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Critique d'album

Mercury Rev


Boces


(01/06/1993 - Beggars Banquet Records - dream-pop - Genre : Rock)
Produit par

1- Meth of a Rockette's Kick / 2- Trickle Down / 3- Bronx Cheer / 4- Boys Peel Out / 5- Downs Are Feminine Balloons / 6- Something for Joey / 7- Snorry Mouth / 8- Hi-Speed Boats / 9- Continuous Drunks and Blunders / 10- Girlfren
Note de 2.5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Dernier disque avec David Baker, dernier chef-d’œuvre."
Pierre D, le 26/08/2011
( mots)

Aller contre son époque s'avère rarement payant à court terme. Cela assure parfois un culte construit grâce au succès de ses propres fans (Velvet Underground). Pour d'autres, qui ont la chance d'initier par leur singularité un revirement, la gloire peut être au rendez-vous presque immédiatement (The Band). Mais pour certains, même lorsque l'insuccès cesse grâce à un changement d'orientation musicale, les premiers essais demeurent méconnus. C'est, vous l'aurez compris, le cas pour Mercury Rev dont les trois premiers albums sont aujourd'hui encore un secret bien gardé. Le fan transi se trouve donc bien en peine lorsqu'il s'agit de dénicher des informations sur ses disques fétiches (même si cette peine est compensée par la satisfaction élitiste d'être mis dans la confidence). La tâche est d'autant plus difficile que Mercury Rev semble être un groupe sans héritiers. Qui, aujourd'hui, se réclame d'eux?

Pas de descendance donc, mais quelques pairs revendiqués par le groupe lui-même : Sly Stone et Miles Davis repris sur Lego My Ego, une compilation de live et de versions alternatives parue en 1992. À l'époque, Yerself Is Steam a été acclamé par la critique anglaise et Mercury Rev, ce petit groupe indépendant formé en 1989 pour composer les bandes originales de divers courts-métrages d'étudiants, entame son Yerself Is Steam Tour en Angleterre. Cette expérience se fait dans une ambiance pour le moins chaotique. Dans un avion Jonathan Donahue tente d'énucléer le guitariste Grasshopper avec une petite cuillère. Il arrive fréquemment à David Baker de descendre dans le public au milieu d'une chanson pour boire un verre ou discuter avec la foule. Les tensions qui causent et découlent de ce climat amènent le groupe au bord de l'explosion. Le bassiste Dave Fridmann admis d'ailleurs: "Most bands get together because they're friends. We just weren't that group of people. Being together weeks on end wasn't good for us. It made us not like each other". Pour ajouter encore à cette réputation, il semblerait que certains membres du groupe survivaient en servant de cobayes pour tester de nouveaux médicaments pour le compte de laboratoires pharmaceutiques.

Dans un état mental passablement délabré, Mercury Rev se réunit pour enregistrer la suite de Yerself Is Steam intitulée Boces (pour Board of Cooperative Educational Services) et le résultat surpasse le premier album. Le disque s'ouvre sur le morceau de bravoure "Meth of a Rockette's Kick" (mention spéciale à ce groupe pour les titres incompréhensibles), 10 minutes de montée en fanfare, des choeurs enfantins qui rappellent l'apparente obsession de Mercury Rev pour l'enfance perdue sans jamais se laisser aller à un tempérament déprimant qui serait des plus malvenus. Le coup de fouet donné par les cuivres au centre de la chanson achève de démontrer qu'on tient là tout ce que les Dandy Warhols ne sont jamais parvenus à faire. La saturation recouvre toujours tout ("Something For Joey") mais les chansons se sont faites plus limpides pour parvenir à une forme d'évidence. Le meilleur exemple est "Bronx Cheer", très shoegazing dans l'esprit (en gros beaucoup de larsens et une mélodie pop), qui conviendrait parfaitement à un film sur les années lycée avec un freak rejeté par une jolie fille et qui clame "If you see her out tonight/Tell her I don't care". Aurait aussi pu être inclus dans ce film "Downs Are Feminine Balloons", le titre de Mercury Rev qui semble le plus respecter la forme classique d'une chanson couplet-refrain-pont avec une flûte un peu triste pour faire craquer les filles (ce qui reste un des buts premiers de toute bonne chanson qui se respecte). Autre titre primordial: "Snorry Mouth", peut-être le meilleur titre jamais composé par le groupe qui joue entre des pauses oppressantes et des sursauts menés par une batterie triomphante portant une mélodie sublime qui rend fou ("I've finally found, I've finally found/Something to plug up this snorry mouth").

Au-delà de la tonalité moins sombre de Boces par rapport à Yerself Is Steam, on découvre un groupe à la palette de sonorités élargie, accordant notamment une plus grande place à la basse. Cet instrument ingrat mais nécessaire (n'allez pas me faire croire que les White Stripes ont jamais réussi à faire quoique ce soit de valable sur le long terme) est mis en avant sur "Trickle Down" qui s'approche d'un hip-hop déviant déclamé par un rappeur klaxonné à la méthédrine bégayant des paroles incohérents et hébétés qui fonctionnent par assonnances sans réellement dégager un sens particulier ("I know, I know, I know, got nothing to fear/You keep pushing/You keep pushing/Pushy, pushy/Don't push me/I'm an insect/I'm a figment"). Surprenant, étrange, assez génial en tous cas. Sur "Boys Peel Out" c'est encore la basse qui tient lieu de charpente permettant une folle utilisation du piano quasi jazz comme pouvait le faire Mike Garson chez David Bowie. Mais comme sur Yerself Is Steam, Mercury Rev n'évite pas les titres abscons et quelque peu inutiles, en l'occurrence "Continuous Drunks and Blunders" (du bruit et des grésillements sans intérêt) et "Girlfren" dont la seule qualité est d'être plus court que "Very Sleepy Rivers" sur le premier album. Tout le monde fait des erreurs.

Après ça? Mercury Rev est encore passionnant sur See You On The Other Side puis vient Deserter's Songs et avec lui le succès public et critique. Mais pour ceux qui chérissent l'alliage instable de tendresse et de violence créé sur Yerself Is Steam et Boces, l'affaire est pliée en 1993 avec le départ de David Baker décidément trop ravagé du bulbe même pour ses camarades de jeu.

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