
Folk n' Rock
- Introduction
- Beck : Sea Change
- Johnny Cash : Unearthed
- Master Of Reality : Give Us Barabbas
- Mark Lanegan : Bubblegum
- Bob Dylan : The Bootleg Series Vol. 7: No Direction Home: The Soundtrack
- Black Rebel Motorcycle Club : Howl
- Sibylle Baier : Colour Green
- The Decemberists : The Crane Wife
- Wilco - Sky Blue Sky
- Bon Iver : For Emma, Forever Ago
- Iron & Wine : The Shepherd's Dog
- Syd Matters : Ghost days
- She & Him : Volume One
- Shearwater : Rook
- Fleet Foxes : Fleet Foxes
- Mumford & Sons : Sigh No More
- Rome : Nos Chants Perdus
- Junip : Fields
- The Tallest Man On Earth : There's No Leaving Now
- Calexico : Algiers
- Sun Kil Moon : Benji
- Sufjan Stevens : Carrie & Lowell
Fleet Foxes : Fleet Foxes
Juin 2008

Il est aujourd’hui de bonne augure de se méfier des barbus à gueules de pèlerins, ceux qui, tout droit sortis des plaines désertes et bois ventrus de l’Amérique profonde, se servent de leurs racines et de leurs références comme excuses à une folk aussi exotique qu’un disque de classiques péruviens joués à la flûte de pan. Mais le charme de ces cinq paumés de Seattle affublés de flanelle et de carreaux unis à souhaits a profondément ancré en les âmes la profondeur sobre de leurs harmonies vocales et la douceur sanguine de leurs mélodies. Nous tenons ici l’un des plus beaux monuments de communion qu’a connu la musique profane de ces dix dernières années, une cérémonie de poésie simple, lumineuse dans son essence, son approche des visions et la sensibilité qui s’en dégage.
Sous une production de fumerolles discrètes et diaphanes, la voix de Robin Peckwood imprègne le disque de son timbre à la pureté tranquille sinon virginale, rejoint par ses faux frangins dans des rythmiques enjouées et élancées ou simplement accompagné dans une solitude contemplative et mystique, faisant de titres comme "Meadowlarks" et "Tiger Mountain Peasant Song" des peintures riches et bucoliques en lesquelles il est bon de s‘abandonner. Ici le beau est souverain, le beau dans sa présence, sa simplicité, son évidence.
Les guitares pastorales s’élèvent des premiers rayons de "Sun It Rises" jusqu’à leur vespérale mort, s’attardent parfois sur des paysages suffisamment beaux et éclatants pour faire bondir de mépris les allergiques à la simplicité d‘expression. Comme si un bon album de folk pouvait être exempt de ces facilités d’écriture ponctuelles, de codes vieux comme le monde qui jouent la récurrence dans la musique populaire mais traduisent superbement le sentiment de plénitude qui pousse au béat, sans avoir peur de tomber dans la caricature. Il est non seulement plaisant mais également rare de retrouver chez un groupe cette faculté de savoir s’exprimer comme un seul homme, une seule vision, touchant au religieux dans les émotions qu’elle dévoile au fil de cet album, l’émerveillement, le ravissement innocent, éprouvés ensemble dans la spontanéité.
Beaucoup leur reprocheront une écriture figée exhalant un parfum tenace de naphtaline comme celui qu’empestent ces nouveaux hippies, plus attachés au soin de leur image qu‘à la lumière qui doit parsemer leur musique. Mais n’en ayez cure. Les Fleet Foxes signent avec ce premier opus une jolie illustration de leur sérénité, élégiaque parfois mais légère, loin de toute angoisse. Pas le plus grand de la décennie mais un disque charmant, éclairé, que j’aime à écouter les matinées claires, quand me prend l’envie de me perdre dans les brumes enflammées de ma Bourgogne profonde…
Geoffroy
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