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Critique d'album

N*E*R*D


Seeing Sounds


(09/06/2008 - Star Trak / Interscope - funk rock - hip hop - R'n'B - Genre : Autres)
Produit par

1- Time For Some Action / 2- Everyone Nose (All The Girls Standing In The Line For The Bathroom) / 3- Windows / 4- Anti Matter / 5- Spaz / 6- Yeah You / 7- Sooner Or Later / 8- Happy / 9- Kill Joy / 10- Love Bomb / 11- You Know What / 12- Laugh About It
Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Après 4 ans de silence, le retour aux affaires du groupe des Neptunes."
Maxime, le 09/10/2008
( mots)

Au début des années 2000, Pharrel Williams (et ses Neptunes) était The Boss, lancé dans une guerre passionnante avec Timbaland où chacun se tirait la bourre à coups de singles imparables propres à abattre les cloisons entre des genres qu’on croyait étanches comme s’il s’agissait de vulgaires plaques de contreplaqué. Les charts mondiaux et les playlists de MTV étaient à leurs pieds, leurs carnets de commandes s’épaississaient à un rythme effréné. Clairement, Williams était perçu comme le Bowie de l’ère digitale. Près d’une décennie plus tard, les choses ont quelque peu changé. Timbaland ne s’est pas résolu à rendre les armes et le wonderboy de se trouver coursé, à sa droite (celle des tubes interplanétaires) par un Kanye West omniprésent, et à sa gauche (celles des explorations sonores) par une jeune garde aux dents longues (Spank Rock, Danger Mouse, Crunc Tesla…). Face à ces nouveaux concurrents, le millionnaire à gueule d’ange avait commencé à inquiéter. Son disque solo (In My Mind, 2006) était partiellement raté et ses récents travaux (notamment pour le dernier Madonna) livraient le triste témoignage d’une inspiration stagnante. C’est ainsi qu’après un silence de 4 ans, on accueille ce troisième opus de N*E*R*D avec un mélange de fébrilité et d'appréhension.

Si, en duo avec Chad Hugo en tant que producteur ou en trio (complété par Shay dont il faudra nous expliquer l’utilité) en tant que groupe, Williams poursuit la même finalité esthétique, ces deux identités proposent des approches radicalement différentes de leur répertoire. The Neptunes embrasse la génération I-Tunes, celle du tube instantané et universel, tandis que N*E*R*D s’ouvre aux expérimentations les plus diverses en refusant l’immédiateté. Si leur premier disque (In Search Of), avec sa bonne demi-douzaine de tubes, pouvait conduire à penser que les musiciens ne faisaient qu’exporter la formule Neptunes pour se l’appliquer à eux-mêmes au lieu de la confier à un tiers, Fly Or Die, album foisonnant réclamant plusieurs écoutes, s’est empressé de les montrer sous un jour plus aventureux. N*E*R*D est un groupe à albums, et sa musique futuriste s’apprécie paradoxalement mieux sur le mode old school, puissamment diffusée sur une chaîne hi-fi ou écoutée au casque dans le salon, que tendance actuelle, muni d’une vulgaire paire d’écouteurs pour baladeurs.

Seeing Sounds s’engouffre dans la voie ouverte par son prédécesseur : faire état des travaux en cours, tracer des perspectives pour l’avenir, avec pour thème unificateur celui de la synesthésie, Williams expliquant en intro que depuis l’enfance il a développé la capacité de "voir des sons". Pharrell comme descendant numérique de Rimbaud ? On aura décidément tout vu… Pour le reste, cette nouvelle réalisation ne change pas vraiment le diagnostic : les Neptunes ont quelque peu perdu leur capacité de sidération. Certes, ils peuvent toujours pondre un hit avec autant de décontraction que s’ils allaient acheter une énième paire de baskets argentées (l’affolant "Everyone Nose", son rythme drum’n’bass cocaïné et ses refrains comme hurlés au mégaphone), mais ils ne parviennent plus tellement à surprendre. Au lieu de pointer orgueilleusement vers de nouvelles directions, les lascars préfèrent se replier sur leur fondamentaux : grondement d’infra-basses, guirlandes de guitares acidulées, voix de velours et funk technoïde. Surtout, ils se prennent à malin plaisir à pervertir leur pop algorithmique en la faisant constamment dévier de sa trajectoire. Sur "Anti Matter", le crunk synthétique d’un Lil’ John se voit brusquement remettre dans le rang par quelques touches de piano, le musculeux "Spaz", espèce de Tricky prisonnier d’un jeu vidéo paranoïaque, se permet quelques bouffées d’air avant de reprendre son travail de sape.

Ailleurs, N*E*R*D manifeste sa prédilection pour une soul scandée à coup de Pro-Tools en jetant un petit coup d’œil dans le rétroviseur, que ce soit à l’occasion de la mélodie onctueuse à la Al Green de "Yeah You" (cf. "Am I High"), du mélancolique "Love Bomb" et ses trompettes discrètes (cf. "Bobby James") ou le temps de verser dans une grandiloquence progressive avec "Sooner Or Later" (cf. "Wonderful Place"). Autre penchant manifeste, celui des guitares eighties poursuivant leur route en Hummer sous un soleil hollywoodien ("Happy", "You Know What"). On leur préférera cependant le minimalisme affiché en début de parcours. En ne s’appuyant que sur un beat solide, tout en martèlements et respirations, quelques claquement de mains et des chœurs saccadés dans l’écho, "Windows" réjouit, tout comme le titre liminaire ("Time For Some Action"), et sa ligne de basse obsédante. Passé sa première moitié, le disque peine à maintenir l’auditeur en haleine, même si l’ensemble se pare du charme clinquant, limite plouc, des photos du livret, rotoscopées façon Scanner Darkly. S’il a le cul trop collé devant la Playstation pour réellement innover et/ou fasciner, Seeing Sounds réassure néanmoins. Il y a des risques qu’à l’avenir nous ne soyons plus retournés par la musique du trio, mais il sait encore produire quelques furieuses étincelles. Preuve ultime de cette santé retrouvée, le délicieux "My Drive Thru" composé par Pharrell Williams en compagnie de Santogold et Julian Casablancas pour les 100 ans de Converse. Coincé entre la nouvelle diva indie-pop et le leader des jeunesses branleuses du nouveau millénaire, le Billion Dollar Boy reste dans la course. Gare au gorille.

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