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Critique d'album

Alvvays


Blue Rev


(07/10/2022 - Polyvinyl Record Co - Dream pop - Genre : Rock)
Produit par Shawn Everett; Molly Rankin; Alec O'Hanley

1- Pharmacist / 2- Easy On Your Own? / 3- After The Earthquake / 4- Tom Verlaine / 5- Pressed / 6- Many Mirrors / 7- Very Online Guy / 8- Velveteen / 9- Tile By Tile / 10- Pomeranian Spinster / 11- Belinda Says / 12- Bored In Bristol / 13- Lottery Noises / 14- Fourth Figure
Note de 3/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Jangle Bells, Jangle Bells, Jangle All The Way"
Diego, le 19/12/2022
( mots)

Lorsque l’on cherche « Always » sur Google (j’avoue ne pas avoir essayé d’autres moteurs de recherche), on tombe immédiatement sur le site commercial de la marque de serviettes hygiéniques du même nom. Dès lors, on peut imaginer que les cinq canadiens de la formation ont utilisé cet argument –en plus de la confusion évidente avec la traduction directe de toujours, pour transformer le "w" en un "double v". La ruse, par ailleurs utilisée par le groupe écossais Chvrches (prononcez Churches), permet donc à la fois d’éviter l’association avec tout autre produit et surtout rend le mot googleable à souhait. D’autres formations ont choisi de se foutre royalement du problème : on pense, en particulier, à Tennis, Whitney ou Goose, mais les exemples sont multiples.


Au-delà de la malice sur le nom, le quatuor originaire de Toronto distille son indie rock planante depuis désormais quelques années, avec des coups d’éclats, comme les excellents singles "In Undertow" ou "Dream Tonite", issus d’Antisocialites, dernier opus paru en 2017. 


Blue Rev, produit par Shawn Everett (The War On Drugs, Big Thief, The Killers, ...), reprend les choses plus ou moins là où Alvvays les avaient laissées cinq années plus tôt : une instrumentation musclée, tout en guitare saturée et en gros volume, et la voix puissante mais aérienne de la frontwoman Molly Rankin. Un titre comme "Easy on Your Own" est ainsi assez représentatif de la qualité des compositions du groupe : la nonchalance avec laquelle la chanteuse assène son ode à la désinvolture contrebalance une section instrumentale précise et déterminée et des mélodies riches et efficaces. Le break en fin de parcours permet de relancer la machine pour un finish explosif, ce n’est pas la dernière fois que le groupe nous fera le coup sur le disque d’ailleurs. 


Les influences musicales sont multiples et plus complexes qu’il n’y parait à la première écoute de l’album. Le nostalgique "Many Mirrors" sonne comme un hommage à Dolores O’Riordan et ses Cranberries. Rien de larmoyant dans les souvenirs évoqués ici, mais plutôt l’incrédulité dans la constance. "Lottery Noises", quant à lui, ressemble à un croisement de shoegaze et de dream pop à la Beach House. Dans un style proche des dernières productions de Phoebe Bridgers, "Velveteen" excelle. Mais Alvvays a également des arguments sur des compositions plus enlevées : les punk d’influence stroksienne trouveront aisément leur compte sur les dynamiques "Pressed" et "Pomeranian Spinster". Mention spéciale pour le dernier-cité et la performance vocale de Rankin, qui explore ici des zones inconnues jusqu’alors dans la discographie du groupe. 


Tout n’est pas réussite sur Blue Rev, mais nous ne sommes pas loin quand même. "Very Online Guy" tente la carte synthé et ce n’est pas la meilleure idée du disque… Cela constitue toutefois une nouvelle preuve de la vraie volonté de prendre des risques. Dans un style plus classique, "Many Mirrors" et surtout le génial "After The Earthquake" dépoussièrent la jangle pop sur des morceaux très britanniques (on pense aux heures de gloire recontrées par The Smiths ou les premiers soubresauts de britpop des Stones Roses).


Justement, la britpop époque Oasis est aussi au rendez-vous sur "Tile by Tile", "Bored in Bristol" ou "Tom Verlaine" (nom du guitariste du groupe punk new-yorkais Television) : Alvvays regorge de mélodies toutes plus inspirées les unes que les autres. Le rythme sur le disque est également bien calibré, tous les styles évoqués se mélangeant de manière harmonieuse et formant un ensemble cohérent.


Le trésor caché de l'album est le morceau "Belinda Says", référence à "Heaven is a Place on Earth" de Belinda Carlisle, tant dans les paroles que dans la progression des accords. Démarrant tambour battant, il laisse place à une délicieuse nostalgie mettant en avant l'idée de désertion, de tenter le coup de la vie "normale". Le paradis sur terre est ici associée à la paralysie de la narratrice, qui sait pertinemment que l'enfer est également à nos pieds.


Blue Rev, baptisé ainsi en souvenir de la boisson que Rankin consommait dans son adolescence pour vaincre la morosité de la Nouvelle Ecosse, revêt bien des aspects de l’album hommage aux influences du groupe, sans jamais tourner au vulgaire medley. Pour en revenir à l’introduction de cette chronique, il est curieux que, dans les publicités de mon enfance, les performances antifuites des protections périodiques étaient toujours démontrées à l’aide d’un liquide bleu… Du Blue Rev ? Plutôt que du rouge sang que les yeux d'une société à la pudeur à géométrie variable ne sauraient tolérer ? Ne serait-il pas d’ailleurs temps de s'intéresser sujet tel qu'il est et de faire en sorte que ces produits soient totalement gratuits ? Une récente campagne au Québec évoque des avancées concrètes sur ce point. La deuxième bonne nouvelle canadienne de cette chronique.


Des morceaux comme le très My Bloody Valentine "Pharmacist" ou "Easy On Your Own" font clairement office de rites de passage et de perte de l’innocence. De là à imaginer un lien avec le thème abordé précédemment ? C'est peut-être un peu tiré par les cheveux mais la graine est semée. Une chose est certaine, cet album est une perle.


 A écouter : "After The Earthquake", "Belinda Says", "Easy On Your Own"

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