↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.

Un dimanche au Main Square 2023


Mathilde, le 09/07/2023

Interview de June Bug

June Bug, un insecte aux elles contrastées


Bonjour June Bug, vous avez une certaine notoriété sur la région lilloise mais comment pourriez-vous présenter le groupe à ceux qui ne vous connaissent pas ?


Sarah (interprète, multi instrumentiste): Le projet a émergé en 2010 quand j'ai commencé à écrire mes chansons de façon assumée car j'avais décidé à ce moment là que j'allais faire de la musique de façon sérieuse. Et le nom vient du film Juno qui m'a beaucoup inspiré. "June Bug" c'est aussi un petit insecte de juin, et parfois d'ailleurs on m'appelle Sarah June.


 


Et tu es originaire de Lille ?


Sarah: Je suis née à Lille, j'ai grandi à Loon Plage, et j'ai habité un temps en Angleterre, où j'ai commencé à faire de la musique.


 


Comment ça s'est passé?


Sarah: J'étais prof de français là-bas, et puis j'ai côtoyé des musiciens, écouté de la musique, un groupe pas mal comme les Beatles notamment. Ça m'a décomplexée parce que ça m'a fait sortir de ma famille, de ce qu'on écoutait à la maison qui était plutôt de la chanson française. Tant de découvertes différentes qui m'ont donné l'envie d'écrire.


 


Et tu t'es lancée seule?


Sarah: Oui, j'étais toute seule dans les bars avec mon ukulélé, à faire des open mic. Je suis rentrée en France et j'ai pris le temps pour bien faire les choses, car j'ai tendance à faire tout à fond. Maintenant ça fait dix ans qu'on en vit, c'est devenu notre métier, on est tous les trois musiciens professionnels maintenant.


 


Après d'autres musiciens sont venus à tes côtés...


Sarah: En 2010 je jouais seule à Lille et j'ai rencontré Béryl dans un bar...


Béryl (guitare, claviers): Moi j'avais des projets de musique de chanson française de rue, de punk, et on a partagé une scène avec Sarah... Je joue de la guitare et du synthé à la base.


Sarah: On m'avait dit qu'on pourrait me payer sur deux-trois dates si je chantais dans la rue accompagnée d'autres musiciens, donc Béryl est resté (rires). Et d'accompagnant il a commencé à décider avec moi de l'avenir de June Bug, vers quel univers on pouvait amener le projet. Ça nous a décomplexés et ça nous a rapprochés, et en 2014 Béryl est rentré dans la compo.


 


Et un batteur est venu se greffer ?


Sarah: Oui, en 2018 on a voulu défendre l'album avec un batteur sur scène.


 


Sur la durée c'est mieux d'avoir une base rythmique classique ?


Béryl: C'est un choix...


Sarah: On était surtout folk, on a commencé à tendre vers l'électro. Béryl a toujours défendu le rock car c'est là d'où il vient, et c'est vrai qu'il avait envie de rajouter un élément plus fort pour le live...


Béryl: Il y avait déjà des percussions électroniques mais c'est pas pareil.


Sarah: Pour le partage avec le public, deux et une machine c'est moins bien que trois et une machine, qui donnent une formation plus complète.


 


Vous avez fait le Printemps de Bourges aussi ?


Sarah: Oui en 2016, on était encore à deux, on est déjà aussi venus au Main Square pour le tremplin.


 


Quelle est l'intention de June Bug: se concentrer sur l'histoire ou sur la musique ?


Le groupe: Les deux.


Sarah: J'écris des textes qui me touchent car j'ai besoin de sortir des émotions et dire des choses, mais c'est quand même la musique qui va réveiller chez moi un thème. C'est intimement lié. Par contre dans les arrangements on va beaucoup plus loin, on explore des recoins électro, électro-pop, ça va presque dans l'expérimental mais jamais vraiment non plus. On va casser des structures, c'est rarement lisse du début à la fin.


 


Vous ne savez jamais où une compo va vous mener ?


Sarah: On est très ouverts quand on compose, parfois c'est même gênant. C'est là que le chant lie tout pour que ça reste une chanson. Il y a des chansons qui partent loin il y a des titres plus accessibles, ça dépend.


 


Quelles sont vos influences musicales communes ?


Béryl: Il y a un groupe de Caen qui s'appelle Gablé, qui utilise l'anglais dans leurs chansons, d'une façon qui a touché Sarah.


Sarah: Soko pour les paroles, la base de l'écriture. Et oui Gablé pour ouvrir la folk de façon à ce qu'elle devienne puissante, moins intimiste. Maintenant on est vraiment folk-électro.


 


Et demain ça pourrait changer ?


Sarah: Demain je peux écrire un album de chants a capella si je veux... Il est impossible de définir June Bug dans un seul genre.


 


Fearless, votre dernier album, a été écrit autour du thème du confinement ?


Sarah: Non ça ne parle pas du tout de ça. "Fearless" est un morceau que j'avais écrit il y a dix ans, je n'étais jamais parvenue à trouver son identité sonore. Peut-être qu'il aborde des émotions qu'on a pu ressentir durant le confinement, mais sinon j'aborde des thèmes très variés: il y a une chanson sur la mort car j'ai perdu des amis récemment, il y a un titre sur la naissance car je suis devenue maman, un autre sur la célébrité et ses contradictions par rapport à la surconsommation. Ce sont des thèmes en général profonds, ou alors de société, de critique sans être jamais dans les détails. Par exemple beaucoup de personnes pensaient que "Rollecoaster"  était une chanson d'amour, alors que c'est un titre pour mon enfant. Les paroles ne sont pas claires, ce qui fait que les gens peuvent se les approprier comme ils veulent. 


 


Où en est le statut de la femme interprète/ faisant partie d'un groupe de musique aujourd'hui ?


Sarah: Je pense qu'il reste beaucoup de choses à faire. J'ai eu cette chance de ne m'être jamais sentie enfermée, car au départ mon but n'était pas de faire de la musique dans ma vie et d'en vivre. Même si mon public n'était pas content de ma musique, je me disais "bah tant pis, t'es pas obligé d'être là", c'était vraiment frontal. C'était plus facile car je savais ce que je faisais et pourquoi je le faisais. Aujourd'hui c'est devenu mon métier, et je sens des différences femmes-hommes, de rapport et j'en parle dans le morceau "Clap Your Hands" qui parle de célébrité et du fait que tu peut être jeté(e) comme une marionnette. 


Béryl: Je travaille avec une autre chanteuse, faut pas le dire à June Bug (rires), elle dit qu'effectivement le traitement n'est pas le même, que quand elle est face à des hommes on lui fait ressentir qu'elle est la chanteuse et qu'elle ne connait pas son métier. Nous, les autres musiciens, on doit répéter ses propos pour qu'ils soient validés. Sur ça on a du chemin à faire. Portant si la chanteuse dit quelque choses c'est tout: c'est dit, c'est dit. A côté de ça je trouve qu'il y a énormément d'artistes féminines qui font de la musique qualitative, en France ou à l'international. Récemment j'ai eu plus de coups de coeur sur ces artistes que sur des artistes masculins. Je pense à Jeanne Pas Jeanne par exemple...


Sarah: Aujourd'hui ça m'atteint davantage de constater que les gens, des proches parfois, ont droit à des traitements différents. Après c"est moi qui fédère dans le groupe, qui leade le projet donc si ça va pas, je tape du poing sur la table...


Beryl: Mais ça te met dans une fragilité aussi, t'es davantage libre mais ce qui peut-être difficile finalement. Et si tu veux rentrer dans le système de la musique, généralement dans les hauts postes hiérarchiques c'est pas des femmes que tu vas trouver.


Sarah: Mais comme je gère les à-côtés du groupe aussi, ça génère une confiance en soi, on me parle pas comme à une enfant de dix ans ou comme à une femme. Enfin on peut, mais je vais m'interposer.


 


En parlant de solidarité féminine, tu as fait un projet avec Lena Deluxe ?


Sarah: C'était une commande des 4écluses (à Dunkerque), c'était un groupe éphémère. Avec Léna on est copines. Il y a une forme de sororité entre nous et on se comprend. On discute beaucoup quand on a pas apprécié des choses... C'est important. Dans le nord, il y a pas mal d'artistes féminines qui ont créé des collectifs pour se soutenir (Loud'her et y en a d'autres).


 


Et la scène rock nordiste, elle est comment ? Foisonnante ?


Sarah: Oui, mais c'est comme un peu partout, il y a plein de choses, mais c'est à l'auditeur d'aller chercher la nouveauté.


Pierre (le batteur): Si on parle du nord, j'y habite plus depuis dix ans quasiment, oui il y a une belle part de créativité. Mais par contre je trouve que la réponse en terme de programmation est pas forcément en adéquation avec ça. Que ce soit dans des petits lieux, mais aussi des plus grands. Il y a un côté frileux du côté alternatif et de ce qui sort du cadre. 


Sarah: C'est pour ça que c'est cool qu'il existe la scène du Bastion au Main Square. On sent qu'il y a un effort qui est fait de ce côté là.


 


Et pour conclure sur votre musique, on y sent un côté aussi enjoué que mélancolique...


Sarah: Oui il y a les deux. 


Béryl: Une obscure clarté (rires).


Sarah: Il y a des émotions qui s'entrechoquent, on aime cette dualité. C'est jamais dark jusqu'au fond du trou il y a toujours une lumière. Un côté doux avec la voix et des arrangements forts autour. On n'est pas là pour faire une musique parfaitement accordée, pour que ça se vende absolument.


 


Il y a Télérama qui a parlé de vous quand même !


Sarah: Oui ! On est contents. Même Lucie (qui s'occupe des relations presse) était étonnée d'avoir une réponse. C'était un bon article, on était quand même un peu stressés parce que c'est Télérama (rires) mais ça va ils ont été gentils.


 


Et pour finir qu'est ce qu'on peut s'attendre à voir cet après-midi dans le concert de June Bug (je ne pourrai pas y assister au vu de mon emploi du temps bien chargé sur le festival) ?


Sarah: Il est assez varié, c'est curieux, il y a une batterie, des machines, des pads, de l'électro mais aussi des passages libres. Techniquement ça demande beaucoup de calages aussi. On a un set de quarante-cing minutes pour lequel on commence doucement, et on monte l'intensité progressivement. 


 


Merci à Sarah, Pierre, Béryl et Lucie pour cet échange !

Commentaires
MathildeAR, le 15/07/2023 à 15:18
@Walter White: on a la discrétion qu'on mérite ;)
Walter White , le 10/07/2023 à 21:52
Stephane m a payé pour venir supporter le groupe au Main Square, ma fille a même fait une pancarte de soutien au groupe, resultat: on est passé sur BFM LILLE ,super la discrétion ;
DanielAR, le 09/07/2023 à 19:44
La formule définitive : c'est du "seventies contemporain" ! Depuis le temps que je cherchais des termes appropriés... Génial.