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Critique d'album

Lynyrd Skynyrd


Second Helping


(15/04/1974 - MCA Records - Rock sudiste - Genre : Rock)
Produit par

1- Sweet Home Alabama / 2- I Need You / 3- Don't Ask Me No Questions / 4- Workin' For MCA / 5- The Ballad Of Curtis Loew / 6- Swamp Music / 7- The Needle And The Spoon / 8- Call Me The Breeze
Note de 5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"En défense de l'Alabama"
François, le 30/03/2022
( mots)

Quelle tristesse pour l’Alabama d’être devenu, par métonymie, l’incarnation du Vieux Sud raciste cultivant la mémoire des rebelles sécessionnistes et de la Cause perdue. Le problème est en partie dû à l’image des autres Etats qui furent tout autant liés à la confédération : la Floride fait trop penser à Miami, le Mississipi au Blues, la Géorgie aux Treize colonies, la Louisiane au Bayou et à son passé cajun/New Orleans, le Texas au … Texas … Sans aura, l’Alabama était donc bien placée pour devenir l’emblème du Sud célébré par le Southern Rock, drapeau confédéré déployé, quand bien même le style soit principalement issu de la Géorgie (pour les Allman Brothers) et la Floride (pour une bonne partie des groupes). En effet, si cette image colle à la peau de l’Alabama, c’est en grande partie à cause de  "Sweet Home Alabama", célébration de la douceur dixie mais également pied-de-nez aux progressistes donneurs de leçon du Nord (le Canadien Neil Young en tête) avec des paroles ambigües à propos de la figure détestable de George Wallace, gouverneur de l’Etat en question qui défendait mordicus la ségrégation raciale. Il ne faut pas caricaturer le Southern rock, les relents racistes sont exceptionnels, mais il y a toujours un doute sur ce passage de la chanson : on peut y entendre un soutien aussi bien qu’une condamnation, ce que les membres du groupe affirmeront par la suite.


En tout cas, en ouvrant Second Helping (1974) par "Sweet Home Alabama", Lynyrd Skynyrd prouvait que le coup de maître qu’était leur premier album n’était en rien une fulgurance éphémère. Il fallait en vouloir pour réussir à détrôner "Free Bird" dans le cœur du public, et pourtant, ce titre y est parvenu : non qu’il soit meilleur, mais son succès, bien au-delà des amateurs de rock, est indépassable. La réponse à Neil Young, face à "Southern Man" (After the Gold Rush, 1970) ou "Alabama" (Harvest, 1972) devait être, musicalement parlant, au niveau. La barre était haute, elle fut franchie avec un élan époustouflant.


Seulement, pour valoriser le Sud, il fallait faire davantage que de le célébrer. Lynyrd Skynyrd devient son porte-drapeau à l’échelle des USA, signant chez un label d’ampleur nationale grâce au producteur Al Kooper : le groove de "Workin’ for MCA" évoque ce succès avec brio. C’est aussi éclipser les grands noms, avec une reprise de "Call Me the Breeze", comme si Eric Clapton ne faisait pas déjà assez d’ombre à J.J. Cale. Le titre est largement rallongé et gagne en énergie aussi bien qu’en soli de guitare comme de piano.


Puisqu’on parle de JJ Cale, valoriser le Sud revient aussi à auréoler le "son" du Dixieland, dans son ensemble : le flegme de Tulsa sur "Swamp Music", la country bluesy de "The Ballad of Curtis Loew", la simplicité de "Don’t Ask Me No Questions" (un peu gâchée par les cuivres superflus), les routes poussiéreuses de la 88 sur "The Needle and the Spoon", manifeste anti-héroïne. Enfin, poursuivre la mode de l’hymne sudiste que le groupe avait inaugurée sur son premier volume et qui devint à partir de là un passage incontournable pour tout groupe œuvrant dans ce registre : "I Need You" atteint-il la perfection de "Simple Man" ou de "Free Bird" ? Peu importe au fond, le slow déverse de bons arpèges et de bons riffs, les parties solistes demeurant beaucoup plus tamisées, sans départ de locomotive vrombissante, mais la pièce est prenante.


Comment en sept mois et deux albums, Lynyrd Skynyrd a été capable de révolutionner l’histoire du rock aux Etats-Unis ? C’est dans les notes de "Sweet Home Alabama" qu’on trouve une partie de la réponse, et cet Etat du Dixieland gagne à être davantage associé au Southern rock qu’à son passé esclavagiste et surtout ségrégationniste. Toute l’ambiguïté de ce style de musique identitaire tient en cette association : peut-on être le symbole de l’un sans conserver les stigmates de l’autre ? Peut-on célébrer l’Alabama pour dénoncer le mépris qu’il subit, sans comprendre que celui-ci découle en partie de ce passé honteux ? Une ligne de crête pour les groupes de cette scène qui se sont toujours défendus de la moindre équivoque.


A écouter : "Sweet Home Alabama", "Workin’ for MCA", "The Needle and the Spoon", "The Ballad of Curtis Loew", "I Need You"

Commentaires
Daniel, le 02/04/2022 à 20:45
Objectivement, le conflit entre Neil Young (canadien) et les sudistes (américains) de Skynyrd nous passait, en son temps, un peu au-dessus de la tête. Mais ce qui nous a choqués dans "Sweet Home Alabama", c'est le fait que les américains traitent le canadien de "vieux". Et là, nous nous sommes rendus compte que Neil, une de nos idoles, avait déjà 29 ans, soit, dans nos jeunes esprits rock, à peine un an de moins que la date ultime de péremption. Le temps passe vite pour tout le monde... Très très grand album...