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Interview ≠ FAUVE


Emilie, le 06/05/2013
FAUVE c'est le phénomène incontrôlable du moment, et merci pour cet incontrole. Difficile de trouver une place à leurs concerts parisiens, difficile de ne pas se laisser prendre à leur musique aussi dingue qu'inqualifiable, difficile de rester de marbre à l'écoute de leurs morceaux. Programmés aux Inouïs du Printemps de Bourges, j'ai bien évidemment sauté sur l'occasion de les rencontrer. Devenus presque mystiques en quelques mois dans les salles parisiennes, les cinq FAUVE posent leurs premiers pieds au festival berruyer. Ma petite personne berruyère totalement vouée tympans et cerveau à leurs belles paroles, n'est donc pas peu fière de se retrouver écrasée dans un fauteuil avec deux des représentants de la FauveCorp. Ne nous étalons pas ici sur le magnétisme indescriptible de ce projet, ni sur leur prestation live hypnotique, ce serait trop en dire sur répétons le, ce phénomène aussi étrange qu'attirant. Et si vous vous demandez ce qu'est la FauveCorp, descendez quelques lignes plus bas.


- J’ai lu que vous aviez commencé à réellement savoir qui vous seriez à partir du moment où vous avez trouvé le nom du groupe, donc FAUVE.

Disons que le nom du groupe a vachement cristallisé la démarche. Dans le sens où, tu vois parfois on nous demande « comment est ce que vous décririez votre musique », on cherchait justement comment on voulait définir notre musique et cette démarche, et au final pour nous on fait de la musique qui est « fauve ». C’est un terme auquel on associe des choses qui importent pour nous, on voulait quelque chose de direct, de sauvage parfois d’élégant ... On cherchait un nom de groupe et Fauve était « Le » mot qui encore une fois, cristallisait cette démarche là. Et le fait d’avoir mis un mot sur la démarche, eh bien après c’est devenu une sorte de mantra tu vois ? Quand on voulait faire un morceau on se disait ok, comment on peut la faire fauve ? Comment est-ce qu'on peut faire des concerts fauves ? Donc ça a vraiment aidé oui, de mettre un mot sur cette démarche là nous a aidé à dessiner les contours du projet.

- Evidemment avec le titre « Nuits Fauves », la référence au film de Cyril Collard s'est faite. Je sais que ce n’est pas votre point de départ mais est ce que le morceau « Nuits Fauves » a été inspiré par l’ambiance du film quand même un petit peu ?

Ouais un petit peu. Un petit peu, après si tu veux c’est plus l’univers du film qui va ressortir dans la chanson, mais après elle parle quand même bien de nos vies avant de parler d’un film. Dans nos chansons il y a assez peu de fiction, tout est très fidèle à ce qui se passe dans nos vies et celles de nos proches. Donc la chanson ne parle pas du film mais le film a été une source d’inspiration pour tendre vers une chanson qui parle d’une relation de séduction. En termes d’ambiance, de couleur, d’univers alors oui, on se rapproche du film mais pas dans le contenu.

- Oui de toute façon ça s’entend que ce n’est pas une chanson en hommage au film, mais dans l’ambiance ou l’impalpable je trouve on s’en rapproche

Oui oui exactement, dans la couleur qu’on a donné au morceau !

- Vous avez quatre titres en libre accès, il me semble que « Nuits Fauves » est sorti en dernier … Dans quel ordre ont ils été écrit ?

En fait les deux premiers morceaux qu’on a sorti ont été « Kané » puis « Saint Anne », il a un peu plus d’un an. C’était une sorte d’heureux hasard, on cherchait un petit peu ce qu’on voulait faire, on ne savait pas trop ce qu’on voulait faire, on avait juste ces deux morceaux et on sentait qu’il y avait un truc et que ça nous a fait du bien quand on les a écrit. Donc on s’est dit, on va les sortir. Après ça on a vachement travaillé pour se dire, ok on a fait ce truc là, on en est content mais il a fallu post-rationaliser et savoir comment on en était arrivé là. Parce que c’était vraiment le hasard, on s’est retrouvés à faire ce truc là, on ne savait pas trop comment on l’avait écrit, d’où ça venait aussi bien les textes ou la musique que la façon de parler. A partir de là on a beaucoup travaillé pour se dire ok, ça c’est le style vers lequel on veut aller, comment est ce qu’on le fait ? Tout ce travail a permis d’accoucher, pas mal de temps plus tard, de « Nuits Fauves » puis « 4 000 îles ». Et ce travail là qui a été assez long et assez douloureux honnêtement, a permis de faire en sorte que maintenant on est assez clairs sur ce qu’on veut. Ca ne veut pas dire qu’on considère qu’on est allé au bout et qu’on a plus de travail à faire pour s’améliorer, mais ça veut dire qu’on sait ce qu’on veut faire.


- « 4 000 îles » je ne sais pas pourquoi mais je l’aurais plus vue dans les premières écrites, parce que je la trouve vachement différente des autres

En fait si tu regardes ces quatre titres, on considère que « Kané » et « Nuits Fauves » sont plus les chansons vers lesquelles on va tendre, et « 4 000 îles » et « Saint Anne » sont les deux bornes que l'on va atteindre, « Saint Anne » étant la borne la plus brute, crue, et même un peu vénère, et « 4 000 îles » la plus lyrique, plus pop on va dire. Et entre ces deux bornes là on va évoluer et c’est au milieu de ça que l'on va mettre des « Kané » des « Nuits Fauves » qui sont d’un point de vue musical des entre-deux. Tu vois ce que je veux dire ?

- Totalement. Mais d’ailleurs j’ai vu que pour vous, vous étiez beaucoup plus dans les textes que dans la musique, alors que je trouve des morceaux comme « Kané » assez travaillés musicalement. Ce n'est pas bâclé ou mis au second plan disons

Ça fait super plaisir ce que tu dis parce que c’est sur la base des textes qu’on essaye de construire la musique et l’image qui vont réussir à propulser le texte. On n’est pas dans une approche type slam, où les mecs font de la poésie et qu’ils habillent avec quelques notes de piano. On fait un vrai travail sur cette partie là. Et oui ça fait plaisir parce qu'effectivement c’est souvent les textes les plus frappants avec Fauve, mais la musique est très importante pour nous, et on cherche à faire quelque chose de bien également musicalement. Je pense que les textes font un peu plus la singularité parce que … bon on n’a pas la prétention de dire que nos textes sont uniques, mais c’est peut être ce qui marque le plus.

- Et justement vos textes sont plutôt sans retenue. Comment se construisent et s’écrivent ils ?

En fait on va beaucoup tous discuter ensemble des intentions et des directions, après il y a une personne en charge de la réalisation de ça, qui va écrire ce texte là. Comme on va discuter de l’intention sur un beat, une personne se chargera se retranscrire ça, idem pour l’image. On discute ensemble mais il y a bien une seule personne qui écrit les textes.

- Et vous ne vous êtes pas posé la question de la réception de ces textes ? Parce que vous ne cherchez pas à remplacer un mot par un autre, vous ne camouflez pas, vous n’arrondissez pas les angles disons. Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire ?

Je vois très bien ce que tu veux dire. En fait les textes sont écrits sur un mode conversationnel, ils sont écrits parce qu’il y a un besoin de vider son sac. Et quand tu vides ton sac tu écris presque spontanément, de manière très directe. Tu te défoules, tu as besoin d’un exutoire donc tu ne mets pas de forme, ça n’a pas de sens. C’est comme si tu parlais à ton pote tu vois, comme si tu te confiais à ton psy, à ton amant, à ta copine. Et dans la vraie vie tu dis des gros mots, enfin en tout cas nous, parce que ça fait du bien, ça contribue à cette fonction thérapeutique de Fauve. Si on commençait à s’embarrasser avec des vers, des rimes, des formes, ça perdrait cette fonction là et ça nous serait moins utile à nous. Et si ça nous était moins utile, on ne le ferait pas.


- Et ce ne serait pas reçu de la même façon !

Oui .. La question de comment ça allait être perçu on ne se l’est pas du tout posée au début, parce que quand tu écris des chansons tu ne penses même pas qu’un jour ce sera écouté. Au-delà de personnes très proches. La seule considération qu’il y a eu a été de savoir comment ça allait être reçu par nos proches. Et c’est pour ça, un petit peu par crainte des réactions, parce qu’on parle de nos vies intimes et certaines personnes peuvent se reconnaître dans ce qui est dit, qu’on a préféré ne pas se montrer. C’est le seul point. La question de comment ça va être perçu on ne se l’est pas posée car le public n’était pas là, mais nos proches si.

- Et justement cette volonté de ne pas être vu se sent clairement et directement. Déjà avec la session du Mouv’ où on ne vous voit pas vraiment sur la vidéo, et aussi quand je vous ai vus sur scène au Trabendo (inter-session) où vous jouiez totalement dans le noir avec seulement la projection vidéo derrière vous…

Et encore au Trabendo on n’a même pas pu faire ce qu’on voulait faire. Là les images étaient projetées au dessus de nous, en théorie on joue dans le noir total et les images sont projetées sur nous donc on nous voit encore moins. L’idée c’est ce que je t’expliquais, notre intimité est présentée de manière assez directe dans les textes, ça sert à rien d’aller se montrer, de s’exposer. C’est une manière de se protéger un petit peu, c’est comme ça que c’est né en tout cas et maintenant ça nous va bien.

-Et c’est intelligent surtout. Vous pouvez rentrer tranquillement chez vous après les concerts !

Ouais, mais il faut être mesuré aussi, même si on se montrait on n’est pas Mika ni M ni C2C.

-Oui enfin vous avez conscience que, tout au moins à Paris, c’est assez spécial et un peu fou ce phénomène qu’est Fauve. Je suis la première à m’être faite rouler parce que prise de court pour acheter mes places par exemple.

On se dit juste qu’il se passe un truc et que les concerts se remplissent vite. On ne nie pas l’évidence et on est les premiers surpris. Au-delà de ça on ne se rend pas compte et heureusement en fait. Mais on a conscience d’avoir une chance de dingue, être là en train de discuter c’est juste fou pour nous et on est totalement excité par ça. Je pense que l'on est assez proches des gens qui viennent nous voir en concert. Et si jamais Fauve se met à marcher mieux que ça marche maintenant, et que l’on en arrivait à prendre la grosse tête, je pense que les gens qui nous suivent et nous soutiennent ne laisseraient rien passer.

- En tout cas c’est assez particulier cet engouement pour Fauve, on ne peut que constater ça lors de vos passages à Paris. Vous avez fait des dates dans d’autres villes, ça s’est passé comment ?

Ça s’est très très bien passé. L’accueil est extraordinaire partout, on n’est pas encore allés très loin mais ça s’est très bien passé. C’est d’autant plus incroyable que c’est vraiment inattendu. Ça fait deux ans que l’on existe mais ça fait un an que l’on a commencé à exister « publiquement », donc que l’on a sorti nos premières chansons, fait nos tout premiers concerts etc. On a mis un an avant de proposer quelque chose.


- Vous pouvez me redéfinir le concept du collectif, du FauveCorp ?

En fait on considère que l’on est cinq personnes à être les membres permanents de Fauve. Mais autour de ça, il y a dix-quinze personnes qui travaillent sur Fauve de manière très loyale et diffuse. Elles apportent leurs contributions dans la musique, vont jouer parfois sur les morceaux, apporter des idées, donner des avis sur des textes, elles vont faire des photos des vidéos. Plus on va être nombreux plus ça va solidifier le projet. On est cinq permanents du FauveCorp, mais le FauveCorp donc ce collectif, c’est une quinzaine de personnes qui contribuent à nourrir ce projet qu’est Fauve. C’est à géométrie variable, c'est-à-dire qu’il y a des personnes qui peuvent arriver et contribuer un peu à n’importe quel moment. Je vais prendre un exemple, on sort dimanche le clip de « Blizzard » et il a été fait en grande partie par les gens de ce Corp, les permanents et ceux qui ont intégré le Corp. Donc voilà on est cinq pour des questions de logistique, pour fonctionner et prendre des décisions on ne peut pas être quinze c’est trop compliqué à gérer, mais après plusieurs personnes apportent leurs compétences respectives dans leurs disciplines. Parfois juste leur envie de participer suffit, et si quelqu’un a très envie de participer eh bien on trouvera quelque chose. En tout cas c’est clair qu’à cinq on ferait beaucoup moins de choses, et beaucoup moins bien.

- Les visuels et vidéos, c’est donc également le fruit de ce Corp ?

Aussi bien la musique que les visuels c’est toujours en grande partie plutôt nous, mais avec la contribution de ceux de la Corp. Tu peux avoir des plans entiers qui ont été faits par eux. Ou par exemple le piano de « Saint Anne » n’a pas été joué par nous mais par un membre de Corp quand il a été enregistré. C’est clair ou pas ce que je te raconte ?

- Très clair. Je reviens à vos prestations live où vous projetez des vidéos pendant tout le concert. Le public doit donc suivre la musique, les paroles et les projections, vous n’avez pas peur des pertes d’attention ! Est-ce que vous avez préparé les vidéos de manière à ce que cette attention ne soit pas totalement déportée justement ?

Normalement l’harmonie doit être totale, après je pense que ça dépend des gens aussi. Pour avoir discuté avec certains, il y en a qui peuvent faire les deux donc se concentrer sur les paroles et regarder les visuels sans problème, et les autres restent sur le texte et prennent la vidéo juste comme un éclairage classique. Mais la vidéo est vouée à être améliorée pour être de plus en plus en accord avec les paroles. C’est un de nos gros chantiers, c’est exactement ça. Il faut que l’image et la musique soient encore plus ensemble. Il y a encore du travail tout simplement, on n’a pas fait tant de concerts que ça. On a 1h de concert donc ça fait déjà 1h de film, parfois les images ne sont pas vraiment celles qu’on a voulu mettre, donc on veut quelque chose de plus fort où le lien entre l’image, la musique et les textes est encore plus marqué. On y travaille ! Mais tu mets le doigt sur quelque chose d’important tu vois, comment avoir une harmonie entre ces trois éléments … Sur un clip c’est plus facile, encore que, mais le live c’est assez difficile.


- Votre premier EP Blizzard sort le 20 mai prochain. Il est autoproduit ?

Oui tout à fait, on n’a pas de label mais tant mieux on est content, vraiment content de l’avoir fait tout seul. C’était important pour nous parce que ça concrétise quelque chose que l’on a construit tout seul. On savait qu’en le faisant seuls il y aurait des limites mais ça nous va très bien. Par la suite on verra, mais il faut que ça nous apporte quelque chose sinon ça ne sert à rien, il faut qu’on garde notre liberté artistique totale et le contrôle sur notre projet. Donc je pense qu’on va être bien casse-couilles mais on le fera que si ça aide le projet, on ne veut pas le dénaturer ni le compromettre.




Merci beaucoup aux deux FAUVE pour cette longue discussion sur les sièges du Printemps de Bourges.

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