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Kishi Bashi
Ce soir Kishi Bashi ne rameute pas les foules sur le bateau. Quelques initiés cependant ont eu vent du passage du petit prodige dans la capitale des Flandres, et se rendent bien compte que quelque chose va se jouer ce soir. Ça va même très bien jouer.
La première partie est assurée par un spécimen barbu au nom de Tall Tall Trees, à l'air sympathique et qui fait l'homme orchestre avec son banjo-clignotant-caisse claire. Rajoutez les loops et les pédales d'effet et Mike, puisque c'est son vrai prénom, n'a besoin de personne d'autre pour jouer ses refrains enjoués et réconfortants. Ce même personnage rejoindra Kishi Bashi pour l'accompagner sur les premières chansons du set. Et quel set...
Très tôt l'épique "Carry on Phenomenon" éclate. Plus brut en live, il prend des airs de classic rock et surpasse l'original. Non avare d'anecdotes en tous genres (de concours de bouffe improbable notamment dans un tour bus), Kishi Bashi discute, interagit, curieux et avenant: "Pouvez vous couper la lumière devant moi, j ai l'impression d'être à un interrogatoire". "Atticus in a Desert" (in a boat) a des rythmes aborigène-iaux, et "Q&A" des paroles ironisées japonisantes. Loin d´être finies au pipi, "Hahaha part 1 et 2" portées par une lourde basse sur la fin, empruntent des accents de hard rock. Le tout envolé par le violon virtuose du musicien. Bientôt des chansons plus faussement mièvres et dansantes font de Kishi Bashi un animateur de soirée kitsch (en fait ça l'est jamais vu le niveau) qui "ambiance" au micro. Tout cela n'est en fait qu'une pointilleuse démonstration d'influences maitrisées et glissées dans une consistance pop rock de luxe...
Les compères musiciens s'eclipsent ensuite laissant l' égrainer seul des chansons plus calmes, genre acoustique, exercice dans lequel il excelle. Sa voix, elle aussi est parfaitement posée et rondelette. Humble du début à la fin, limite amusé de lui même, Kishi Bashi a la retenue des plus grands. Pendant 1h30 il électrise et déconstruit ses mesures de violon pour mieux en sortir des effluves pop, voire parfois carrément glam rock. "Manchester" survient à l'apogée du concert, histoire de faire chialer un peu les chaumières, "I haven't been in this love for a long tiiiiiime." Bien sûr il y aura un rappel. Avec un bon classique de Mc Cartney & Wings "Live and Let Die" retentissant et parfaitement exécuté.
C'est un peu bizarre à dire, mais Kishi Bashi envoie tellement de bonnes ondes (musicales ou non) qu'on en ferait bien une amulette pour le ramener à la maison, en guise de porte bonheur pour les mauvais jours. On espère qu'il reviendra, dans une salle plus grande et avec un large public qu'il mérite amplement.
Setlist:
- Intro
- Carry on Phenomenon
- Atticus in the Desert
- Q&A
- Hahaha part 1
- Hahaha part 2
- The Ballad of Mr Steack
- Bittersweet Genesis For Him And Her
- Manchester
- I Am The Antechrist
Rappel
- Live and Let Die