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Critique d'album

Kaleo


A/B


(10/06/2016 - Elektra/Atlantic Records - Blues - Genre : Rock)
Produit par Kaleo & Arnar Guðjónsson

1- No Good / 2- Way Down We Go / 3- Broken Bones / 4- Glass House / 5- Hot Blood / 6- All the Pretty Girls / 7- Automobile / 8- Vor í Vaglaskógi / 9- Save Yourself / 10- I Can't Go on Without You
Note de 5/5
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Note de 4.5/5 pour cet album
"Un drakkar Islandais à la conquête des océans du Rock "
JulienB, le 08/05/2020
( mots)

Prendre son sac à dos et laisser la route défiler sous nos pas sans savoir où elle peut nous mener. Cette invitation au voyage pourrait être un concentré du ressenti qui nous envahit à l’écoute du premier album du groupe Islandais Kaleo : A/B. Un tel éventail de couleurs à l’intérieur d’un même disque est rare et d’autant plus quand la cohérence et la justesse sont au rendez-vous d’un bout à l’autre de la galette.
Une réussite que l’on doit à quatre mecs originaires de Mosfellbær (au Sud-Ouest de l’Islande). Le groupe est emmené par le chanteur guitariste JJ Julius Son (en Islandais c’est Jökull Júlíusson, mais JJ ça sonne mieux pour les interviews aux US), accompagné de Rubin Pollock en lead guitar, Daníel Kristjásson à la basse et Davíð Antonsson pour la batterie. Kaleo, fait partie de ces groupes apparus dans la deuxième moitié de 2010 qui nous redonnent de l’espoir en ces temps de vaches maigres pour le rock. Car oui, les Islandais sont devenus un porte étendard du registre à l’international, ayant connu un vrai succès partout où ils sont passés, et parachevé par une première partie de The Rolling Stones sur leur dernière tournée U.S. D’une certaine manière, le quatuor combine un peu tous les paradoxes du rock aujourd’hui : entre ombre et éclaircie.
On a pu découvrir Kaleo, pour l’une des premières fois, avec le titre explosif “No Good” dans la non moins détonante série Vinyl : la création de Martin Scorsese et Mick Jagger nous comptait les mésaventures d’un responsable de label (personnage exceptionnellement interprété par Bobby Canavale) dans le New York des années 70. Cette série a tristement disparu après une toute petite saison, faute d’audiences jugées suffisantes au regard des moyens mis dans la réalisation. Une réalité amère et révélatrice du désintérêt que porte le grand public au Rock quand ce dernier devient un tantinet précis, dévoilant son visage dans tout ce qu’il a de plus intègre et explicite. Alors, faut-il vraiment s’étonner que cette même série ait choisi pour sa bande son le titre le puissant de Kaleo et que ce single n’ait connu aucun succès FM, particulièrement dans l’hexagone ? A l’inverse, le titre “Way Down We Go” va être poncé, en France, dans des propensions inconsidérées sur RTL2 et consorts, ce qui aura le mérite de propulser le groupe en tête d’affiche des festivals. Un morceau qui est désormais entré dans la catégorie du mainstream, ce qui n’est pas toujours un mal, mais qui cantonne le groupe à ce seul succès quand il y a tellement plus à raconter et surtout à écouter.  


Comme dit dans les premières lignes de cette chronique, A/B est un album qui fait voyager : le drakkar capable de voguer sur toutes les eaux du Rock et d’en conquérir les territoires grâce au talent de son capitaine et de ses acolytes.
L’odyssée démarre au fond d’une mine du Colorado dans “Broken Bones” construit sur le rythme des coups de pioches donnés dans tout ce que cette répétition peut avoir de lourd et lassant. Kaleo creuse dans les origines du rock avec ce style venu du Sud des Etats-Unis, nous évoquant les luttes contre l’esclavagisme et le racisme. C’est dans ce répertoire, qu’on peut inclure le fameux “Way Down We Go” où la voix de Julius Son devient une arme acérée, dédiée à la puissance, dominant son sujet quand les harmonieux accords de piano se voit relayés en un faire-valoir de l’expression vocale.
On avance sur les routes le long de la mer à bord de “Automobile”. Une feel good song construite à l’acoustique où l’on traverse les routes, enlacé par une chaleur revigorante, en sifflotant la mélodie de cette radieuse échappée. C’est donc en toute logique qu’on s’arrête pour une soirée au coin du feu, sur la plage, avec la séduisante “All The Pretty Girls”, construite dans la même veine acoustique que le morceau cité précédemment à la différence près que le registre vocal évolue encore, montant cette fois dans les aigus, sans que cela ne porte atteinte à la qualité du titre, au contraire même. L’éventail vocal du chanteur Islandais est tout aussi varié que les ambiances déployées dans cet album, le nom Kaleo prend, avec ces exercices, tout son sens ce dernier signifiant « la voix » en hawaïen. Notre voyage va s’achever dans le retour sur les terres islandaises du quartet dans ce qui est un des monuments de l’album cette balade intégralement chantée dans la langue originale du groupe : “Vor í Vanglaskógi”. Un magnifique titre mystique, qui nous amène sur les hauteurs des volcans Islandais, une ode l’amour à la nature, à sa préservation ; comparable à l’histoire des Ents racontée par Tolkien dans Le Seigneur Des Anneaux. On regretterait presque que le titre ne soit pas une œuvre originale du groupe, mais une reprise d’une chanson traditionnelle islandaise. Qu’importe, l’exercice est plus que probant au regard du travail instrumental réalisé, et d’une nouvelle prouesse vocale, qui font du morceau l’une des œuvres majeures de ce disque. Dans tout ce voyage, il n’y a, finalement, que “Save Yourself” qui n’arrivera pas à atteindre la magie perçue dans cette facette apaisée du groupe. 


La virtuosité de Kaleo, ne se trouve pas uniquement dans l’approche acoustique et les douces mélodies. Les Islandais sont capables d’envoyer du (très) lourd qui portera A/B dans une dimension supérieure. En effet, les quatre gars excellent dans le Rock qui a des tripes, celui-là même qui a la force assommante du coup de poing porté au diaphragme qui fait tomber à genoux devant l’expression d’une telle force. C’est le cas dès l’ouverture avec “No Good” et son riff imparable marié aux cris poussés dans les aigus de JJ Julius Son refilant, à chaque fois, ces rares frissons si exquis, comme seul le rock est capable de vous en procurer. La doublette “Glass House”, “Hot Blood”, porte la même teinte électrique, mais l’un et l’autre sont plus dédiés à l’implosion des foules de festivaliers reprenant en chœurs les mélodies tranchantes des deux morceaux soutenus par une rythmique déblayant tout sur son passage. On retrouve ici des chœurs chantés par des voix féminines renvoyant à la patte de The Rolling Stones comme ces derniers pouvaient les utiliser pour habiller si superbement un morceau comme “Gimme Shelter”.
Il n’y aura rien d’étonnant à ce que le point culminant de l’album se trouve dans l’alchimie du rock et de la douceur. Le tour de force de Kaleo, se trouve dans la balade électrique “I Can’t Go On Without You”, exercice pourtant terriblement casse gueule où le quartet fait preuve d’une maturité digne de vieux briscards du rock : mêlant mélodie entêtante, force vocale et déflagration incandescente d’un solo à la technique irréprochable, ponctué d’un enrobage de cordes des plus pertinents. On rendra grâce, au jeu de Rubin Pollock parachevant si superbement la clôture de l’album et qui obligera son chanteur à puiser la force nécessaire pour accompagner son instrument et l’incendie de la distorsion qui l’habite. 


Le quartet Islandais signe un premier opus détonnant, naviguant avec brio dans chacun des registres auxquels ils choisissent de s’attaquer. L’ensemble est mené par un chanteur à la voix exceptionnelle, fait dans l’alliage de celles qui restent, qui pose une indéniable signature à son écoute. L’album A/B fait parti de ceux qui réconcilie avec le rock, qui nous font dire que des accomplissements musicaux magistraux sont encore possibles dans ce registre. Une pléiade de promesses qui appellent à la confirmation. Ça tombe bien, elle va arriver très vite maintenant : en Juin de cette année 2020.   

Commentaires
MaximeL, le 12/11/2020 à 09:19
Vraie belle surprise que ce disque. C'est frais, varié, le spectre va des Black Keys à Bon Iver. Du tout bon !