Sean Lennon

Quand l'auteur d'un des meilleurs albums de la fin d'année 2006 décide de faire un crochet pas loin de chez vous, on se dit qu'on aurait vraiment tort de rester s'atrophier devant la télé. Ne serait-ce que pour s'assurer que le fils d'un des plus grands compositeurs confirme bien les qualités étalées sur ce Friendly Fire. 21h pétante, extinction des feux. C'est qu'ils sont ponctuels à Ramonville ! Et devant une salle se remplissant péniblement, c'est Joujoux D'antan qui est chargé de démarrer la soirée. Combo à la formation particulière (2 guitares, 1 batterie et 1 trombone), les quatre italiens proposent de chauffer le public avec une pop expérimentale intéressante et quelque peu inhabituelle. Les chuchotements de Marco Tonincelli, rappelant un certain Nosfell, mariés aux sonorités cuivrées soufflées par Pietro Leali donnent à l'ensemble une consistance étrange, voguant entre ambiance de western et chaos déstructuré. La dernière chanson du set sera embellie par le maître de cérémonie, venu escorter le groupe de sa voix, malgré un petit problème technique rendant sa guitare complètement aphone. Le temps de se désaltérer en fond de salle et revoilà Sean Lennon, impeccable dans son costard-cravate, foulant de nouveau les planches histoire d'annoncer la visite exceptionnelle d'une de ses amies de passage en France. Et si les deux pintades à côté de moi ne s'étaient pas mises à hurler, j'aurais sans doute pu entendre le nom de cette charmante guitariste à la voix étonnante. En fait, ce n'est autre que Martha Wainwright (chanteuse canadienne) qui, uniquement accompagnée de sa guitare folk, est venue offrir trois chansons de son futur album à un public toulousain qui n'en demandait pas tant. Comme surprise, on a rarement fait mieux. Après cette incartade folk savoureuse (et imprévue), c'est enfin au tour de la pop aérienne du fils Lennon, et de ses musiciens, de remplir l'espace sonore. Même si déjà trop souvent mise en avant, on est quand même bien obligé de constater que la ressemblance avec son paternel est encore plus troublante de visu. Même petite voix aiguë et nasillarde et même attirance musicale, même si c'est plutôt à Elliott Smith ou au bassiste des Fab Four que font penser les mélodies. Les titres sont rondement menés et s'enchaînent dans une ambiance conviviale et intimiste, retraçant au passage l'ensemble de son dernier album. Et c'est peut être le seul reproche que l'on pourrait faire à l'artiste. Ce manque de prise de risque dans les interprétations, se limitant à reprendre à la note près les différents titres de Friendly Fire, excepté une version nettement plus sautillante du titre de la bande à Bolan "Would I Be The One". Hormis cela - on retiendra également une petite instru et une nouvelle chanson visiblement intitulée "Smoke & Marries" - rien de très marquant. Si ce n'est la sympathie et la simplicité flagrante du bonhomme, notamment lors de son retour en solo pour le rappel avec "Tomorrow" et "Mystery Juice" (titre de son premier album Into The Sun), durant lequel il n'aura de cesse de louer les talents de ses collègues du soir. En attendant, Sean Lennon aura assuré un set de très haut niveau, et si sa prochaine production n'attend pas de nouveau huit ans pour pointer le bout de son nez, il y a de grandes chances que lors de son passage dans la ville rose, se soient les portes du Zénith qui lui soit ouvertes... Tracklist : 1- Spectacle 2- Dead Meat 3- Parachute 4- Wait For Me 5- Smoke & Marries 6- Friendly Fire 7- Falling Out Of Love 8- Instru 9- On Again, Off Again 10- Headlights 11- Would I Be The One 12- Tomorrow 13- Mystery Juice