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Critique d'album

Ayron Jones


Child Of The State


(21/05/2021 - Big Machine Records - Rock Grunge - Genre : Rock)
Produit par

1- Boys From The Puget Sound / 2- Mercy / 3- Take Me Away / 4- Supercharged / 5- Free / 6- My Love Remains / 7- Killing Season / 8- Spinning Circles / 9- Baptized in Muddy Waters / 10- Hot Friends / 11- Emily / 12- Tale Your Time
Note de 3/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Comme si Michael Jackson jouait de la guitare à la manière de Jimi Hendrix dans le groupe de Kurt Cobain."
Maxime L, le 20/07/2021
( mots)

Le rock est il mort ? La scène rock, avec tous les groupes revival qui sortent du bois depuis une dizaine d'années, ne serait elle pas qu'un éternel recyclage des modes sans imagination ? Que reste-t-il des guitares électriques en 2021 ? 
Autant de questions, plus ou moins légitimes, qu'on voit fleurir un peu partout, de façon un peu cyclique.....et dont on se contrefout complètement lorsque l'on prend en pleine face, sans s'y attendre de surcroit, un album de la trempe de ce Child Of The State.


Avant d'aller plus loin, présentation de la force en présence : Ayron Jones. Derrière ce blase de quarterback américain se cache un artiste de 34 ans, originaire de Seattle, cela a son importance, au parcours bien cabossé (abandonné par des parents en proie à des problèmes de drogue et adopté à 4 ans par sa tante, Child Of The State signifiant littéralement "Pupille de la Nation"), et qui vient tout simplement de nous pondre, au risque de divulgacher la suite de cette chronique, un des disques les plus enthousiasmants de cette année.


Si son nom n'est pas (encore) très connu en France, Jones bénéficie déjà d'une vraie belle réputation outre-atlantique, grâce à sa première formation, "Ayron Jones and the Way", un power trio de blues dont il était le guitariste-chanteur et ayant ouvert, excusez du peu, pour Bb King, The Offspring et les Guns N Roses. Les choses s'accélèrent en 2015, où suite au départ du bassiste et du batteur du groupe, Ayron Jones se lance en solo, avec en 2017 un premier album en son nom "Audio Paint Job", malheureusement introuvable en France dans les circuits traditionnels. Toujours est il que Jones commence à faire un peu de bruit, au micro et à la guitare, sur la scène américaine, à grands renforts de prestations lives très habitées et remarquées.


Notamment par Mike Mc Cready, guitariste de Pearl Jam, qui le fait chanter sur "All Things Fade Away", un titre de son projet "Levee Walkers" ; qui comprend Duff McKagan, Barrett Martin (batteur de Screaming Trees, Mad Season, et au CV long comme le bras), et Jaz Coleman de Killing Joke, rien que ça.


De quoi emmagasiner une solide expérience, en plus d'un joli carnet d'adresses, pour se faire repérer par le label Big Machine, filiale d'Universal, qui va lui permettre de gagner en visibilité, d'abord aux Etats-Unis, en jouant en Octobre dernier le "Star-Spangled Banner" en ouverture d'un match de NFL opposant Seattle à Boston (à huis-clos et en masque, pandémie oblige), puis en lui permettant d'avoir les coudées franches pour l'enregistrement et la distribution du disque qui nous intéresse aujourd'hui : Child Of The State.


Un album qui dès le départ nous présente un artiste farouchement attaché à ses racines et à son Seattle natal : "Boys From The Puget Sound" (le "Puget Sound" désignant le bras de mer de l'Océan Pacifique s'intégrant au Nord-Ouest de l'état de Washington, et qui abrite accessoirement le "panope", le plus gros mollusque au monde si l'on en croit Wikipedia).
Voilà pour les présentations.


Pour ce qui est de la musique, "Boys From The Puget Sound" annonce la couleur : voix bluesy à la Gary Clark Jr, riffs de guitare taillés dans le tout Seattle des nineties (et ce délicieux pont à la Audioslave) avant de scander un "Here come the Boys" dans une rage évoquant évidemment Rage Against The Machine. Ecouter Child Of The State, c'est se prendre tel un boomerang tout le (très bon) son de la scène Rock Us des années 90. Mais un boomerang affûté, aiguisé, qui ne verse ni dans le plagiat, ni dans la nostalgie béate. "Mercy", par exemple, dresse le funeste portrait de l'Amérique actuelle, appuyé sur des riffs empruntés à Tom Morello :


"See my brothers fallin'
I hear Heaven callin' 
The flag is burning
But the world keeps turning 
And when I die I'll die free 
Lord have mercy
"


"Je vois mes frères tomber
j'entend l'appel du ciel
le drapeau brûle
mais le monde continue de tourner
et je mourrais libre
Le seigneur a pitié
"


Un début d'album coup de poing, tant sur le fond que sur la forme. La suite proposée par Jones continue de régaler, avec "Take Me Away", qui fût le premier single du disque, et qui aida son éclosion au grand jour aux Etats-Unis. Un titre qui tire son épingle du jeu, car après un riff en palm-mute qu'on croirait sorti du générique de Téléfoot (on a les références qu'on peut), on jurerait entendre la voix de....Michael Jackson.
L'analogie est saisissante, au point de faire dire à Ayron Jones, pour expliquer ses multiples influences, qu'il fallait imaginer sa musique comme si "Michael Jackson jouait de la guitare à la manière de Jimi Hendrix dans le groupe de Kurt Cobain". Voilà une carte de visite très claire, ambitieuse mais d'une cohérence totale une fois ce Child Of The State promptement englouti.


Les références de l'artiste Américain ne s'arrêtent d'ailleurs pas là. On pensera tour à tour à Aerosmith pour ce qui est de l'efficacité de certains refrains ("Supercharged" en tête, quel titre mes aieux !), à Soundgarden évidemment sur des morceaux comme "Killin Season" ou "Emily" et ses riffs clairement étiquetés Seattle (Kim Thayil étant aussi une de ses inspirations). Son jeu de guitare, s'il ne tombe jamais dans le piège de la démonstration technique, est aussi véloce qu'inspiré. Fender ne s'y est d'ailleurs pas trompé, l'illustre marque de guitare l'ayant choisi au printemps dernier pour faire partie de ses 25 ambassadeurs.


On déroule l'album avec délectation, avec l'envie de taper du pied ou de sauter sur place, en souvenir du son de Seattle et de ces fabuleuses années 90 (au moins aussi foisonnantes musicalement que les sacro-saintes 70 mais c'est un autre débat), et ce qui marque, au delà de ces influences parfaitement digérées, c'est la propension à proposer des refrains ultra catchy, avec toujours cette petite touche qui fait écho à ces glorieux ainés. Que ce soit dans la construction de certaines chansons, avec ce schéma "couplet-refrain-pont-solo" finalement très nineties dans l'esprit, ou cette même volonté de taper juste, sans détours, avec beaucoup de spontanéité. On identifie ça et là d'autres repères, un peu plus "modernes", entre un "Spinning Circles" tournant autour du "blues FM" de Jonny Lang ou "Free", qui derrière des couplets un peu faibles, cachent de nouveau, un refrain béton, qui vont évoquer des formations plus actuelles, comme BadFlower par exemple.


Seule petite ombre à ce très solide tableau, la présence de "My Love Remains", ballade un peu sirupeuse et très convenue, bien que ce soit là aussi une similitude avec certains grands disques des années 90, et qui si elle est très bien exécutée, sonne tout de même un peu trop bande originale de Grey's Anatomy. Mais c'est vraiment pour chercher la petite bête et pour ne pas surnoter le disque.


Child Of The State est un album complet, bouillonnant, véritable kaléidoscope du rock américain, alliant des textes forts à des rythmiques construites sur des power-chords velus, des solo maitrisés sur des compo très abouties, le tout avec ce petit supplément d'âme, parfois blues, toujours groovy, et qui le place déjà en tête des coups de coeur avérés de 2021.

Commentaires
RVPourVotrePlaisir, le 12/08/2021 à 13:25
J'avoue que j'aurais pas testé au premier abord, mais je dois bien dire que je m'en serais voulu. Merci pour cette découverte : il envoi le p'tit !!