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Critique d'album

Kill West


Raw Desire


(11/11/2016 - Drone Rock Records / Crang - Deathsurf / Fogrock - Genre : Rock)
Produit par Adam Boose / Alejandro Stipica

1- Raw Desire / 2- Shivers / 3- Giant Mexico Weather / 4- Apocalipse City / Pareidolia
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Dream For Me Argentina"
Etienne, le 08/12/2016
( mots)

Revoilà les gringos de Kill West et leur deathsurf / fogrock improbable, épique concentré de shoegaze rêveur et de distorsion abrasive. Après un premier album remarqué, le groupe enclenche une nouvelle dynamique dans sa carrière par le biais de ce court EP - 4 morceaux, un café et l'addition - qui ne manque pas de cran. Bien loin d'une prétentieuse redite de ses premiers titres, Kill West tire profit de l'exercice délicat consistant à viabiliser son épineuse entreprise - donner du sens à cette transition rabougrie - en révélant sa finesse de composition et son habileté mélodieuse le temps d'une vingtaine de minutes puissante et autoritaire. Détails.


Raw Desire est une véritable mue pour Kill West. Déjà car le quintette devient quatuor, les frères Miele - batterie pour l'un, synthé pour l'autre - s'étant fait la malle à l'aube de l'an de grâce 2016, laissant le désormais trio en proie à d'importants questionnements sur la suite à donner à l'aventure. Pas démoralisée pour un peso, la troupe engage Octavio Bermejo Villareal - ah, les joies des traditions nominales hispaniques - derrière les fûts tandis que le chanteur Franco Beceiro brigue le poste de claviériste - sans pour autant renoncer à ses anciennes fonctions. De ce plan social inopiné ressort une formation resserrée, enthousiaste, galvanisée par le défi de son propre recommencement musical, un nouveau départ comme un bon coup de gouvernail pour guider la frégate Kill West lancée à toute allure après son premier disque. Salvateur.


Sans préposé aux seuls claviers et synthétiseurs, Kill West attaque beaucoup plus frontalement Raw Desire usant d'une guitare aux avant-postes et d'une rythmique appuyée dès le morceau-titre, abandonnant la contemplation de son premier opus à des fins de riffs catchy et d'intentions directes. Si dans Smoke Beach la masse de distorsion noyait toute l'acuité de la six-cordes, Raw Desire rend grâce à l'instrument en lui offrant d'intenses cavalcades salutaires ("Shivers") et des cycles électriques pachydermiques ("Giant Mexico Weather") martelant lentement mais vigoureusement quelques notes volatiles. L'EP est structuré par la guitare et calibré pour elle, rebattant ainsi les cartes du psychédélisme ambiant développé tout le long d'un premier effort beaucoup plus homogène dans son rendu sonore, la faute à des claviers et des effets omniprésents. Raw Desire s'applique à effacer ce préambule en tranchant dans le vif, en ciselant sa musique avec méthode, en délaissant le rose fluo d'une portrait perdu dans les limbes pour un artwork binaire où le blanc glacial de son titre émerge d'un noirceur jonchée de pigments immaculés épars. L'altération amène à la purification en quelque sorte. Sans pour autant renier ce qui fait l'essence même de Kill West: sa capacité à fasciner.


L'autoritarisme de sa reprise en main ne fait pas de Kill West une girouette un jour de mistral à décorner les boeufs et les argentins conservent toute leur faculté à créer cette nébuleuse apaisante, turbulente, inquiétante qui est la leur. Les voix sont toujours sporadiques, inintelligibles, lointains murmures célestes captés par hasard et déposés délicatement sur les strates instrumentales denses et compactes du groupe. Les rythmes, libres de se laisser aller à des tempos plus soutenus, embrayent la mécanique psychédélique itérative du quatuor à des fins de répétitions envoûtantes ("Apocalipse City"). Et comme un dernier pied de nez à ses anciens acolytes, Kill West boucle son EP sur une longue tirade mélancolique au piano - bien planqué jusque là - s'évanouissant péniblement dans les tourments électroniques qu'il avait savamment négligé jusqu'alors. Bien qu'il aurait pu se prélasser dans ses acquis ou se morfondre dans une torpeur post-traumatique, Kill West a relevé la tête avec aplomb le temps d'un Raw Desire d'une franche réussite. Assez inespéré.


Finalement, Kill West a beau avoir évolué, il n'en demeure pas profondément changé et réussit en seulement 4 titres le même tour de force que l'an passé: ensorceler son auditoire et le balader en plein rêve fantasmé, celui d'un rock rêche et voluptueux, d'un disque fringant et emballant, d'un groupe troublant et séduisant. Reste à attendre la confirmation d'un deuxième album qui espérons-le n'augurera pas un réveil trop brutal. Pour le moment, profitons encore du rêve argentin.

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