↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

Oldelaf


Le Monde Est Beau


(17/10/2011 - Roy Music/Universal - - Genre : Chanson / Folk)
Produit par

1- Le Monde Est Beau / 2- Sparadrap / 3- La Tristitude / 4- Courseulles-Sur-Mer / 5- Danse / 6- Les Filles Qui s'Appellent Valérie / 7- Vendredi / 8- Les Mains Froides / 9- La Jardinière De Légumes / 10- J'ai Chaud / 11- Nancy / 12- Le Testament
Note de 3/5
Vous aussi, notez cet album ! (62 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 1.0/5 pour cet album
"Ou comment la variété française actuelle se fout vraiment de nous."
Pierre D, le 18/10/2011
( mots)

Voilà exactement le genre de musique que j'espérais ne jamais voir arriver jusqu'à moi. L'album d'Oldelaf n'est peut-être pas foncièrement mauvais mais la musique jouée correspond à tout ce que je peux haïr dans la variété française de ces dix dernières années. Puisqu'il est évident que je ne peux pas me désister et renoncer à le chroniquer, la descente en flammes pourrait être de mise.

Le Monde Est Beau est symptomatique d'une tendance dans la musique française qui se révèle parfaitement détestable, à savoir l'absence d'ambition mêlée à la systématisation du gimmick humoristique qui justifierait ou excuserait la médiocrité musicale. Le pire exemple en est bien entendu Vincent Delerm qui, lorsqu'il est arrivé avec ses chansons à humour à destination exclusive des professeurs auditeurs de France Inter, a expliqué musicalement son absence de talent et de voix par un humour consistant à jouer du fait qu'il ne savait ni chanter ni composer et à en faire un argument de vente. Il paraît pourtant simple d'affirmer que lorsqu'on ne sait ni chanter ni composer... on ne fait pas de musique. Oldelaf est un autre exemple de cette ligne de conduite actuelle des musiciens français qui consiste à sans cesse sembler s'excuser de faire de la musique.

Pour des gens comme Alain Bashung, Serge Gainsbourg ou Gérard Manset, le complexe d'infériorité vis-à-vis des groupes anglo-saxons, lorsqu'il s'agissait de réaliser un mariage entre les rythmes du rock n' roll et les textes en français, les poussait à chercher des formes littéraires nouvelles pour permettre cet alliage contre-nature, transcender ses propres faiblesses pour parvenir à quelque chose d'inédit. Le résultat n'était pas toujours à la hauteur des ambitions mais ils avaient le mérite d'essayer et de parfois réussir. Entendons-nous bien, Oldelaf ne joue pas de rock mais il illustre la tendance pré-citée en ce que son art est dénué d'ambition. Si une frange conséquente du cinéma français actuel affectionne le traitement plat et insipide de sujets tournant autour du thème "les petites choses de la vie", Oldelaf en est le pendant musical.

Prenons le premier titre "Le Monde Est Beau". Le thème abordé est la manière dont les nouvelles technologies et outils, en l'occurrence Facebook, transforment les relations entre les gens. Ce sujet fait partie des "petites choses de la vie" en question, il est donc susceptible de parler à un nombre assez important de personnes. En quoi cela justifie-t-il un traitement musical aussi peu ambitieux ? L'ambition en question consisterait d'abord à composer un thème musical valable, une suite de notes et d'accords qui puisse résonner dans les tripes de l'auditeur. Or le rythme du titre en question est absolument plat car il joue sur un ton enjoué bal musette qui sonne faux, couplé à un texte qui se veut lucide sur les réseaux sociaux ("Antoine, Sophie, Paul et les autres/Ses meilleurs amis, où qu'ils soient/Les siens et peut-être les nôtres/Qui souvent ne se connaissent pas").

Le problème est le même sur "La Tristitude" (pas de mélodie, pas de rythme), auquel s'ajoute la deuxième tare de la musique française évoquée plus haut, à savoir la systématisation du gimmick humoristique ("La tristitude/C'est quand t'es choisi pour être gardien au handball/C'est quand t'es dans la Mercos de la Princesse de Galles/Quand sam'di soir c'est ta fille qui joue sur Canal/Et ça fait chier"). La tendance est au coup de coude entendu qui dit "eh, c'est d'la daube mais t'inquiète c'est que d'la déconne", un coup de coude qui est sensé suffire à excuser ou justifier le fait que la chanson est simplement mauvaise. Il s'agit là d'une croyance erronée en l'adéquation à tout prix entre la forme et le fond. Évoquer un "petit" sujet en chanson devrait se faire par un traitement musical léger et vaguement humoristique. Eh bien non ! Choisir de parler des petites choses de la vie n'implique pas nécessairement un traitement musical paresseux sous couvert d'humour au ras-des-pâquerettes ! Il ne suffit pas de chanter façon impliquée-exagérée-second degré ("C'est un peu de détresse dans le creux de nos bras" avec imitation de Claude François, la grosse marade) pour effacer la mauvaise qualité de sa propre chanson. Choisir un sujet pas sérieux (quoique cela puisse se discuter) n'empêche pas de le traiter sérieusement lorsqu'il s'agit de le mettre en musique. L'humour n'a pas à être un cache-misère utilisé pour justifier qu'on n'ait pas réussi à trouver une mélodie valable avec un couplet enchanteur et un refrain sublime. Il n'y a qu'à écouter "Tonight's The Night" par The Shirelles qui traite de la perte de la virginité féminine, il s'agit là d'un sujet trivial traité de manière presque grandiloquente avec pour résultat une chanson immortelle.

On veut bien croire qu'il soit ardu d'écrire une chanson immortelle tous les jours, mais ne pas daigner essayer c'est pitoyable. À quoi bon se prétendre musicien si on n'a pas l'ambition d'écrire des thèmes musicaux qui, peut-être, traverseront les années et les siècles. Quand on décide de composer une chanson on doit avoir en tête d'écrire la plus grande musique possible, sinon ce n'est pas la peine d'essayer. Et à l'évidence Oldelaf n'essaie même pas, pour preuve "Les Mains Froides" où l'on ne trouve aucune recherche dans les sonorités au niveau des paroles, aucun effort n'est visible pour faire chanter la langue française, Oldelaf se contente de plaquer ses paroles aux sonorités hideuses sur une mélodie minable car sans construction aucune, comme si les notes étaient jouées les unes à la suite des autres au p'tit bonheur la chance. Désolé mais ce n'est pas ça de la musique. Même son de cloche pour "Les Filles Qui s'Appellent Valérie", titre qui joue sur un simili-swing facile. Il faut arrêter de croire qu'en singeant une certaine idée du rythme jazzy on peut devenir Boris Vian. Sur "J'ai Chaud" on touche le fond. Que Philippe Katerine fasse de la musique est déjà un crime en soi mais que des gens cherchent à l'imiter cela relève de la Cour Pénale Internationale !

Si tout cela est problématique (manque de travail dans les compositions, gimmicks humoristiques) c'est parce que cela implique un nivellement vers le bas. À partir du moment où Oldelaf décide de ne pas composer de chanson digne de ce nom et de masquer cette incompétence (voulue ?) derrière un humour (?) systématique l'émotion ne peut jamais naître chez l'auditeur. La personne de bonne volonté qui tente de passer outre ces gimmicks pour trouver une chanson à même de la toucher, comme aurait pu le faire le titre "Danse" (sans doute le moins mauvais de l'album), voit sa tentative désamorcée par le ricanement permanent du compositeur qui semble lui rappeler qu'il déconne. Il en résulte que ni les traitement humoristiques ni les essais de traitement sérieux n'atteignent leur but. Ils n'arrivent à faire naître que des sensations de tristesse bas de gamme ou de joie au rabais. À force de vouloir se dédouaner de toute velléité émotionnelle la musique d'Oldelaf ne suscite que l'apathie.  

Sans doute cet album n'était-il pas fait pour moi. Sans doute son public pourra-t-il lui trouver de réelles qualités auxquelles j'ai été insensible. Pourtant même sans cela il demeure une sale impression d'arnaque et de mépris, comme si les thèmes abordés et les personnes qui y seraient sensibles ne méritaient pas quelques efforts. Ne pas se prendre au sérieux est une chose, ne pas prendre son art/travail, et par extension son public, au sérieux en est une autre.

Si vous aimez Le Monde Est Beau, vous aimerez ...
Commentaires
pourkoi, le 21/03/2016 à 12:54
prenez donc cette musique comme elle est, puisque vous ne voyez pas plus loin que votre 1er degré, et le simple fait de dire que cette musique n'est pas pour vous aurait du vous inciter à ne pas la chroniquer. je ne vais pas voir des films avec Jenifer Aniston ou ecouter de l'opera car ce n'est pas pour moi. Pour autant, je ne me permet pas de dire que ces films ou ces pièces d'opéra sont fades et sans saveurs.