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Tremplin Hellfest


Christine, le 18/05/2011

Interview : les groupes

Adepte de la mélodie, du basique couplet- refrain-couplet et des voix limpides, passe ton chemin ! Ce soir, ce sont les x-factors des musique extrêmes qui nous accueillent dans les loges de la Coopé. Mais pourquoi donc ont-ils choisit , ces jeunes et beaux garçons qui ont tout pour réussir, de s'encanailler avec une musique aussi difficilement abordable pour le néophyte ? Des rythmes déstructurés, des cris, ...on est bien loin du "Let the Sunshine" de notre comédie musicale préférée. Et bien, fi de l'image du métalleux schizophrène massacrant consciencieusement un titre à grand renfort de blast beat . Ce sont des jeunes gens bien dans leur peau, avec une sacré dose de plomb dans la tête qui vont nous donner les clés pour mieux comprendre cette musique rejetée, attaquée, diabolisée, ou au contraire adulée. La composition, l'écriture des textes, l'accueil des scènes françaises et étrangères, la valeur du "cri", leur engagement musical, leurs projets... Hardcore et Death Metal, yaourth et riffs distordus, bienvenue sur la scène du Tremplin Hellfest avec Anorak, (Platane), Nesseria et Ad Patres !


Bonjour et merci de nous recevoir!
Avant tout, pouvez-vous vous présenter ?


Nesseria : On est ensemble depuis 2005, on a commencé par faire des split, des albums avec d'autres groupes, et en 2009 notre premier album. Et au niveau concerts : cinq tournées européennes, une japonaise, une canadienne...

(Platane) :On a fait déjà beaucoup de concerts, mais on a changé souvent de nom de groupe. Nous avons commencé à deux, batterie et guitare, nous sommes cinq maintenant et çà fait 5 ans qu'on joue.

Ad patres : On vient de Bordeaux, on s'est formé fin 2008, certains des membres faisaient partie d'un groupe de grind qui s'appelait IOST, et quand IOST s'est arrêté, on a proposé à Yann (le batteur) de venir jouer avec nous. Puis sont venus nous rejoindre un deuxième guitariste et Axel en remplacement de notre chanteur.

Anorak : On vient d'Amiens, on existe depuis fin 2005, même si on se connaissait pour certains depuis le lycée. On a commencé les concerts dès qu'on a eu un set d'environ 35 mn, beaucoup dans notre région au début, une démo en 2006, un EP en 2007, un premier album en 2009, le deuxième va sortir. Et on bouge un peu, on développe les concerts.

Quelles sont vos actualités ?

Ad patres : On vient d'enregistrer une démo 3 titres pour démarcher les salles et les labels, et aussi pour matérialiser notre existence. Chacun d'entre nous a individuellement de l'expérience en matière de concert, et en tant que groupe on doit avoir une dizaine de concerts à notre actif.

(Platane) : Pas mal de concerts, et un enregistrement de janvier 2010 qu'on a sorti cette année, un E.P. 6 titres qui s'appelle Akènes. Ce sont les fruits du platane, en fait ! On a mis un an pour le sortir, on y a mis tous nos ronds, toutes nos billes ! On voulait de la qualité.

Anorak: Dès mercredi (20 avril) , on part pour une tournée de neuf dates, dont la Belgique, l'Angleterre, l'Irlande...

Si on devait vous positionner par rapport à des groupes ...quelles sont vos références musicales ?

Nesseria: Musicalement, on est influencé par des groupes comme Converge, Nostromo...du Hardcore extrême.

(Platane) : Diverses, selon les membres, mais on a un terreau commun : le Punk-Hardcore des années 90, Fuggazi...en fait, aujourd'hui, on accroche plus sur des sons que sur des groupes...mais on fait aussi des choses plus groovy....

Ad patres : On est en décalage avec la mouvance Death actuelle, où il y a d'excellent musiciens certes, mais où malheureusement on perd le côté ...je ne veux pas dire mélodique, mais basique, avec des vrais morceaux. Désormais c'est de la démo, on en prend plein la tête, il manque un peu l'esprit de départ. On a essayé de s'accrocher à ce qu'était le Death-Metal des années 90, avec des membres plus jeunes, du coup çà a un peu rénové le registre.

Anorak: Oui, on est "pétris" d'influences ! Forcément, il y a des groupes qui marquent. Je pense que ce soir tu vas retrouver un peu les mêmes noms : Converge, The Dillinger Escape Plan....ou en suisse Nostromo ou Knut...A un moment donné, je ne me reconnaissais plus dans le Metal, et ce genre de groupe, çà m'a "sauté à la gorge", il n'y avait pas tous ces trucs théâtral...et puis il y avait un côté punk dans la façon dont c'était joué....
Maintenant, il y en a d'autres...il y a plein de choses...

Comment sont construites les compositions, l'architecture des morceaux ?

(Platane): La musique est "première". En répetition, je chante en "yaourth" d'abord, puis je ré-écoute les fichiers et j'essaye de trouver les mots qui collent le plus près possible du "yaourth".

Ad patres : Le chanteur place son chant comme un instrument, son "yaourth" rythmique, on pose les paroles qui correspondent.

Anorak: Il y a une base avec la guitare, je travaille avec une boîte à rythme. Il y a souvent une structure de deux ou trois riffs qui s'articulent, et puis on part de çà. Et si çà passe bien, le batteur se cale sur quelque chose qui groove et on construit autour. On ne parle pas vraiment de refrain et couplet, mais plutôt " est-ce que ce riff on y revient ?", ...etc...en bref, l'armature, c'est : guitare et boîte à rythme, on construit autour, et Aurélien pose son chant.

Dans les textes que vous écrivez, il y a un message ? De quoi parlez vous ?

Ad patres : Il y a pas mal d'écueil à éviter : les trucs gore, les trucs sexuels...les trucs hyper cliché...je trouvais un peu difficile au départ de faire des paroles de Death sans passer par des clichés...
Sinon, on est sur des thèmes comme la persécution, la schizophrénie... Mais de toute façon, dans le Metal extrême, le message est musical, et il est important que les mots soient dans la même dynamique que ce que l'on raconte avec la musique.

(Platane) : Ce sont plutôt des histoires que des trucs idéologiques, après, on peut en tirer des enseignements ou pas....par exemple, dans "My Little Vietnam", c'est un homme qui s'engueule avec son ombre...en fait, les textes sont souvent posés à partir d'une idée, d'une ambiance, mais ils ne sont pas premiers...il y a d'abord la musique. Je chante en anglais, mais je me pose la question de passer en français, il y a des groupes qui le font, et çà rend bien en fait.

Anorak: Les thèmes viennent de l'expérience, de l'imagination. Ce ne sont pas du tout des paroles politisées, c'est plus un univers, chaque chanson a son univers, sans forcément de forme narrative. On ne cherche pas à véhiculer des idées.
On écrit en anglais, je vais peut être m'essayer au français, mais çà va sûrement être compliqué...c'est la langue maternelle, il faut ...c'est de la poésie....En anglais, pour ce style de musique, on est plus dans les sonorités, l'impact. C'est la tessiture du chant, du cri qui compte. Les impacts, les syllabes, les temps sur lesquels le chant est posé sont toujours là avant les paroles. Après on adapte les paroles, avec par exemple "là, il me faudrait un mot de trois pieds..."

Nesseria: Le concept de notre album (éponyme), c'est le racisme social. Celui où les gens sont mis de côté parce qu'ils ne respectent pas les "temps de passage" : à 20 ans tu sors de l'école, à 25 ans tu touches tant de salaire, à 28 tu as un enfant, à 30 tu achètes une maison....et il y a un dénigrement des personnes qui volontairement ou non ne respectent pas ce rythme. Le racisme social, çà commence à l'école, çà continue dans le travail, même dans la vie de famille...c'est vraiment çà l'idée, c'est de traduire les sentiments des gens exclus socialement.
Pour nous, les textes sont importants, ce qu'on veut dire reste le moteur de ce qu'on fait musicalement. Les paroles sont disponibles sur internet, on les commente, on les traduit aussi pour l'étranger. On écrit en français, même si le français est un peu plus difficile rythmiquement...mais une autre langue enlèverait de la spontanéité, de l'honnêteté.
On a eu certains problèmes avec l'album sur des textes, sur un morceau qui s'appelle "53%" et qui fait référence à la dernière élection présidentielle, on s'est fait insultés par des métalleux UMP, et puis on a eu des soucis en Allemagne avec des photos de presse, où les gens ont pu penser qu'on était du bord opposé ! c'est assez marrant de voir comment les gens réagissent au message, de façon diamétralement opposée !

Pourquoi ce choix de vous exprimer avec ce style musical qui est quand même particulier ?

Ad patres : Nous n'étions pas trop dans des groupes de Death, comme ce que l'on fait aujourd'hui, mais c'est là-dessus qu'on s'est retrouvés. Notre démarche, c'est de se faire plaisir et jouer la musique qu'on aime, sans trop surfer sur les vagues musicales qui passent, on ne calcule rien...

Nesseria: C'est non seulement par goût, mais aussi par besoin d'exprimer une frustration, une rage...çà peut faire cliché, mais c'est vrai...çà soulage, vraiment, ce n'est pas donné à tout le monde d'avoir l'occasion de hurler en faisant énormément de bruit, je vous garantie, çà fait du bien ! il y en a pour çà qui font du sport, qui font du kickboxing dans une salle...

Anorak: C'est avec ce groupe là...mais on est loin d'écouter que de çà, j'ai aussi besoin de choses calmes, et on tournerait en rond. Mais avec ce groupe, c'est çà...quand j'étais jeune et que je composais je faisais du funk, du rock, du ska, mais là on a trouvé une unité. On a tous joué dans d'autres groupes, on joue aussi dans des formations beaucoup plus rock'nroll...Mais là, ce n'est pas l'objectif

(Platane) : C'est un exutoire....on ne se voit pas faire de la musique qui ne soit pas un exutoire.

Le style Death, Hardcore, comment l'aborder quand on ne connait pas ?Comment invitez-vous les néophytes à écouter votre son ?

(Platane) : Par la scène ! le disque est vraiment plus brut de décoffrage ! Une fois passé le mur de la saturation, il y a des gens qui aiment bien parce qu'il y a des moments quand même assez groovy. On l'a dit, c'est un exutoire, il y a la batterie, la guitare qui pousse au cul, mais on fait çà dans la bonne humeur ! Bien sûr, souvent, il y a la barrière du cri, les gens peuvent apprécier les mélodies, mais ils nous disent "il faudrait que le chanteur chante, qu'il arrête de crier", mais ce ne serait plus nous !

Nesseria: On nous dit souvent "on ne comprend pas votre message", mais ce côté incompréhensible de la voix illustre notre propos. La musique, c'est la forme, et elle sert à exprimer le fond, les thèmes. Ce côté radical et désarçonnant de la musique sert à appuyer notre propos.

Ad patres : Evidemment, le premier truc qui bloque les gens, c'est souvent la voix du chanteur...la musique très rapide, le type de son. Mais je pense que c'est une musique qui finalement, a contrario du Black Metal ou du Metal plus basique, est plus recherchée dans la structure de composition. Ce n'est pas comme du Slayer ou autre où l'on retrouve le générique" intro-couplet-refrain"...Là, le Death Metal, c'est plus ...free style.
Mais il y a du progrès, tous les styles ont tellement évolués qu'ils rentrent dans les moeurs, on s'habitue. Des groupes comme Slipknot, avec du gros son, ont amené les gens à passer les barrières de la voix, des blast-beat, qui rebutent au départ, pour finalement découvrir que derrière il y a une musique puissante. La mentalité du style Death Metal n'est pas aussi fermée que çà, contrairement au Black, qui veut rester élitiste, réservé aux puristes. Mais çà fait partie du créneau !
De toute façon, une des clés de base pour pouvoir aborder le Death Metal, c'est quand même une certaine attirance vers la brutalité... l'intensité, oui, très bon mot ! (rires).

Est-ce que vous pensez avoir une bonne scène en France ? quel est l'accueil du public ? et à l'étranger ?

(Platane) :.....Je ne sais pas s'il y a un pays qui accueille vraiment bien ce genre de musique...peut être la Suède ? Que ce soit la France, les Etats-Unis...tout ce qui est Metal, Hardcore...dès que çà crie....On a des groupes comme "System of a Down" qui au niveau musical envoie aussi du costaud, mais la voix est plus....agréable...(au chanteur : "je ne veux pas dire que ta voix n'est pas agréable !").
Et puis de toute façon, à la base, tu es invité par des gens motivés par cette musique, à partir de là, l'accueil est chaleureux, les gens, ils viennent chercher çà.

Anorak: On a déjà fait des concerts dans un squat punk, où les gars écoutaient vraiment du punk binaire...et on se disait "oh la la , on va passer après, ils ne vont pas du tout accrocher", et en fait çà c'est super bien passé, et dans d'autres cas, c'est moins accueillant. Mais çà dépend aussi de nous, peut être qu'on fait un moins bon concert...On s'adapte, on joue souvent avec des groupes de Noise, de Punk, paradoxalement, on joue très peu avec des groupes de Metal classique....de l'expérimental aussi, et en fait, les gens qui écoutent çà écoutent un peu de tout, il y a quand même une ouverture d'esprit. Après... on sait que l'on n'a pas la notoriété...

Ad patres : En France, le style reste très controversé, on n'a pas cette culture. On est toujours en décalage...quand un style émerge, venant de l'étranger, on est en retard. On n'a pas la culture de l'extrême, on n'a pas de gens qui se consacrent au Metal extrême à temps complet comme on peut l'imaginer dans les pays scandinaves. Il y a un problème de crédibilité, il n'y a pas de gros groupe de Metal extrême qui se soit détaché, ou très peu ..Gorod, Gojira, ... donc les gens à l'étranger sont interpellés, mais ils ne vont pas se précipiter par exemple en se disant "Ah, un nouvel album d'un groupe français...", ce sera plus de la curiosité qu'autre chose.

Nesseria: Là où on est le mieux accueillis ? Japon et Allemagne ! Au Japon, ils font jouer beaucoup de groupes, ils sont là pour faire la fête, ils sont forcément attentifs. Il y a un aspect "partage" avec le public, ils jouent çà à fond, le public est vraiment réceptif. Même les plus petites salles de concert sont super bien équipées. Et en Allemagne, ils ont une culture différente, plus rock en règle générale, il y a plein de petites salles de concerts qui pullulent un peu partout...Il y a aussi les pays d'Europe de l'Est et l'Espagne !

Qu'est-ce que représente votre sélection au Tremplin Hellfest ?

Nesseria: La compétition entre les groupes, çà ne nous plait pas du tout, c'est la date qui est importante. Jouer à la Coopérative de Mai c'est bien, au Hellfest, c'est bien aussi, c'est sûr, çà fait de la pub ! mais franchement, l'important, c'est de faire un bon concert ce soir ! Je ne pense pas que nos collègues soient non plus dans un esprit compétition, çà n'a pas de sens ! on ne fait pas de sport, on fait de la musique !

(Platane) : Déjà, c'est étonnant d'avoir été choisi parmi plus de 200 groupes ! Et puis il y a le fait de jouer dans une grande salle, en-dehors de Paris....le challenge, c'est un plateau d'ouverture de 8m ! Avec des retours ! on est un peu comme des enfants dans une boulangerie !

Ad patres : Bien sûr, on sera contents si on gagne, mais pour nous c'est aussi une bonne opportunité de faire un concert dans des conditions superbes, grosse scène, un super son, quoiqu'il arrive, ce sera une super soirée. Et çà nous a vachement fait de promo !

Anorak: Pour nous c'est un concert, une bonne salle, on va jouer dans des conditions optimales. Le Tremplin, le concours, ce n'est pas ce qui motive.

Et indépendamment de cette soirée et du Hellfest, vous avez des ambitions, un rêve ? vous vous voyez comment dans un an ou deux ?

Anorak: On fait un petit road trip musique...un nouvel album qu'on vient de recevoir. Notre ambition, c'est composer de nouveaux morceaux, trouver des dates pour tourner, dans de bonnes conditions, des dates en Allemagne, en Suisse...les albums, c'est une raison pour bouger, pour tourner.

(Platane) : On a tous des vies bien remplies, on n'imagine pas forcément une immense carrière, mais par contre, avoir suffisamment de motivation et de moyens pour tourner un peu plus en dehors de la région parisienne...récupérer suffisamment de fric pour enregistrer un disque...pouvoir continuer tant qu'on a envie ! Un label et un tourneur, ce serait bien ! On n'a pas l'ambition d'en vivre, c'est vraiment pour se faire plaisir.

Ad patres : On a envie de faire quoi ? de la super bonne musique, et s'éclater.
Jouer sur un yacht ? Dans l'espace ! Non, on a prévu l'enregistrement d'un album dans le courant de l'année, cet été. On va continuer à démarcher concerts, labels...
Dans le groupe, nous sommes en majorité dans la vie active depuis un moment, et tous lucides sur ce qu'est le Metal extrême, ce que cela représente dans nos vies, et nous sommes très contents comme çà, on prend çà comme du plaisir. C'est déjà vraiment chouette tous les retours qu'on a sur la démo que l'on a faite, tous les gens qui nous suivent, qui nous encouragent...
Et puis tu sais, quand on envisage les choses sous un point de vue professionnel ou comme un moyen de gagner sa vie, çà corrompt toujours à un moment donné la musique, et çà, c'est pas bon. Restons fidèles à ce qu'on aime !

Nesseria: En vivre, mais çà ne veut pas dire gagner de l'argent, çà veut dire l'inclure dans ta vie : aller jouer à l'étranger, partager avec le public, jouer avec des groupes avec qui on se sent des affinités musicales, échanger avec les organisateurs qui nous accueillent...même jouer pour 30 personnes qui sont "à donf", passer des supers soirées grâce à l'énergie du concert...çà c'est en vivre !

Le mot de la fin ?

Nesseria: Je dirai : "que le meilleur gagne !"
Ad patres : Il n'y a plus de fromage pour finir le pain !
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