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Black Sabbath - The Dio Years


Collectif, le 03/10/2016

Ronnie James Dio : Black Sabbath, Dio et Re-Black Sabbath

De l'arc-en-ciel au noir (sabbat)


Ayant pris ses distances avec Ritchie Blackmore et songeant à se lancer dans une carrière solo, Ronnie James Dio change son fusil d'épaule le soir où Sharon Arden lui présente Tony Iommi, le maître artificier de Black Sabbath. A cette époque, le Sab' est au plus mal. Ozzy s'est fait dégager pour abus de substances illicites, les trois autres végètent dans leur cocaïne - leur alcool (rayez la mention inutile) et le successeur de Never Say Die! est au point mort. Tandis que papa Arden fait des pieds et des mains pour faire revenir le futur Madman, Sharon, entichée d'Ozzy, espère au contraire l'éloigner pour pouvoir superviser une carrière solo qu'elle devine mirobolante. Alors que Iommi, désemparé, envisage initialement de sortir un album sous son nom propre en collaboration avec Dio, il propose à ce dernier de prendre la place de chanteur au sein du sabbat noir.


Le défi est de taille, car Sabbath joue à une toute autre échelle que Rainbow, et la stature du groupe, du temps de sa superbe, équivalait à celle de Deep Purple ou de Led Zeppelin. Mais l'américain a des armes à faire valoir, au premier rang desquelles sa technique vocale sans faille et une connaissance des harmonies qui fait défaut aux artilleurs de Birmingham. Au contact de Iommi, Ward et Nicholls (Butler étant parti régler son divorce), Ronnie James Dio se transcende et remet la machine lourde des Midlands en ordre de marche. Le fruit de cette association, Heaven And Hell, est fortement imprégné de sa patte vocale, mais aussi de ses thèmes de prédilection - l'heroic fantasy, ici revisitée sur son versant le plus sombre - et de ses arrangements mélodiques, Iommi compensant son manque d'inspiration de l'instant en s'abreuvant aux idées effervescentes de Dio. Résultat : l'album se vend très bien et devient même le troisième plus gros succès de Sabbath derrière Paranoid et Master Of Reality.

La mano (cornuta) de Dio


Malgré ce carton, tout reste à faire lorsque Sabbath lance sa tournée. La pression reposant sur le nouveau chanteur est énorme, car il doit faire oublier un prédécesseur ultra-charismatique avec qui il ne partage absolument rien : alors qu'Osbourne est exubérant, volubile, vulgaire et rock n' roll, le second se veut sage, concerné, peu disert et sérieux jusqu'au bout des ongles. Ronnie James Dio peine ainsi à se faire un nom sous le soleil de Sabbat, la foule scandant des "Ozzy ! Ozzy !" à chacune de ses apparitions. Qu'à cela ne tienne, il ne se laisse pas démonter. Parfaitement à son aise sur l'ancien répertoire du groupe - l'américain parvenant sans problème à imiter la patte vocale du Brummy camé - Dio prend de l'aisance, arpente la scène, virevolte, fait tourner son pied de micro dans les airs et se fend d'un curieux geste de la main, l'index et l'auriculaire tendus alors que les trois autres doigts sont repliés. De cette fameuse mano cornuta dont il n'hésite pas à abuser à la moindre occasion, il en restera, excusez du peu, le signe de ralliement de tout le mouvement heavy metal. C'est dire si Dio s'est retrouvé rapidement adoubé par le public des metalheads. Ronnie vient d'embrasser le heavy metal, et il ne le quittera plus jamais.

Le peuple fait la loi, et Dio s'en va


L'alchimie entre Dio et les trois natifs de Birmingham est telle que la suite s'impose d'elle-même : Black Sabbath file enregistrer un nouvel album, sans Bill Ward - sur la touche pour cause d'alcoolisme et de dépression - mais avec Vinny Appice, jeune américain issu d'une famille de batteurs (son frère Carmine a joué chez Vanilla Fudge et avec Jeff Beck). Mais lorsque la fine équipe se remet au travail, l'ambiance n'est plus la même. Le retour de Geezer Butler change la donne et rééquilibre les forces sabbathiennes vers l'Angleterre, sans compter que le succès d'Heaven And Hell galvanise Tony Iommi qui renoue avec une inspiration lui ayant fait défaut depuis plusieurs années. D'intimiste, le processus de songwriting repart sur le jam, et Dio ne se sent plus à son aise, d'autant que ses idées commencent à être gentiment rejetées par ses nouveaux collègues. Alors l'américain se braque, exprime son caractère, et des tensions naissent entre lui et le bouillant Butler, d'autant plus que les impresarios de Warner lui font miroiter une carrière solo au nez et à la barbe des autres.


Même si Mob Rules se vend bien et se voit aimablement accueilli par la critique - quoique nettement moins que son prédécesseur -, Dio en a assez de devoir tergiverser pour satisfaire les gratteux. Lors de la tournée qui suit, le groupe se scinde en deux, les brummies partageant la même chambre et la même voiture tandis que les yankees font de même de leur côté. La situation atteint un point de non retour lors de la masterisation de l'album Live Evil : l'ingé son accuse Dio de revenir en douce la nuit tombée pour modifier les bandes de sorte à faire ressortir ses parties vocales. Dénonciation fondée ou pure calomnie ? On ne le saura jamais, mais piqué au vif, Ronnie James Dio claque la porte de Black Sabbath en emmenant Vinny Appice avec lui. Ensemble, ils donnent corps au projet solo de l'italo-américain : Dio.

Le Saint Plongeur de Dieu


Libéré de la tutelle sabbathienne, Ronnie Dio, accompagné d'Appice, fait appel à son ancien collègue bassiste de Rainbow, Jimmy Bain. A eux trois, il composent l'essentiel de ce qui deviendra Holy Diver, premier album de Dio, sur la pochette duquel apparaît pour la première fois Murray, démon cornu qui deviendra la mascotte du groupe. Ce n'est qu'une fois les chansons achevées que le trio sera rejoint par un jeune guitariste irlandais ayant fait ses armes chez Sweet Savage, Vivian Campbell. Sur ce disque, Dio aborde de nouveau une imagerie fantasy en la simplifiant à une lutte entre le bien et le mal, tout en composant des hymnes de heavy metal lyriques essayant de mettre en lumière la part d'ombre qui existe en tout un chacun. Holy Diver est un succès dans les bacs (13ième des charts anglais), mais est surtout chaudement accueilli par la critique qui fait de lui un disque quintessentiel du metal 80's. Ronnie n'aurait pu rêver mieux. Nous sommes en octobre 1982.

Le dernier coeur sacré entre en lice


Poursuivant sur sa (bonne) lancée, Dio le groupe enregistre coup sur coup deux albums, The Last In Line (1984) et Sacred Heart (1985) en intégrant par ailleurs le claviériste Claude Schnell à son effectif. Grâce à la notoriété glanée avec le Saint Plongeur, les deux disques font un tabac en se plaçant quatrième des charts anglais, même s'ils ne parviennent pas à égaler qualitativement le coup d'éclat de leur grand frère. Et les tensions de resurgir lorsque Campbell, irrité par l'omnipotence de Dio au songwriting, entre en conflit ouvert avec le chanteur et finit par se faire virer de l'effectif. L'EP live Intermission permet d'introduire en douceur son successeur, Craig Goldy, les deux guitaristes se partageant les morceaux de la galette. Le californien ne fera finalement pas de vieux os dans Dio puisqu'il quitte la formation une fois achevé l'enregistrement du LP 4, Dream Evil, en 1987. De fait, si ce disque fonctionne encore bien, quelque chose semble s'être brisé. L'alchimie se délite, et bien vite Ronnie James Dio en est réduit à se chercher d'autres disciples.


C'est en 1990 que Dio revient avec un cinquième album qui étrenne un tout nouveau line-up : Rowan Robertson à la guitare, Teddy Cook à la basse,  Simon Wright, un ancien d'AC/DC, à la batterie, et Jens Johansson, un jeune  suédois surdoué aux claviers. Las, Lock Up The Wolves, fruit de cette nouvelle génération, échoue clairement à marquer les esprits. C'est alors que l'impensable se produit : Geezer Butler rejoint le groupe sur scène aux states et propose au chanteur de réintégrer Black Sabbath. Voyant que son propre projet commence à tourner à vide, Dio - l'homme - saute le pas et met Dio - le groupe - en standby pour aller faire un petit séjour dans les Midlands.

Déshumaniseur, mais point trop n'en faut


Les retrouvailles avec Tony Iommi se passent bien, celles avec Cozy Powell, en poste derrières les fûts de Sabbath, beaucoup moins. Fort heureusement, l'ex cogneur de Rainbow doit déclarer forfait suite à une chute de cheval, et le chanteur en profite pour faire revenir son ancien complice Vinny Appice, aboutissant ainsi à la reformation de l'effectif ayant accouché de Mob Rules. Accompagné à la marge de Geoff Nicholls - dont les claviers se font dès lors à peine entendre - Black Sabbath livre en 1992 Dehumanizer, un disque sec qui, quoique de bonne qualité, se fait démolir par la critique peu après le passage de l'ouragan Nevermind. En se classant à la vingt-huitième place des charts anglais, le sabbat est bien loin d'égaler les succès 80's de Dio, et le petit américain commence à se dire qu'il a sans doute misé (une nouvelle fois) sur le mauvais cheval pour se remettre en selle. Là-dessus, la paire Iommi-Butler se croit maligne en acceptant que Black Sabbath ouvre pour le concert d'Ozzy Osbourne à Costa Mesa en Californie - ceci dit, c'est un peu le monde à l'envers. Piqué au vif, Dio s'emporte, refuse d'assurer la première partie de "ce bouffon" et quitte abruptement, et pour la seconde fois, le sabbat noir. C'est Rob Halford, de Judas Priest, qui terminera la tournée à sa place.


Nicolas

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