
Rock In Toulouse
A force d’arpenter les salles obscures, cela fait un bon bout de temps que l'on a du se rendre à l'évidence. Même si la ville rose ne possède pas de magazine ayant pignon sur rue pour les pousser sur le devant de la scène, il n'empêche que ses sous-sols grouillent de formations plus intéressantes et prometteuses les unes que les autres. De jeunes groupes prêts à en découdre. Et ce qui devait finir par arriver s'est tenu ce vendredi 9 mai. La jeune garde toulousaine s'est enfin décidé à prendre les armes sous l'impulsion de The Shaking Heads, et entre nous, il aurait été bien stupide de résister à la tentation. Surtout lorsque, le temps d'une soirée, elle décide de s'approprier un des salles mythiques de la région. Alors autant dire que ce soir, au Bikini, il risque fort de flotter comme un parfum d'Angleterre lors de ce Rock In Toulouse…

Deuxième à fouler les planches, The Harry Rags emballe rapidement la machine en déversant sur l'auditoire son garage punk version 60's avec un chanteur réussissant l'improbable : combiner le phrasé d'un Pete Doherty (dont ils ont d'ailleurs fait la première partie) et le déhanchement d'un Mick Jagger au plein milieu de sa forme. "Back In Town", "Please Please Please", "Bye Bye", ... Rien de tel finalement pour donner ses premières sueurs au Bikini que de lui rentrer dans le choux en balançant de grandes salves de synthé tout en se vidant les tripes. Et ça, The Harry Rags semble l'avoir bien compris en ne laissant aucune échappatoire à son public durant la bonne demi-heure de leur set. Ce soir le mot d'ordre semble être clair : tu transpires ou tu crèves.

On se fraie rapidement une saignée jusqu'au niveau des barrières, histoire de mieux apprécier le concert suivant. Il faut dire que concernant The Shaking Heads, on a déjà pu largement se rendre compte de quoi ils étaient capables. Reste juste à savoir comment les organisateurs de la soirée vont bien pouvoir apprivoiser une salle d'une telle ampleur. Entrée en scène sur fond de batterie, le groupe investit les planches comme si tout cela leur était familier, alignant les titres avec une présence scénique et dans une débauche d'énergie qu'on ne leur avait encore jamais vue. "Take Her For A Ride", "Bad Girl", "She's Got A Date", tout cela n'aurait pas été complet sans leur habituelle reprise de "Try It Again" de The Hives emmenée par un Sam bondissant aux quatre coins de la scène. Rappel improbable car visiblement non prévu, le groupe ne se privera heureusement pas de tout rebrancher le temps d'une reprise des Artic Monkeys, histoire d'achever l'auditoire comme il se doit. Grosse sensation que ces Shaking Heads qui, en plus d'être en passe de réussir leur soirée, viennent d'assurer un set irréprochable.

Mais pas le temps de tergiverser que Meltintone investit déjà la scène. Pull sans manche sur polo vert, les cinq musiciens versent dans un pop-rock plus traditionnel, alternant entre hymne des fosses ("The Machine"), ballade emmenée par Floran et son synthé ("As A Wiseman") et morceaux plus classiques ("A Fiver For A Soul", "Messiah"). Et malgré l'absence du batteur, visiblement remplacé au pied levé par le frangin d'un des membres du groupe, Meltintone réussi sans problème à assurer son show en évitant les quelques embûches tendues en route par les gars de The Rodeo Darlings. Si une question de timing ne s'était pas incrustée, on aura même eu droit au deuxième rappel. Mais pas le temps, libérez la scène et... Suivant !

Car malheureusement pour les Bogart & The Addictives, le public toulousain ne semble pas être du genre couche-tard ce soir là. L'air un peu déçu d'arriver après la bataille, les quatre musiciens et leur dégaine d'intello "propres sur eux" ne se privent cependant pas pour sonner le rappel des derniers insomniaques sur fond de punk à tendance new-wave. "Superheroes Bogart", "Monsoon Lovers", les titres s'enchaînent et tant pis pour les flemmards. Au fond, ils ne savent pas ce qu'ils ont raté.
On quitte la salle tout content de la soirée passée et encore impressionné de ce qui vient de se dérouler sous nos yeux. Entre confirmation pour certains et véritable révélation pour d'autres, la ville rose n'a vraiment pas à rougir de son bataillon de rockers. Et quand, au détour d'une conversation, on apprend de la bouche des Shaking Heads que ce genre d'aventure risque de se reproduire dans un avenir proche, on se dit que l'on tient peut être la meilleure nouvelle de la semaine. Du coup, vivement la prochaine !
Un grand merci à Xavier et aux Shaking Heads.