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Critique d'album

Om


Pilgrimage


(02/10/2007 - Southern Lord - Stoner / Doom religieux et tra - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Pilgrimage / 2- Unitive Knowledge Of The Godhead / 3- Bhima's Theme / 4- Pilgrimage (reprise)
Note de 5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Drum & bass blanc et pur. Patience est mère de vertu. La récompense est grande. "
Geoffroy, le 11/07/2012
( mots)

Remonter la source.

Qui prononce aujourd’hui le terme de drum & bass en soirée se retrouve confronté à un rituel fabuleux d’approbation suivi d’un empressement frénétique de la personne sollicitée vers la source musicale - si celle-ci est numérique puisque même si ce mouvement électro atteint son point d’orgue en nos temps actuels, personne n’en achète les disques. Soyons honnêtes, je devrais pourtant y être habitué, m’être résigné mais je me fais avoir à chaque fois, rêvant peut être toujours de tomber sur la personne candide qui au moins poserait cette question innocente et oubliée: « drum & bass ? C’est quoi, un duo basse batterie ? ». Mais oui très chère ! Merci infiniment ! 

Je me retrouve aujourd’hui à encenser des choses que le monde comprend de travers, un nom clair pourtant obstrué et récupéré par des machinistes sans vergogne et sans la moindre envie de rétribution. Parce qu’il fallait en avoir des idées riches et des belles envies de non-gloire pour envoyer paître le sacro-saint instrument guitaristique, celui qui fait tomber les jupettes et juter les convoitises, et pas seulement l’envie de faire se trémousser les hanches. Il ne suffit pas de balancer un beat et de grosses rondeurs électroniques pour atteindre la puissance transcendantale d’un duo certes primaire mais touchant aux grâces avec ce qu’il manquera toujours aux ordinateurs: toucher sensible, nuances infinies et de l’âme à revendre. Ouais je suis rabat-joie, mais la messe est dite.


S’offrir l’Eden.

La raison de cet affront ? Lequel de ces duos pourrait être assez magistral pour mériter un tel soulèvement ? Deux lettres. Om. Aucun de ces groupes entichés de spiritualité qui peuplent les limbes depuis les seventies n’avait mis la main dessus avant le duo Cisneros / Hiakus. Peur de ne pas être à la hauteur de la syllabe universelle, de ne pas faire honneur à l’embrassement de toute chose ou peut être simplement trop forte crainte de tomber dans le cliché mortel à défaut du pêché. Mais quand la formule est primitive et élémentaire à ce point, débarrassée de toute superficialité évidente allant justement jusqu’à bafouer les six cordes sacrées pour se libérer du carcan rock, que personne ne s’attende à la révolution, on vous aura prévenu. Pilgrimage c’est l’évidence même, une trentaine de minutes vaporeuses de basse boursouflée ronronnant le long du fil d’Ariane ultime, la ride étincelante de Chris Hiakus, batteur céleste devant l’Eternel.

Le schisme s’est opéré chez Sleep en 1998. Matt Pike part écluser ses bières dans High On Fire tandis que sa section rythmique décide de se chauffer une place bien agréable dans l’Eden sonore à coups de lignes brulantes de fuzz et de cette voix blanche, envolée et monocorde, qui n’est pas ici pour chanter quelconque louange mais pour appeler. Oui, appeler à l’oubli, yeux clos et bouche béante, béat de ferveur dans cet espace gigantesque qui vibre à l’unisson avec tes tripes, pas comme un coup de poing ravageur de fréquences au dessous de la ceinture, non, mais comme une fièvre cérémoniale, lourde de chaleur claire et d‘abandon. All hail Steve Albini. On pourrait prendre peur avec ce "Pilgrimage" un peu linéaire qui semble ne jamais vouloir décoller, mais se retrouver à penser cette musique dans l‘écoute et attendre le moment fatidique, c’est déjà se gourer. Patience est mère de vertu. La récompense est grande. 


Solitude is bliss.

Bien entendu, si une poignée de mecs va trouver ça terrible de s’enfermer dans sa piaule avec un pote et s’envoyer ça à fond avec de l‘herbe à gogo, le reste du monde va se demander en toute franchise comment arriver à quelque chose d’aussi chiant avec si peu de repères - et sans herbe. C’est là qu’intervient la reine de toute recherche spirituelle et de méditation, majestueuse solitude. Car les boucles et le groove hypnotiques de Om ne révèleront leur vertu qu’à ceux qui s’y livreront corps et âme, sans partage, laissant ceux qui ne peuvent s’y ouvrir dans l’incompréhension. Quant à ceux qui ne croient pas au degré spirituel d'une formation dérivée du rock, qu'ils gaspillent les heures à entretenir leur ulcère. 

Car pour toi qui sera branché à ton casque au pieu avant la nuit, Al Cisnero et Chris Hiakus te mèneront aux confins de la transe instrumentale, chaque détail se fondant à tel point en toi que tu t’éveilleras le lendemain en sueur et la bouche asséchée récitant encore ces mantras sans décrocher et ne demandant qu’une seule et simple chose dans ta morne journée, la petite demi-heure de liberté qui te permettra d’y retourner. 

« Bir Akeim. Salutes the Godhead. Vigilance. Lazarus. »
 
 
 
 


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