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Critique d'album

Manilla Road


Invasion


(00/01/1980 - - Metal épique underground US - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- The Dream Goes On / 2- Cat and Mouse / 3- Far Side of the Sun / 4- Street Jammer / 5- Centurian War Games / 6- The Empire
Note de /5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Le Metal progressif préfiguré"
François, le 31/08/2023
( mots)

Dans les années 1970, l’État rural du Kansas avait marqué l’histoire du rock grâce à l’émergence du groupe du même nom. Celui-ci était devenu le porte-drapeau du rock progressif américain, genre qui n’avait connu d’essor significatif que dans le Midwest. La musique de Kansas se singularisait par le maintien d’une touche hard-rock affirmée (qui explique la facilité du glissement vers l’AOR) qui musclait et rendait plus accrocheuse leur musique progressive. Hard-rock d’un côté, rock progressif de l’autre : une recette porteuse dans le Nouveau Monde, que Rush au Canada et beaucoup plus tard Dream Theater développeront pour donner naissance au Metal progressif.


Entre les deux, durant les années 1980, les États-Unis connurent une forme Metal épique, foncièrement underground, qui adopta des traits issus de l’esthétique progressive pour apporter une plus-value grandiloquente à leur épopée musicale. Manilla Road en est devenu l’exemple le plus fameux. 


Retour au Kansas, à Wichita, plus au sud et à l'ouest par rapport à la capitale Topeka d’où était issu Kansas (le groupe). Il s’agit de la plus grande ville de l’État du tournesol, si l’on excepte l’aire urbaine de Kansas City à cheval sur les deux rives du Missouri (entre l’État du même nom et le Kansas), où la population s'accrut grâce au développement de l’aéronautique et de son industrie qui firent de Wichita la capitale mondiale du secteur. C’est dans les bars de cette ville que, depuis 1977, le trio Manilla Road, mené par Mark Shelton (chant et guitare), fait ses classes : en 1979, il est composé de Scott Park à la basse et de Rick Fisher à la batterie, formation qui enregistra le premier album du groupe, Invasion (une démo – Underground - avait été réalisée la même année au mois de juin avec l’ancien batteur, Myles Sype).


Sur cet opus, les morceaux sont souvent longs, volontiers épiques, preuve d’un substrat progressif typique du Midwest où, dans les 1970’s, le public avait été réceptif à ce genre britannique si bien qu’une scène s’y était développée en l’associant à la saturation. Avec Manilla Road, il s’agit de rendre le propos un peu plus musclé et de l’amener dans le fleuve du Metal – progressif avant l’heure. Illustration par l’extrême, les treize minutes de "The Empire" se fondent sur des arpèges classieux  et des variations sur des riffs plus heavy qui donnent à l’ensemble une ambiance quasi sudiste, même si la transition vers 6 minutes inaugure un cheminement plus metallique. Globalement, la pièce est une progression qui laisse surtout la place à de longs développements instrumentaux à la guitare dans des chorus ancrés dans les 1970’s. Ce côté retro surprend sur l’ensemble d’Invasion. On évoquera le solo emphatique qui sert d’introduction à "Cat and Mouse", puis le rythme et les effets psychédéliques qui plongent leurs racines dans la fin des 1960’s, comme s’il s’agissait d’un Quicksilver Messenger Service dans une version saturée. Idem pour "Far Side of the Sun" qui, après une introduction space-rock narrée correspondant au thème du titre ancré dans la science-fiction, retombe dans un long développement fondé sur un riff simple et un long solo désuet.  


Cela n’est pas sans conséquence sur la qualité de l’ensemble, ce qu’illustre le premier titre, "The Dream Goes On", qui sonne très daté pour l’époque : son riff presque funky, sur lequel certains temps sont trop marqués, rend le morceau heurté et globalement répétitif. De plus, on y aperçoit les principales limites de l’album : une production assez faible et le chant de Shelton parfois nasillard, ce qui peut rebuter (alors qu’il se montre capable d’une belle maîtrise sur "The Empire"). Quant aux titres les plus brefs, ils sont loin d’être anecdotiques. Introduit par des sons électroniques, "Street Jammer" mise beaucoup sur le riff, la guitare et ses effets, et la ballade folk transcendantale "Centurian War Games" est intouchable dans le genre.


Parler de Metal progressif pour décrire Invasion serait excessif, mais cette inspiration duale est significative de la créativité de la scène Metal underground présente aux États-Unis durant les 1980’s qui fut redécouverte à la faveur de la vague revival. Les réussites à venir et l’étendue de sa discographie expliquent ensuite pourquoi Manilla Road deviendra la formation la plus célébrée du genre.


À écouter : "The Empire", "Centurian War Games"

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