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Critique d'album

Lightning Dust


Nostalgia Killer


(09/06/2023 - Western Vinyl - - Genre : Pop Rock)
Produit par Lightning Dust

1- Wrecked / 2- Run / 3- Rapids and Rivers / 4- I Do / 5- Fallen New / 6- Different War / 7- Feel That / 8- Only You / 9- 7 Year War / 10- Shadow of Verona
Note de /5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Encore un joyau de la part du couple Amber Webber - Joshua Wells "
Nicolas, le 03/10/2023
( mots)

Toujours aussi opaque, la communication dans la région de Vancouver. On apprenait à notre détriment en 2019 la défection d’Amber Webber de Black Mountain une fois mis devant le fait accompli, c’est-à-dire son remplacement poste pour poste par Rachel Fannan inscrit dans les crédits de Destroyer. Et voilà qu’en juin 2022 on avait la surprise de revoir la brune Webber pousser la chansonnette avec son groupe fétiche au Hellfest. En janvier 2023, consulté à ce sujet lors de l’une de ses rarissimes interviews, Stephen Mc Beam se contentait de botter en touche : “C’était cool de voir Amber revenir. C’était zarbe aussi, parce que Rachel Fannan (...) devait quitter le groupe pour devenir batteuse chez Pussy Riot. Elle s’est barrée, et Amber est revenue… ça s’est fait en l’espace de deux jours. C’est l’un de ces trucs, genre : “Ah, c’était destiné à arriver”. Personne n’a été blessé, tout le monde était content.” Ouais. On n’en saura donc pas plus sur ce que tout le monde a pourtant considéré à l’époque comme un authentique psychodrame - à l’issue fort heureusement heureuse.

Certes, mais le sujet qui nous occupe ici n’est pas Black Mountain mais bel et bien Lightning Dust, le fabuleux side-project initié par Weber et Joshua Wells - l’ex batteur de BM. Néanmoins, le lien de cause à effet reliant ce jeu des chaises musicales entre chanteuses trouve sans doute son explication dans la séparation du couple Amber - Joshua, non pas en studio mais dans la vraie vie, fin 2019. Une séparation amoureuse qui laissait craindre le pire pour la Poussière d’éclair exclusivement composée des deux ex. Fort heureusement il n’en est rien, et si l’amour mutuel s’en est allé, la connivence artistique, elle, demeure, aussi prégnante sur ce nouveau Nostalgia Killer que sur le précédent Spectre.

Les atours des deux albums se révèlent pourtant assez peu semblables, et si Spectre se réappropriait la puissance tellurique presque religieuse de la chamane Webber au sein de Black Mountain, Nostalgia Killer se révèle bien plus sobre et dépouillé, bien moins riche en guitares saturées. Ainsi l’accroche “Wrecked” tresse un canevas délicat de basse sobre et de petites touches de synthés pour caresser la voix rare de Webber que l’on n’aura jamais connue aussi expérimentée. Écoutez les nuances qu’elle apporte à chacune de ses syllabes dans les deux phrases d’attaque de cette chanson, c’est proprement renversant. “Wrecked” qui, par ailleurs, dessine une musique plus rayonnante, plus chaude que les émoluments passés de Lightning Dust, en témoigne ce refrain à la Rumours (Fleetwood Mac, of course) avec ses secondes voix célestes et sa folk gracile. De la force brute, il y en a très peu ici, surtout rassemblée au sein du robuste pont instrumental de “Run”, transporté par un clavier aussi musculeux que déréalisé. Mais ce qui transparaît surtout au sein de Nostalgia Killer, c’est le niveau d’écriture qui a ici encore progressé, et si le 4,5 ne saurait être accordé au disque, autant dire qu’on n’en est pas passé loin.

Une écriture douce et éthérée (Enya n’est pas bien loin sur “Rapids and Rivers”, tripant dans ses derniers instants), nue et épurée (simple piano - voix rempli de grâces composant la matrice d’ “I Do”, synthétiseur aux élégies caressantes sur “Fallen New”), simple et timide (gratte folk d’une grande tendresse sur “Different War”), gracieuse et apaisée (ce violoncelle qui habille “Feel That”, un bijou), et toujours cette voix superbe, sublime, dans toutes ses tessitures (pleine, de gorge, soufflée) mais frisant le prodigieux dans la maîtrise de son vibrato. Le joyau Amber Webber brille comme jamais, tantôt enfant, tantôt mère, tantôt amante, tantôt prêtresse, elle joue avec les sens et les émotions avec une redoutable habileté. On ne dira jamais à quel point cette chanteuse peut s’avérer précieuse, plus encore dans un milieu rock peu habitué à ce genre de déesses en général cantonnées à la world ou à la folk music. Bon sang, qu’il est doux de s’abandonner à un tel organe…

Nostalgia Killer est donc un disque d’une infinie délicatesse mais qui sait se montrer fort et charnu quand il le faut. La seconde moitié de “Feel That” cristallise cette mue, reprenant à son compte la fragilité de son thème initial pour l’habiller dans une matrice folk-rock brillante. Plus loin, c’est le rugueux “Only You” qui réinjecte une bonne dose d’électricité dans la bâtisse avant de s’éteindre aussi vite qu’il s’est allumé, presque un intermède refusant d’asphyxier le reste de l’album. On se focalise tellement sur le belle Amber que l’on en oublierait presque le boulot colossal abattu par Joshua Wells dont les arrangements, entre orgue Hammond, textures de claviers mi-classiques, mi-futuristes, convainquent sans réserve ; et on ne parlera même pas de son jeu de batterie tout en subtilité, du grand art. “7 Year War” incarne cette science de l’accompagnement sur une matrice mélodique qui joue de boucles auto-centrées : d’effacée, la chanson se fait conquérante puis impériale dans sa conclusion, brûlante, incandescente même. Ultime bijou de thème aliénant, “Shadow of Verona” nous emporte dans les ruelles sombres de la cité de Roméo et Juliette, où l’amour radieux des couplets tente de triompher des arabesques désespérées du refrain. Un titre qui n’a l’air de rien en première écoute mais qui vous serre à la gorge au fil des tours de platine, conclu par les exhortations lointaines et implorantes de Webber. Magistral.

Magnifique Lightning Dust qui parvient à nous proposer un nouveau bijou, bien dissemblable de Spectre, plus doux, plus rayonnant, plus homogène et cohérent également, certes sensiblement plus délicat et effacé : autant dire que l’on peut facilement passer à côté de son éclat, surtout dans une époque saturée de sorties qui doivent convaincre l’auditeur dès les premières secondes. Ainsi vous n’avez plus qu’à vous fier à nous si vous ne voulez pas manquer l’un des plus beaux disques de 2023, tous genres confondus. Et vivement le prochain Black Mountain, bien sûr…

À écouter : religieusement

Commentaires
Ilikerock, le 15/10/2023 à 19:28
Merci pour les infos. Je ne comprenais plus rien. J'avais cru comprendre qu'Amber et le batteur n'etait plus ensemble, qu'Amber avait participé au Hellfest. Et la nouvelle ex chanteuse ? Vous eclaircissez mes (faibles) connaissances. Black mountain est (etait?) monstrueux, même avec la nouvelle ex chanteuse (destroyer est excellent) et j'adore le nouveau batteur. Que va t il se passer maintenant ? Quand je pense que j'ai failli passer a coté de Black Mountain il y a 4 ou 5 ans....Merci.