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Critique d'album

Beck


Odelay


(18/06/1996 - Geffen Records - Rock éclectique ! - Genre : Rock)
Produit par

1- Devils Haircut / 2- Hotwax / 3- Lord Only Knows / 4- The New Pollution / 5- Derelict / 6- Novacane / 7- Jack-Ass / 8- Where It's At / 9- Minus / 10- Sissyneck / 11- Readymade / 12- High 5 (Rock The Catskills) / 13- Ramshackle / 14- Diskobox
Note de 5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
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Aurélie, le 23/03/2004
( mots)

S'il me fallait décerner le prix de l'innovation en matière de rock, Beck en serait le bénéficiaire tout désigné. Aventurier moderne, sorte de croisement de "Macadam Cowboy" et du Dylan de Freewheelin', Beck a hérité de sa mère, ancienne acolyte d'Andy Warhol à la Factory, un goût pour l'expérimentation artistique. Dans Mellow Gold, l'originalité de Beck était de ne pas chercher à créer un bon morceau ("Loser", "Beercan" et "Pay No Mind" étaient les exceptions...) et de composer un album qui part dans tous les sens, avec toutefois un but avoué : mêler l'inspiration rock/country à des sons triturés, souvent dissonants. On pouvait craindre qu'Odelay ne soit que la simple continuation d'une recherche sonore, certes intéressante, mais assez inaudible et souvent synonyme d'égarement. Heureusement, Beck a sur ces 14 titres - dont plus de la moitié méritent amplement de figurer au palmarès des meilleurs titres des années 90 - opté pour l'intelligence.

L'intelligence, c'est, dit-on, la faculté de lier les choses entre elles. Pourtant, rien ici ne permet de relier un titre à un autre. Odelay se montre aussi imprévisible que ses prédécesseurs. Le tout ressemble à un montage chaotique d'éléments disparates, à un puzzle de 56 minutes. L'intérieur de la pochette annonce d'ailleurs la couleur, ou plutôt les couleurs : vert, jaune, rouge, bleu, noir et blanc s'entrechoquent. Les dessins, photos et peintures se superposent selon la technique bien connue du collage. Le résultat est une toile grotesque à la Jerom Bosch, peuplée de monstres torturés et de symboles chrétiens détournés. On découvre au passage des phrases en russe, en anglais ainsi qu'en français - Beck clame ainsi sur le dos de la pochette : "Je suis un révolutionnaire", phrase de Steinbeck déjà reprise en 1973 par Todd Rundgren sur Wizard a True Star et en 1989 par les Beastie Boys (eux aussi produits par les Dust Brothers...).

Beck revendique pleinement ces influences sur sa propre musique. Odelay ne peut s'écouter en soi et pour soi, c'est avant tout un hommage à une tradition qui va du blues du Delta au grunge des années 90 en passant par la country (les hi-hans qui concluent "Jack-Ass" ne laissent planer aucun doute). En même temps, Beck cherche à retranscrire l'effervescence de la scène punk-rock-folk new-yorkaise (il a quitté Los Angeles en 1989), où "Il y avait du bruit, du chaos musical, de la poésie, de l'underground monté des caves, de l'alcool frelaté, du délire". C'est dans ce but qu'il a sélectionné des samples issus de multiples sources (James Brown sur "Devil's Haircut", Bob Dylan sur "Jack-ass", la liste est longue...) et rajouté une multitude d'instruments à sa liste de départ : harmonica sur "Jack-Ass", celesta, saxophone, pedal steel sur "Sissyneck". Le produit fini ne ressemble à rien de connu. Les ambiances varient, passant du franchement loufoque à la bonne chanson rock en puissance sans jamais sombrer dans la facilité. Odelay se permet de vous frapper avec des arrangements jamais entendus auparavant, comme dans "Devils Haircut", "The New Pollution", ou "Where It's At", "Novacane", "Sissyneck", pour ensuite vous achever avec des petites ballades qui frôlent la nostalgie comme "Lord Only Knows", "Jack-ass" et "Ramshackle".

Seul point commun entre tous ces titres : des textes délirants, qui parlent de diables et d'orgies, d'androïdes shootés à la novocaïne, de païens et de marginaux écrivant leurs dernières volontés sur des billets de trois dollars ou encore de frères pissant dans un gobelet avant de se faire tuer. Dans "Lazy Bones", Beck délaisse le portrait au profit de l'auto-portrait. L'on découvre alors sous le masque du bourreau de travail un "slacker" invétéré, semblable à celui que célébrait le "Loser" de Mellow Gold. L'auditeur se surpend lui aussi à rêver de repos et de flemmardise. Car le délire paresseux de Beck, loin d'être froid et distant, s'avère contagieux... C'est sans doute là que réside en définitive "l'intelligence" de l'album : Odelay parvient à créer un lien très fort entre l'auditeur et le musicien génial qu'est Beck, lien qui repose sur un même amour de la musique et de l'expérimentation sonore.

Loin semble le temps où Beck s'excusait d'un succès involontaire, d'un album fait pour rigoler (Mellow Gold). Beck nous livre ici un album abouti, intelligent et atypique. L'écart entre Mellow Gold et Odelay saute aux yeux (ou plutôt aux oreilles) : le son parfois hésitant et sale du premier cède ici la place à un son parfait, habilement retravaillé par les Dust Brothers. Odelay est un excellent moyen de rentrer dans l'univers de cet artiste dont la carrière ne cesse depuis de séduire les amateurs d'un rock... éclectique.

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