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Critique d'album

Napalm Death


Apex Predator - Easy Meat


(24/01/2015 - Century Media - Grindcore / Death - Genre : Hard / Métal)
Produit par Russ Russell

1- Apex Predator Easy Meat / 2- Smash A Single Digit / 3- Metaphorically Screw You / 4- How To Years Condemn / 5- Stubborn Stains / 6- Timeless Flogging / 7- Dear Slum Landlord... / 8- Cesspits / 9- Bloodless Coup / 10- Beyond The Pale / 11- Stunt Your Growth / 12- Hierarchies / 13- One-Eyed / 14- Adversarial Copulating Snakes
Note de /5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"L'odeur du Napalm au petit matin : tripant"
Etienne, le 15/07/2015
( mots)

Une oeuvre d’art a-t-elle toujours un sens ? Une telle interrogation frise le sujet vicieux à l’épreuve de philosophie au baccalauréat 2015. Ce dernier opus de Napalm Death, est-ce de l’art ? Autant l’annoncer dès le départ : les britanniques, fondateurs du metal dit extrême, ne servent pas dans la demi-mesure et leurs compositions ne peuvent trouver grâce aux oreilles non initiées. Surtout avec Apex Predator - Easy Meat, qui pulvérise les limites de la violence sonore, les frontières de l’audibilité, les seuils de la réussite mélodique. Ce dernier effort triomphe même en se hissant au dessus de son prédécesseur, l’excellent Utilitarian sorti en 2012, en terme de cohésion et d’équilibre musicaux. La palette technique impressionnante du groupe ainsi que sa perpétuelle remise en question musicale font de Napalm Death une formation majeure qui ne cesse d'étonner, d'inventer, de martyriser et surtout de renvoyer la jeune et fade concurrence à ses cours de solfège. Les maitres ce sont eux et ils sont bien décidés à le prouver une fois encore.


Après cet avant-propos élogieux et nécessaire, certains oseront l’expérience Napalm Death, les autres, à la lecture du mot « metal extrême », auront déjà restauré la page précédente. Les peureux peuvent retourner se trémousser sur la dernière mièvrerie signée Maroon 5, aux courageux un seul mot d’ordre: attachez-vous, l’apocalypse, c’est maintenant.


Avec son artwork morbide, ce nouvel album se promet engagé dans une violence décuplée par une production dynamitant chaque note, chaque cri, chaque seconde de ce déferlement sonore incessant. Aucun répit ne sera toléré durant les quatorze chansons proposées dans cet Apex Predator Easy Meat tonitruant, qui écrase de toute sa puissance les trompes d'Eustache d'un auditeur hagard, à l'exception des voix caverneuses émanant de l'introduction éponyme, aussi inquiétantes que ses tambours des profondeurs initiant le violent rituel de près de quarante minutes qui suivra. C'est une violence musicale, picturale, lyrique voire philosophique qui est délivrée ici. Le groupe évite l'écueil facile de retomber dans ses initiales revendications grindcore et Mark Greenway ajuste son propos aux maux de son époque, avec toute la subtilité très subjective qu'on lui connait ("Metaphorically Screw You"). Sans verser dans la poésie la plus mélancolique, Greenway vocifère avec maitrîse sa colère, place chaque parole avec discernement et s'adonne à quelques passages plus suaves ("Hierarchies") où la chaleur de son timbre sert ces rares temps morts plutôt bienvenus. 


Sa voix ayant gagnée en constance s'intègre avec brio dans la mécanique démoniaque d'Apex Predator, ensemble d'engrenages rythmiques infernaux où les claquements incessants de Danny Herrera matraquant sans retenue sa batterie trouvent un écho jubilatoire dans les foudroyantes lignes de basse et de guitare : à ce titre, "Smash A Single Digit" signe une entrée fracassante. L'alchimie entre Harris et Embury, qui se partagent équitablement la composition des titres (respectivement six et huit), semble atteindre des sommets de cohérence tant il est difficile de discerner les chansons de l'un de celles de l'autre. Sur Apex Predator, tout s'enchaîne avec une facilité déconcertante et c'est à l'unisson que les quatre anglais dressent un portrait ô combien lugubre du paysage moderne. Le groove des riffs heavy de Harris détone sous les battements supersoniques d'Herrera et on perçoit comme un semblant de trash metal alambiqué, acrobatie poétique au milieu de tout ce cirque death à souhait, sur quelques titres singuliers ("Timeless Flogging", "Dear Slum Landlord...", "Stunt Your Growth") galvanisant et cadrant une écoute turbulente. Apex, qui voit sa dénomination se raccourcir à mesure que cette chronique continue, constitue un album bloc qui trouve ses qualités dans la cohérence de ses compositions autant que dans la cohésion de sa construction, particulièrement bien représentée par l'efficacité de ses morceaux d'introduction (éponyme) et de conclusion ("Adversarial / Copulating Snakes") qui nous plonge en plein trip d'outre tombe. La violence délivrée voit pourtant le groupe soustraire avec brio l'aggressivité lassante de ce type d'opus en peaufinant la production de Russ Russell, architecte de ce monument du death qu'est ce dernier album de Napalm Death. Le groupe sonne sans forcer, impose sans attaquer et construit avec adresse une cathédrale sonore gigantesque dont la durée s'avère suffisante pour ne pas assomer l'auditeur sous ce déluge ininterrompu. 


Apex, en plus d’être une oeuvre artistiquement rare dans le milieu fermé du metal extrême, se veut la plus aboutie du combo. Ce dernier opus est une expérience qu’il faut vivre avant d’émettre le moindre jugement, une expérience qui prend aux tripes (oui, les mêmes que sur la pochette) au point que chaque amateur y reviendra, sans lésiner sur le volume pour mieux s’imprégner d’une ambiance tout bonnement infernale. Impossible aussi de définir un morceau sortant du lot tant l'album se veut un ensemble de titres fusionnés dans un magma incendiaire, à l'exception des excellents "Stubborn Stains" ou encore "Beyond The Pale" qui se démarque par leur réussite mélodique singulière. En fin de compte, Napalm Death délivre un album peu accessible mais magnifie un style marginal où chacun ne s'y retrouvera pas, loin de là. Pourtant le groupe explose et pourrait bien imposer ses excellentes compositions aux détracteurs les plus tenances ou aux indifférents les plus détachés. Pour autant, trouver un sens à Apex Predator frise l'irrationalité mais sa dénomination d'oeuvre artistique en tant que telle ne fait aucun doute : à défaut d'être culte, du moins aujourd'hui, l'album se veut l'un des meilleurs du groupe et met K.O. toutes les formations death actuelles avec cet album intelligent à plus d'un titre. Apocalyptique.


Chansons conseillées: "Stubborn Stains" et "Beyond The Pale"

Essayez, ça ne dure qu'une minute et trente secondes...

N'hésitez pas à vous rendre sur le site officiel du groupe pour télécharger "Earthwire" en soutien aux victimes du séisme népalais.

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