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Critique d'album

Karma To Burn


Appalachian Incantation


(07/05/2010 - Napalm Records - Stoner Rock - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Forty-Four / 2- Forty-Two / 3- Forty-One / 4- Forty-Six / 5- Waiting On the Western World / 6- Forty-Three / 7- Forty-Five / 8- Twenty-Four / 1- Two Times / 2- Fourteen / 3- Ten / 4- Thirteen / 5- Six / 6- Twenty / 7- Thirty
Note de 3/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Le come-back sanglant des artilleurs sudistes."
Maxime, le 08/10/2010
( mots)

C’est à la faveur d’un come-back inespéré entamé début 2009 que Karma To Burn s’est rendu à compte à quel point il avait salement manqué. Presque 10 ans après avoir plaqué les ultimes accords de Almost Heathen, son dernier méfait en date, le power trio a vu sa renommée croître auprès d’un public orphelin de la fougue de ses instrumentaux bestiaux. Depuis paré de l’auréole de groupe culte, KTB est désormais considéré comme prioritaire par ses instigateurs, au point de pousser Rob Oswald à se tirer dare-dare de Nebula pour s’y consacrer pleinement et d’entraîner Richard Mullins à rapprocher ses Year Long Disaster de son combo originel, avec l’arrivé récente de Daniel Davies au poste de chanteur officiel. Sous l’égide d’une mascotte menaçante (un incube à tête de bouc), la machine Karma To Burn s’apprête donc à se voir tractée par une locomotive vocale, de son plein gré pour la première fois de son histoire (après le triste épisode du premier album). Dans l’intervalle, il leur fallait décaniller une batterie de nouvelles compositions pour justifier les nombreuses tournées amorcées depuis lors (on voit les lascars pratiquement tous les 3 mois en France depuis deux ans, et on ne s’en plaindra pas), dont le principal objectif consiste probablement à renflouer leurs portefeuilles bien faméliques après tant d’années de vaches maigres et de cures de désintox. Appalachian Incantation se veut donc à la fois un disque bilan et une fenêtre ouverte sur les nouvelles orientations s’offrant à ses géniteurs.

Partagé entre 8 nouvelles compositions et 7 autres morceaux répartis sur un disque bonus, ce quatrième opus solde les comptes et dresse un état des lieux, en livrant peut-être le dernier témoignage à dominance instrumentale des artilleurs sudistes. Jetons un sort rapide sur la galette supplémentaire nommée Cat Got Our Tongue, laquelle compile les prises originelles de quelques titres du premier album, vierges de la contribution vocale de Jason Jarosz, et qui n’étaient jusqu’ici disponibles que sur l’anthologie de Metal Mind sortie sans l’accord du groupe, ainsi que deux morceaux issus de Wild, Wonderful Purgatory ("Twenty" et "Thirty"), réenregistrés pour l’occasion car Will Mecum n’était pas satisfait des mixages originaux. Signalons d’ailleurs que ces nouvelles versions sont incluses dans les superbes rééditions vinyle de Wild, Wonderful Purgatory et Almost Heathen réalisées par Tee Pee Records, dont l’achat s’avère rigoureusement indispensable pour tout amateur du trio de Virginie occidentale ou, plus largement, de stoner à son apogée.

Le plat de résistance reste bien entendu ce matériel inédit, qui fait passer au répertoire de la formation le cap canonique de la quarantaine. Une dizaine qui n’est ni synonyme d’assagissement ou de résignation mais bel et bien de seconde jeunesse. La taille du calibre augmente, et l’impact balistique reste aussi ravageur. Enregistré à la hussarde dans le ranch de Scott Reeder (illustre bassiste de Kyuss, The Obsessed et Unida), Appalachian Incantation s’inscrit dans la droite lignée de ses prédécesseurs, effaçant une décennie de hiatus dès les accords rauques dégobillés par la basse introduisant le suffocant "Forty-Four". Le heavy rock de Karma To Burn s’y révèle aussi menaçant et implacable qu’à la grande époque. Il déboule des enceintes avec la hargne d’un cheval d’acier aux yeux révulsés, piaffant le souffre, le sang écumant des babines, pour foncer droit sur le plexus de l’auditeur. Manifestement ravi de revenir au turbin, Will Mecum alterne chuintements malsains ("Forty-Two") et avalanches de riffs nourris aux amphéts marinant dans le whisky ("Forty-Five"). Oswald et Mullins confirment quant à eux la puissance létale de leur section rythmique. La batterie oscille sadiquement entre chevauchées musculeuses ("Forty-One") et breaks débités en pilonnages rageurs ("Forty-Two"), puissamment servie par une basse au groove libidinal ("Forty-Three"). Sans merci quand il s’agit de déverser son hard rock de redneck, le trio se montre aussi brutal et cohérent que jamais.

Le trio étant revenu sur le devant de la scène sous une forme olympique, reste à savoir quel visage lui donnera l’arrivée d’un vocaliste. A cette question, deux bribes de réponses sont avancées. La première, old school, se trouve sur Cat Got Our Tongue, qui exhume une séance de répétition avec John Garcia datant de 15 ans, à l’époque où il s’apprêtait à rejoindre le groupe. "Two Times" comble ainsi un fantasme qui a longtemps traversé l’épine dorsale des stoner addicts : pouvoir enfin assister à la rencontre explosive entre le plus grand chanteur du genre et ses instrumentalistes les plus doués. On le sait, Jarosz a finalement décroché le poste, et "Two Times" est entre-temps devenu "Waltz Of The Playboy Pallbearers" sur le premier album. Etonnement, l’outtake originale ne supplante pas la version finale, même si la prestation de Garcia est à des années lumières de celle de JJ, cette dernière disposant d’un refrain mieux amené par des chœurs glauques et d’une concision qui fait défaut sur la prise primitive. La symbiose entre l’organe du vocaliste de Kyuss et la furie sourde des mercenaires sudistes reste pourtant évidente. Leur future collaboration s’annonce sanglante. Autre challenger, Daniel Davies prête son gosier à une composition originale, "Waiting On The Western World", disposée en bonne place au milieu du tracklisting de Appalachian Incantation. Sans surprise, le résultat sonne comme un Year Long Disaster plus rustre et animal. Le chant perçant et lyrique du rejeton kinksien conduit Karma To Burn sur le terrain d’un hard plus académique, et pousse même Will Mecum à trousser un solo échevelé de facture assez classique, exercice assez inhabituel chez le riffeur à casquette. Fatalement, on en vient à se demander si, se rapprochant en un mariage incestueux, les deux entités ne vont pas finir par se ressembler comme deux cousins consanguins, au risque de perdre leur singularité propre. Les brûlots incendiant Appalachian Incantation feront durer le suspense, en attendant la résolution de ce dilemme.

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