Arch Enemy
Doomsday Machine
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1- Enter the Machine / 2- Taking back my Soul / 3- Nemesis / 4- My Apocalypse / 5- Carry the Cross / 6- I am Legend / Out for Blood / 7- Skeleton Dance / 8- Hybrids of Steel / 9- Mechanic God Creation / 10- Machtkampf / 11- Slaves of Yesterday
En matière de pochette d'album, les suédois d'Arch Enemy ne se démarquent pas vraiment des autres groupes de métal extrême : tout dans le bon goût et l'originalité, comme vous pouvez le constater. Musicalement, la différence ne sautera pas non plus aux oreilles des néophytes, qui n'y entendront sûrement que rythmiques outrancières, hurlements sauvages, guitares criardes et distordues. En effet : c'est criard, bruyant, assourdissant... Mais put*** qu'est-ce que ça fait du bien...
Fondé par deux frangins prodiges de la six cordes (dont Michael Amott, ex-Carcass et actuel membre du combo stoner Spiritual Beggars), Arch Enemy est dès la fin des années 90 un pilier de la scène death mélodique suédoise, avec Dark Tranquility, In Flames, et Soilwork. Depuis Wages of Sin, et le remplacement de leur frontman Johan Liiva par la hurleuse allemande (qui a dit "pléonasme" ?) Angela Gossow, le groupe s'éloigne quelque peu du style cookie cutter de ses débuts, en incorporant d'avantage de mélodie, et lorgnant vers un heavy metal un poil plus "traditionnel", si l'on fait abstraction de la voix death d'Angela.
Doomsday Machine semble confirmer cette tendance dès l'intro, avec le majestueux instrumental "Enter the Machine", qui ne dépareillerait pas sur un album de Power Metal. Le ton est donné : la véritable star de l'album est la guitare, n'en déplaise à Miss Gossow. Après cette mise en bouche harmonique et lancinante, Daniel Erlandsson déclenche les hostilités par des breaks furieux, suivi de près par la rythmique incisive des frères Amott. Et c'est parti pour "Taking back my soul" avec son cocktail de gros riffs ravageurs, méchamment mélodiques et efficaces. Dans le même esprit, citons l'impressionnant "Mechanic God Creation" et son leitmotiv martial, ou encore "Slaves of Yesterday". Preuve que cet opus est très orienté guitare, le groupe s'est fendu d'un instrumental groovant ("Hybrids of Steel").
On trouve aussi quelques pépites de brutalité ça et là, sorte de réminescences du thrash-death des premières années : "MatchKampf", "Nemesis", et le sombre "I am legend/Out of Blood", Slayeresque en diable. Néanmoins, la mélodie n'est jamais sacrifiée, et les chorus de guitares sont toujours magnifiquement inspirés.
Angela Gossow n'est pas simplement le faire-valoir du groupe : sa rage atteint des sommets dans Doomsday Machine, pas la peine d'espérer de sa part un soupçon de voix claire. Ses modulations lui permettent de temps en temps de prendre une voix caverneuse, du meilleur effet dans "Carry The Cross". Côté basse-batterie, Sharlee D'angelo et Daniel Erlandsson ne sont pas là non plus pour faire de la figuration. La double grosse caisse est un musicien à part entière dans la plupart des morceaux.
Il faut avouer que Doomsday Machine n'est pas franchement différent de ces prédecesseurs, ce qui a dû lasser Christopher Amott, parti du groupe juste après l'enregistrement de l'album. Néanmoins, Arch Enemy continuera de contenter les cinglés de la guitare, pour peu qu'ils ne soient pas effarouchés par les performances gutturales de la chanteuse. La voix Death, c'est un peu comme l'alcool : au début on trouve ça franchement dégueulasse, puis on finit par s'habituer...