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Critique d'album

Napoleon


Newborn Mind


(27/05/2016 - Basick Records - Djent - Core - Prog - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Dystopia / 2- Newborn Mind / 3- Different Skin / 4- Brought Here To Suffer / 5- Afterlife / 6- Maps / 7- Of Jams, Smokes & Promises / 8- Stargazer / 9- Remedy / 10- Utopia
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"La marche de l'Empereur"
Etienne, le 02/07/2016
( mots)

Les Anglais ont décidément le sens de la provocation en ce moment. Dans les urnes et dans les stades, ça tout le monde le sait et il est inutile de revenir là-dessus. Mais nos voisins d'outre-Manche n'en manquent décidément pas une quand il s'agit de nous titiller sur nos historiques rivalités. Car voilà qu'un jeune groupe d'Exeter décide de s'appeler Napoleon. Napoleon... Le corse au bicorne doit se retourner dans sa tombe. Il faut quand même admettre que c'est plutôt drôle au vu du chauvinisme exacerbé du peuple britannique, surtout vis-à-vis de nous autres, pauvres grenouilles.


Remonté et piqué dans sa fierté, il aurait été facile de trouver tous les défauts du monde au jeune quatuor britannique. Et même si les extraits parvenus de ce premier album démontraient un grande maîtrise du style djent, il n'était absolument pas question d'en dire le moindre bien. L'honneur de la Nation est en jeu, non mais. Imaginez-un peu: les Anglais se foutent de notre gueule et en plus le font bien. Attendez un peu. Comment ça, c'est le cas ?


Napoleon réussit en effet un petit tour de force. Le djent, ce genre opulent mêlant les codes de la musique progressive et des inspirations hardcore - évoqué dans notre récent podcast - trouve depuis quelques années un véritable écho outre-Atlantique avec des groupes comme Veil Of Maya ou Periphery, mais également outre-Manche avec TesseracT. Basé sur des constructions alambiquées et un jeu dissonant - parfois à la limite du supportable, le djent se veut l'apanage d'une nouvelle génération peu pratiquante de metal pur et dur - thrash, death, black etc - et qui va chercher ses principales influences dans la scène punk et hardcore. Il est donc peu étonnant de voir les formations de ce genre fleurir abondamment et de cette dynamique émerger des formations parfaitement anecdotiques comme d'excellentes révélations. Et c'est bien à cette dernière catégorie que Napoleon appartient.


Signé chez Basick Records, label britannique spécialisé dans le metal progressif, Napoleon profite de l'émulation ambiante pour travailler finement à l'achèvement de Newborn Mind. Après avoir changé de chanteur, le jeune groupe peaufine chaque arrangement, chaque riff, chaque mélodie pour mieux sortir du lot. Car il y a de la concurrence au sein de la filière djent qui s'apparente vite à une voie de garage si l'on ne fait pas preuve d'un minimum d'originalité. Même au sein de son propre label, Napoleon peut voir l'arrivée des jeunes loups de Foes ou encore Circles, qui viennent chacun de sortir leur nouvel album, d'un mauvais oeil. Surtout que tous ces groupes évoluent dans la même cour et qu'il semble à priori bien difficile de faire sa place. Mais c'est oublié que Napoleon est un conquérant.


Un conquérant qui envoie la cavalerie au front d'emblée et sans ménagement. Le cor sonne la charge le temps d'un court "Dystopia" parfaitement indiqué pour lancer les hostilités avec ses guitares étouffées et syncopées rugissantes. Arrivée à vitesse maximale, Napoleon étale brillamment sa technique et son savoir-faire: le chant alterne des parties hurlées viscérales ("Newborn Mind", "Brought Here To Suffer") et des mélodies claires remarquables ("Utopia", "Afterlife"), jouant de cette dualité comme on piégerait un ennemi. Désormais au contact, les anglais jouissent d'armes redoutables: des riffs aériens volant telle une nuée de flèches au moment où basse et batterie canonnent sans retenue avec lourdeur et agressivité. Remonté à bloc, Napoleon ne cesse de pilonner les lignes adverses à grands coups de refrains surpuissants et de couplets alambiquées, presque bordéliques, où Sam Osborn déroule ses gammes avec une aisance déconcertante ("Newborn Mind", "Remedy"). Mais en fin stratège qu'il est, Napoleon juxtapose sa force primaire avec un équilibre instrumental et musical fin et étonnant. Presque inattendu.


Après avoir assommé leurs détracteurs, les anglais se recentrent et dévoilent des qualités insoupçonnées. Au milieu de ce qui pourrait sembler un album tout à fait classique de djent, Napoleon préfère la finesse de l'équilibre sonore à la corpulence de multiples couches de guitares. Le travail d'arpèges onduleux et ouatés ("Afterlife", "Stargazer") qui rappelle parfois - aussi étonnant que ça puisse paraître - le Daft Punk de "Digital Love" ("Maps") enfume l'ennemi comme une diversion malicieuse pour mieux adresser le coup fatal. Car les références de Napoleon vont plus chercher dans le metalcore de Bristol (Architects) comme dans le punk le plus dynamique, en atteste un excellent "Of Jams, Smokes & Promises" buriné vigoureusement. Avec une batterie supersonique sur laquelle se posent des basses et des accords détonants, les anglais font preuve d'un incroyable sens du groove, tout en reprises de rythmes et mélodies ondoyantes, qui octroient à Newborn Mind un relief élégant. Toujours juste dans sa puissance et mesuré dans sa hargne, le groupe a su terrasser son coriace opposant en évoluant habilement et en frappant intelligemment. Le plus dur des métaux, dans un écrin de velours.


Napoleon est sans aucun doute l'une des révélations de cette première moitié d'année. Audacieux, le quatuor se révèle et pourrait bien être l'un des nouveaux fleurons d'une scène en plein essor. Même si l'on peut craindre de la transposition sur scène avec un seul guitariste, l'empereur est définitivement en marche. A quand le sacre ?


Chansons conseillées: "Newborn Mind", "Afterlife" et "Of Jams, Smokes & Promises".

Commentaires
Hugo, le 06/07/2016 à 18:58
Je suis très content de cette découverte !