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Critique d'album

John Mayer


Continuum


(12/09/2006 - Aware / Columbia - Soft Pop Blues - Genre : Pop Rock)
Produit par John Mayer, Steve Jordan

Note de 5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Quand l’Américain révèle le Mayer de lui-même"
Quentin, le 21/08/2023
( mots)

John Mayer est décidément un musicien aux multiples facettes, et toutes ne sont pas forcément bonnes à écouter. Ces dernières années, la gueule d'ange de l'Américain a d'ailleurs davantage fait parler les tabloïds par ses fréquentations amoureuses dans le petit milieu Hollywoodien que sa stratocaster n'a sorti de riff magiques ou parlé le langage du blues. Et ce n'est pas le dernier album en date, Sob Rock, et sa flopée de pop-songs englués dans leur écrin de guimauve et de soft rock sans âme qui nous a particulièrement conquis.


Après un début de carrière en fanfare, on peut se demander si celui qui a vendu 20 millions d'albums dont 10 millions rien qu'aux États-Unis, remporté une tripotée de Grammy Awards, reçu les louanges des plus grands noms de la guitare et fait la couverture de nombreuses couvertures de magazines le présentant comme l'un des "nouveaux dieux de la guitare" ne serait finalement un peu surcoté au regard de ses dernières productions (aux USA, car il reste assez peu connu en France). Pourtant, il y a ce Continuum. En 2006, John Mayer nous a prouvé qu'il était capable de mélanger les eaux du blues à celles de la pop et de sortir un grand disque qui puisse également être accessible au grand public et constituer un véritable succès commercial. Une production qui a su influencer le jeu de beaucoup de jeunes guitaristes de cette génération, tâchant de faire sonner les double stop de "Slow Dancing In a Burning Room" sur leur 6 cordes avec la même classe que celle de l’Américain.


Avec Continuum, John Mayer revient aux sources de son inspiration en embrassant pleinement la voie du blues, celle qu'il affectionne depuis qu'il est enfant, fasciné par les prestations de Jimi Hendrix ou Stevie Ray Vaughan. Après les cartons réalisés par ses deux premiers albums, agréables sans être renversants, John Mayer collabore avec rien de moins que Buddy Guy, B.B. King ou Eric Clapton, mais également des jazzmen comme John Scofield ou Herbie Hancock. Ces fréquentations prestigieuses lui permettent d’affiner sa sensibilité de compositeur et de remettre la guitare électrique au premier plan de son écriture. Pour ce nouvel album, enregistré à Los Angeles, New York et Memphis, il s'entoure du désormais nommé "John Mayer Trio" formé à l'occasion de l'enregistrement de l'album live "Try", avec le grand bassiste Pino Palladino et le batteur Steve Jordan qui assure également la production derrière la console tandis que de nombreux noms sont crédités pour les sections de guitares additionnelles, de cuivres, de claviers et de chœurs. Des participations qui contribuent à élever le niveau des compositions de cet album et à affiner une signature musicale vraiment singulière pour faire de Continuum un opus à part dans la discographie de l'américain.


Abordant des sujets universels comme le conflit, l'amour ou la perte, John Mayer ne se départit pas de ses ritournelles pop imparables, en témoigne l'introductif "Waiting on the World to Change", hymne anti-guerre tubesque au possible avec ses notes entêtantes de glockenspiel. Mais il ajoute également tout au long de cet album la finesse de son jeu guitariste plein de feeling, une section rythmique au groove impayable et une nuance qui pouvait auparavant lui faire défaut dans la composition. Les mélodies sont ainsi finement ciselées et les textures de guitares délicieusement travaillées comme sur "I Don't Trust Myself (With Loving You)" et ce riff cotonneux tout en retenue, à moitié étouffé ou encore avec le fingerpicking à la rythmique imparable de "Vultures" ou le jeu d'arpèges entraînant de "Belief", émaillé ici et là de chœurs entraînants et de multiples fulgurances guitaristiques. Il faut dire que le jeu de John Mayer est particulièrement juste, habillant judicieusement les mélodies de son doigté virtuose sans jamais tomber dans l'excès de démonstration technique, même lorsqu'il se plaît à reprendre les plus grands guitaristes, en témoigne son interprétation du "Bold As Love" du roi Hendrix.


Coutumier des ballades sentimentales, John Mayer s'empare également de sa guitare acoustique et fait parler un piano délicat pour mettre en boite des petits bijoux de douceur et simplicité avec "Stop This Train" et "Dreaming With a Broken Heart", pas mièvres pour un sou, tandis que "The Heart of Life" fait office de jolie ritournelle légère et sautillante. Au niveau du chant, Mayer ne surjoue jamais dans la veine du crooner romantique même sur les deux superbes slow des familles que constituent "Gravity", qui brille par la finesse de son jeu de guitare et ses articulations et l'incontournable "Slow Dancing in a Burning Room" (quel superbe nom de morceau au passage !) et son phrasé romantique et élégant reconnaissable aux premières notes.


Les deux derniers titres de l'album rendent hommage aux classiques du blues, d'abord avec "In Repair" porteur d'espoir et doté d'un très bon solo qui chasse les idées noires et "I'm Gonna Find Another You" et son spleen post-rupture relayé par une belle instrumentation de cuivres. Autant de morceaux qui seront sublimés sur le live à Los Angeles Where the Light Is que nous recommandons fortement.


Bref, avec Continuum John Mayer se détourne en partie des ficelles commerciales qui ont contribué à bâtir le succès de sa carrière et se réapproprie les codes du blues dans sa musique teintée de soul, de pop et de rock pour livrer un album sincère et plein de feeling, sans aucun temps faible. Un disque qui est le reflet d'une grande avancée créative malheureusement restée sans lendemain, Battle Studies revenant à un son plus lisse et bien moins entreprenant. Bien loin de s'inscrire dans un continuum, cette livraison s’avérera donc plutôt être un acte isolé, mais grandiose. John à son meilleur...


 

Commentaires
FranckAR, le 14/10/2023 à 13:25
Merci Quentin pour ta chronique, car sans elle je pense que je n'aurais jamais pris le temps d'écouter John Mayer. Je ne sais pas ce que vaut le reste de la discographie, mais cet album mérite vraiment le détour.