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Interview : Christine & the Queens


Emilie, le 04/10/2013
Christine est un personnage "freakpop" né de rencontres londoniennes, et entouré de la force de ses (drag) Queens. Son EP huit titres Nuit 17 à 52" est sorti en juillet dernier, cachant dans ses pistes quelques morceaux entêtants et bien trempés. Le même mois, elle venait fouler le sol de la scène du Fnac Live, place de l'hotel de ville à Paris. C'est à cette occasion que j'ai rencontré Héloise, avant qu'elle ne se transforme en Christine.


Au départ tu évoluais dans le théâtre et non la musique. C’est l’univers de Londres, et les rencontres que tu y as fait qui ont été le point de départ de tout ça ? Ou germait déjà en toi l’envie de te lancer dans la musique ?

Je pense que c’est plus cette rencontre avec les travestis et Londres qui a vraiment déclenché cette envie là. Après la question est plus, est ce que j’ai toujours eu cette envie là sans jamais m’autoriser à le faire ? Et que j’avais trouvé le théâtre pour faire de la scène sans être complètement à l’aise dedans. Mais j’ai vécu ça un peu comme une révélation, un déclic qui m’a vraiment donné l’envie de chanter. Avant je n’aimais pas du tout ma voix chantée, c’est bizarre en fait mais je n’aimais pas utiliser ma voix chantée. Je trouvais ça pas très gracieux. Et donc, il y a plein de choses qui se sont mises en place à Londres, que je me suis autorisée de faire et que je n’avais pas du tout fait avant. C’est pour ça que j’aime parler d’une date de naissance du projet.

Donc tu as retravaillé ta voix ? Ou ce sont les machines qui t’ont aidé à la remanier ? Car tu travailles chez toi sur ordinateurs

Oui oui je travaille chez moi. En fait tout se travailler sur le tas, c'est-à-dire que j’ai composé un peu toute seule avec les moyens du bord, avec le logiciel tout simple GarageBand, donc tu vois j’ai commencé avec des choses très simples. Après, plus je compose plus j’apprends à chanter aussi. Au départ je ne m’autorisais pas à aller haut ou bas dans ma tessiture, et je pense que c’est au fur et à mesure que je travaille que je progresse sur la voix. Je n’ai jamais trop pris de cours de chant, maintenant je commence à en prendre, parce-que quand on commence à faire de la scène il faut la travailler comme un muscle.

D’accord ! Quand tu as commencé tout ça, ce sont plutôt les textes qui t’ont emmenée vers la musique, ou l’inverse ? Car j’ai le sentiment que dans chaque morceau, l’un porte l’autre.

Oui c’est vrai. C’est vrai que les deux se dissocient mais chez moi il n’y a pas d’ordre. C'est-à-dire que parfois je commence par la musique, parce que j’ai une ligne de basse, une rythmique qui me donne envie d’écrire un texte. Et des fois je n’ai que le texte. Et je pense que c’est aussi l’avantage de travailler seule, je fais exactement comme je veux, des fois ça peut partir d’une phrase que j’ai et je me lance. Du coup il n’y a pas vraiment de règles quoi.

Et dans tes textes justement, j’ai l’impression que tu as tendance à dénoncer ce que tu vois, ou peut-être est-ce juste une description de ce qu’il se passe autour de toi ?



En fait, à la base le personnage de Christine est né de frustrations que moi j’avais en tant que jeune fille dans une monde aujourd’hui qui est le mien. C’est un peu un personnage réaction à tout ce qui m’énervait. C'est-à-dire : la société est obsédée par la propreté eh bien Christine va dire qu’elle sera sale par exemple, tu vois ? Des espèces de positions un peu polémiques et théâtrales aussi. Ce qui m’intéressait c’est que ce personnage là soit un peu un trouble faîte. Donc forcément il y a des textes dans cette esthétique là, comme une chanson qui s’appelle « Be Freaky » qui veut donc dire « sois bizarre ». Ca partait vraiment d’un sentiment que je pouvais avoir moi, de me sentir pas à ma place, et je me suis dit que j’allais en faire une force. Et maintenant plus ça va plus je m’apaise dans ma tête –rires- mais ce personnage est vraiment important pour moi. Je pense que ça vient aussi de cette façon de penser « queer », donc défendre ce qui est différent. On a envie d’être une femme on l’est à sa manière, une sorte de liberté d’être soi même et pas plus.

Donc cette liberté de t’affirmer et d’être toi-même, tu te l’es appropriée avec ces queers ? Et tu en fais une force pour écrire

Oui vraiment. Là-dessus ils sont assez exemplaires parce que ce sont souvent des gens qui ont des histoires compliquées, leur passion est en général assez compliquée aussi, mais par contre il y a un côté absolument flamboyant. Ils prennent beaucoup de leur tristesse et de leur frustration pour en faire un truc énorme. Et c’est ce qui fait que pour moi, ce sont des personnages très émouvants aussi. Ce sont des personnages pop dans le sens où ils peuvent toucher vraiment n’importe qui.

Et tu penses que cette place de l’identité dans ce que tu fais est due à ça ? Car la mode et le sens de l’esthétique sont importants pour toi, et il y a une part importante dédiée l’identité dans les textes, voire la double identité.

Oui oui oui, c’est prendre ce qu’on est et en faire quelque chose de fabuleux. Et tout tourne autour de ça. Puis la double identité également, déjà Christine n’est pas mon vrai prénom, je trouve important de différencier les deux. Sur scène je peux vraiment exploser grâce à ça, devenir ce personnage me libère beaucoup, et puis après ça me permet de calmer le jeu et sortir de scène et continuer normalement. J’aime ce rythme là, avoir une vie coupée en deux.

Tu travailles seule derrière ton ordi pour les chansons, mais sur scène comment ça se passe ? Je ne t’ai jamais vue sur scène, j’avoue tout, mais j’ai lu qu’au début tu étais accompagnée de juste ton ordi. Est-ce que maintenant tu es accompagnée ?


Ha haaaa ! J’te dirai pas ! –rires- Bon en fait j’ai commencé à faire beaucoup beaucoup de choses toute seule, et récemment je commence à m’entourer mais pas d’une manière très classique parce que mon parti pris était encore une fois, de faire un show. C'est-à-dire que moi j’aime vraiment les spectacles à l’américaine, bon je ne suis pas Michael Jackson hein, j’aimerais bien mais je ne peux pas. Mais quand je pense à un live, je ne pense pas à un live de guitares-batteries, je pense à une performance. Et du coup là depuis peu, j’ai commencé à m’entourer de danseurs… Je danse aussi un peu, et là il fait hyper chaud donc j’espère que je ne serai pas toute rouge tout à l’heure mais bon.

Ok ! Moi je m’imaginais quelque chose à la Fever Ray version française, ou plutôt The Knife car un peu plus pop …

Alors The Knife c’est fou que tu m’en parles là parce que je ne sais pas si tu as écouté leur dernier album et vu leurs derniers concerts, mais je trouve que ce sont deux projets assez impressionnants. The Knife on sorti récemment un album avec un manifeste presque politique, enfin tu vois un message politique important, et tous leurs concerts sont fait complètement en playback avec que de la danse.
Ha oui ! Et ça a dérangé beaucoup de gens quand ils sont passés à la Cité de la Musique
Voilà c’est ça ! Ca a énervé beaucoup de gens mais moi j’ai trouvé ça assez fabuleux parce que j’ai trouvé ça courageux et casse gueule, donc ça me plait. C’est en fonction de ma sensibilité. Mais c’est drôle que tu m’en parles parce qu’ils sont vraiment dans une énergie dansée, ils ont écrit de super beaux textes sur la danse, l’affirmation de soi enfin bref. Donc voilà, c’est ma philosophie booon, ok ça c’est déjà fait –rires

Dans quelques chansons à toi, il y a des passages en français. Est-ce que tu abordes ces morceaux en français différemment des autres ? Tu te sens plus mise à nue, ou tu cherches à montrer quelque chose d’autre par ça ?

Mise à nue ça c’est sûr. Parce que le fait de parler français crée une autre écoute directement. Et ce qui m’intéresse c’est de, dans une même chanson, faire coïncider l’anglais et le française pour ça. Parce que l’attention change d’un coup pendant la même chanson. Après comme moi j’aime mélanger les genres et les esthétiques, être dans un trouble dans le genre, différentes langues dans une même chanson ça fait des ruptures intéressantes. Ca fait des poétiques intéressantes. Tu n’écris pas pareil en français et en anglais donc c’est passionnant à travailler aussi.

Les styles sont également mélangés à travers les morceaux. Au fil des pistes les ambiances sont très différentes, comment as-tu voulu construire musicalement cet album justement ?

En fait, quand tu peux écouter l’EP tu sens qu’il y a plein d’univers assez forts et assez différents mais en fait c’est parce que je réfléchis vraiment par chanson. C’est peut être un défaut pour le coup, mais je me concentre sur chaque titre comme si c’était un objet fini en soi. Et après j’en fais des groupes pour des EP ou des albums mais chaque chanson me pousse à faire un travail différent sur le son. Après j’aimerais bien trouver un peu plus une cohérence entre les titres, et ça va être mon travail je pense. Faire que ce soit assez reconnaissable de chanson en chanson pour en faire un univers fixe. En attendant je reste un peu schizophrène là-dessus –rires.


Mais c’est ce que l’on attend de Christine and the Queens au final. On sait bien, une fois que l’on entre dans ton univers que ce ne sera pas guitare voix avec parfois une note qui change. C’est très visuel, graphique, et tout fonctionne ensemble

Oui oui, disons qu’aujourd'hui je trouve que plus ça va, plus on pousse les artistes à développer tous les côtés esthétiques du projet. Moi en l’occurrence ça m’a toujours intéressé ce côté-là, car j’aime me créer un personnage, j’aime la mode, et j’aime porter un personnage aussi. Je pense vite à des photos, des vidéos enfin quelque chose pour asseoir l’esthétique.

Est-ce que tu pourras sortir deux ou trois titres de ton EP Nuit 17 à 52, qui seraient représentatifs de ton univers ?

Alors… Déjà forcément le morceau éponyme, elle est assez importante pour moi émotionnellement. C’est la première chanson dans laquelle j’ai complètement mélangé le français et l’anglais. Elle paraissait un peu sortie de nulle part quand je l’ai composée, c’est aussi pour ça qu’elle est importante. Sinon « Starshipper » est l’une de mes préférées, question univers sonore j’en suis assez contente, ça colle à une esthétique que j’aimerais défendre. Je trouve qu’elle représente bien le personnage de Christine.

Ce sont les deux que j’avais noté de mon côté ! Et donc ce projet est soutenu par Because, comment s’est passé la rencontre et qu’est ce que ça t’a apporté ce soutien professionnel ?

Alors je crois que ça s’est passé par un mouvement des deux côtés car moi je cherchais un label ... Surtout pour avoir des moyens financiers, pas tant pour avoir un directeur artistique mais pour avoir les moyens de faire ce que j’avais envie de faire. Et ce qui est bien avec Because c’est qu’ils sont dans une démarche de signature avec des artistes mais sans coller leur univers. Ils sont assez respectueux de ça. Et de mon côté j’ai toujours aimé leur catalogue donc j’étais très contente que le dialogue s’instaure. Ca s’est fait assez rapidement par la suite, et je suis ravie d’avoir les moyens de faire ce que je veux faire, j’ai leur force de frappe. Sans perde ce que j’ai fait avant comme mes petites vidéos, sans perdre ce qui compte pour moi.


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Site Officiel : Christine & the Queens
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