Ginhouse
Ginhouse
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1- Tyne god / 2- I cannot understand / 3- The journey / 4- Portrait picture / 5- Fair Stood the Wind / 6- And I Love Her / 7- Life / 8- The morning after / 9- The House / 10- Sun in the Bottle
Age d’or du rock, les années 1970 ont forcément créé un engouement tel que de nombreuses formations, eu égard à leur talent, sont restées sur le carreau, oubliées, ignorées. Ginhouse, groupe de Newcastle composé de Stewart Burlison (basse, chant), Geoff Sharkey (guitare, chant) et David Whitaker (batterie), est l’une d’entre elles. Pourtant, sa brève histoire comporte de nombreuses prestations sur scène auprès des plus grands (Yes, entre autres) et le soutien d’un label de pointe, Vertigo.
Musicalement, Ginhouse se démarque assez peu de l’esthétique en vogue en 1971 : de fortes influences tirées dans les années 1960 réinvesties dans le domaine du hard-rock avec de très légères touches progressives. Du bon travail, mais rien qui ne les distingue réellement : peut-être tient-on ici l’une des raisons de l’absence de postérité, qui, néanmoins tient davantage à la courte durée d’existence du combo (qui se sépare en 1972). Après, tout, il est rare qu’un premier album soit de l’ordre du chef-d’œuvre (même si des exemples fameux existent) et qu’il comporte suffisamment de traits distinctifs pour que le groupe possède dès le début un son qui lui est propre. La carrière avortée du groupe nous laisse de toute façon sans réponse.
Nous parlions des inspirations 1960’s ; la reprise des Beatles, par son choix original ("And I Love Her") est riche d’enseignements, aussi bien du côté des soubassements qui les portent que du style dans lequel ils s’inscrivent. La version originale est un morceau apaisé, entre percussions orientales et guitare acoustique : ici, elle atteint un groove étonnant à travers un agencement complexe, des ruptures rythmiques, un fond hard-rock sur des interprétations hispanisantes. Une reprise surprenante et séduisante.
Ce mélange du hard-rock et des influences des Beatles se retrouve sur "Tyne God", après une introduction planante : d’une part nous avons des refrains choraux, d’autre part des guitares légèrement saturés et soli. "Life" renforce cette dimension esthétique, de même que les aspérités jazzy "Sun in the Bottle". Bien sûr, le groupe joue souvent sur le côté électrique de leur musique et se font plus musclés. "I Cannot Understand" est bien plus puissant avec son riff galopant, de même que "The Morning After" riche d’une introduction acoustique énergique (cette guitare accompagne d’ailleurs l’autre, électrique, tout le long du titre, créant une combinaison intéressante). C’est parfois un peu bancal mais la plupart du temps, Ginhouse propose des interprétations convaincantes dans un style propre qui peut étrangement rappeler les groupes danois de la même époque (Culpeper’s Orchard). Faut-il y voir un lien avec l’histoire, alors que la Northumbrie (région de Ginhouse) fut la première région touchée par les migrations danoises au Moyen-Age ?
Comme au Danemark d’ailleurs, Ginhouse ajoute des touches prog’, quoique sans excès, simplement pour répondre aux canons de l’époque. Ainsi, "The Journey" est marqué par des côtés folks, des étranges sons électroniques, une structure plus complexe (quoique parfois brutale dans ses variations). "Portrait Picture" se distingue par une dramaturgie dans le chant et dans les interventions de claviers, tout en gardant son côté hard-rock. Une des réussites de l’album avec de nombreuses idées accrocheuses.
Ginhouse est donc une comète dans l’histoire du rock : un seul album, une carrière éclair, une disparition. Si leur musique est typique de leur époque, leur destinée l’est tout autant : trop nombreuses furent les formations one-shot, à la discographie composée d’un unique opus. Ces quelques lignes pourront peut-être servir à prolonger leur maigre postérité.