
Banco Del Mutuo Soccorso
Banco del Mutuo Soccorso
Produit par Alessandro Colombini
1- In volo / 2- R.I.P. (Requiescant In Pace) / 3- Passaggio / 4- Metamorfosi / 5- Il Giardino del Magio / 6- Traccia


Le nom du groupe est-il une référence politique aux premières associations ouvrières (le rock progressif italien baignant dans la culture politique – de gauche - de son temps), ou un clin d’œil aux sociétés mutualistes afin d’emprunter un nom quelconque et particulièrement long, caractéristique inhérente au genre ? Peu importe, puisque c’est bien cette association de musiciens talentueux qui donna naissance à un des groupes phares du rock progressif italien : Banco del Mutuo Soccorso.
Si ce premier album éponyme date de 1972 – on demeure dans les premières années du RPI -, la bande des frères Nocenzi, habiles claviéristes et multi-instrumentistes (clarinette et autres vents) n’est pas formée de nouveaux venus. Vittorio Nocenzi a en effet recruté des musiciens de haut niveau pour réaliser son œuvre – il compose la plupart des titres –, et lance le groupe sur scène dès le début de la décennie. Si les débuts de Banco ne sont pas ancrés dans le courant progressif (écoutez Donna Plautilla, 1989, qui compile les premiers titres), le premier album officiel est un incontournable du genre.
Si l’album comporte six pistes, il n’y a concrètement que trois morceaux, les autres servent d’introduction ou d’intermèdes (ce qui n’enlève rien à leur qualité). La trilogie est bien ancrée dans l’univers progressif, notamment question longueur puisque "Il Giardino del Mago" culmine à plus de 18 minutes. Un coup de maître pour une jeune formation qui surprend aussi par la variété dans les compositions.
Sous le patronage esthétique d’ELP (dans l’usage des claviers, les références classiques, les rythmes syncopés, la virtuosité), le groupe voyage dans des territoires divers pour forger un univers composite mais cohérent. Banco est très rock sur l’excellent "R.I.P" ou le court "Traccia", plus jazzy sur "Metamorfozi", pièce maîtresse de l’album. Ce dernier, avec "R.I.P.", sont des incontournables du groupe et des références du genre : accrocheuses, mélodieuses, inventives, aventureuses, ces compositions amènent des émotions nombreuses et sont de vrais beaux moments de musique. On passe aisément de parties très vives et abruptes à d'autres beaucoup plus calmes et délicate.
"Il Giardino del Mago" est également impressionnante par sa maîtrise et ses développements, néanmoins, le titre souffre de longueurs : des failles bien excusables à un groupe encore jeune, qui peut se laisser porter par son hybris.
Si Vittorio Nocenzi est virtuose derrière ses claviers, un autre membre se révèle époustouflant : Francesco di Giacomo, le chanteur. Bien sûr, il n’est pas au sommet de son potentiel et n’est pas assez mis en avant, mais déjà, son coffre et sa justesse, la chaleur de sa voix, font vibrer l’auditeur. Ce personnage à la Christian Décamps (étrange ressemblance d’ailleurs) est une figure majeure du rock progressif italien. Il en va de même pour la tirelire sur la couverture, qui deviendra le logo du groupe.
Ce premier album, très bon, permet à Banco de devenir un des trois groupes le plus cultes du RPI, avec PFM et Le Orme, et constitue une bonne porte d’entrée dans cet univers fantastique.