
Triumph
Just a Game
Produit par Mike Levine
1- Movin' On / 2- Lay It On The Line / 3- Young Enough To Cry / 4- American Girls / 5- Just A Game / 6- Fantasy Serenade / 7- Hold On / 8- Suitcase Blues


Avec ses deux premiers albums, Triumph, brillant trio canadien, proposait un hard-rock mélodique marqué par les sonorités nord-américaines, avec des tendances progressives notables. Un choix musicalement judicieux puisque les opus en question sont mémorables, mais qui les plaçait hélas dans l’ombre d’un monument issu des mêmes contrées : Rush.
Sorti en 1979, Just a Game semble vouloir se démarquer de son encombrant voisin, et se sépare donc des oripeaux progressifs pour proposer un hard-rock plus convenu mais diablement efficace. Subjectivement, on ne peut que regretter ce tournant, sans pour autant dénigrer ce bon album, mais objectivement, ce fut une très bonne idée puisque la carrière du groupe prit enfin son envol (on parle ici de disques d’or et de platine, principalement en Amérique du Nord).
Ne boudons pas pour autant notre plaisir puisque Triumph propose des titres bien pensés. Quand on parlait de sonorités propres au rock d’outre-Atlantique, on pensait par exemple à Grand Funk Railroad, très perceptible sur le dansant "American Girl" (avec une citation de l’hymne américaine très réussie), à Alice Cooper (allié aux Rolling Stones pour le coup, par les réminiscences étrangement mêlées de "Brown Suggar" et "Gimme Shelter") sur "Movin On". Il en va de même avec les émanations bluesy de "Young Enough to Cry", voire crooner sur "Suitcase blues".
Et finalement, les morceaux à succès ne sont pas forcément les plus mémorables : "Lay it on the Line" demeure assez convenu même si son refrain fonctionne bien et qu’Emmett fait une très belle prestation guitaristique, "Hold On" de son côté possède une première partie un peu guimauve, mais démarre ensuite avec plus de forces et des petites touches progressives (à la batterie, dans son pont presque yessien). En effet, Triumph maintient une certaine sophistication, dont "Just a Game" est la plus belle illustration : le travail de Rick Emmett à la guitare est central dans cette approche. Ainsi, il propose une petite pièce classique et instrumentale comme soliste ("Fantasy Serenade"), caprice qu’il se permettra par la suite d’assouvir à l’envie.
Bref, Just a Game est un bon album de hard-rock accessible et bien fait, avec des mélodies accrocheuses et des riffs robustes, suffisamment bien composé et interprété (rendons encore hommage au jeu de Rick Emmett) pour ne pas susciter l’ennui, pour peu qu’on aime le rock nord-américain. Le groupe entame ainsi une période glorieuse, avec, selon nous, des choses encore plus abouties par la suite.