla jeter un oeil à la liste des albums qu'il s'était juré d'écouter dans les semaines à venir. "Hum, intéressant", pensa-t-il en son fort intérieur en lisant les noms de Eagles Of Death Metal, Them Crooked Vultures, Wolfmother ou encore The Parlor Mob. Il essaya de se remémorer une fois encore l'adorable minois de miss Williams, puis chassa bien vite cette image charmante de son subconscient. Il était en effet grand temps pour lui de revenir au rock, au vrai, ce qui, finalement, n'était pas pour lui déplaire.

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