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Compte-rendu de concert

Grand Blanc


Date : 23/02/2015
Salle : Point Ephémère (Paris)
Première partie : Bagarre, Blind Digital Citizen
Raphaëlle, le 27/02/2015
( mots)

Le label Entreprise a une conviction, celle que la pop francophone a un avenir et qu'il faut bien quelqu'un pour l'aider à éclore. Il regroupe dans son écurie pas mal de jeunes talents prometteurs, dont les fascinants Grand Blanc. Ce soir-là, le festival A Nous Paris Fireworks leur a donné carte blanche pour inviter des artistes maison au Point Éphémère. 

L'arrivée à la salle fait craindre le pire car celle-ci est située le long du canal saint Martin, quai de Valmy.  L'endroit semble est un véritable repaire de filles chaussées de Stan Smith réglementaires et de garçons barbus. Le mot est lâché: me voilà dans un repaire de hipsters. Alors, on danse?

Bagarre 

Le premier groupe à apporter des éléments de réponse se nomme Bagarre et a deux chanteurs très différents, le premier un peu fluet, le second au format pilier de rugby. L'un et l'autre se relaient pour interpréter un répertoire, en français s'il vous plaît. Le groupe fait preuve d'une belle présence sur scène et de pas mal de foi en lui-même.
Au fond, peu importe si vous aimez, ils ne vont pas vous laisser le choix; il faudra les suivre de gré ou de force dans leur monde torturé.
Leur charisme compense les textes concis (pour ne pas dire expéditifs) qui sont criés plus qu'ils ne sont chantés. Peu importe les fausses notes, les chanteurs sont littéralement habités. Le second chanteur se lance ainsi dans une transe à base de cris, hoquets et autres grognements. Puis il conclut d'un monocorde "Bonsoir nous sommes Bagarre", répété en boucle jusqu'à l'absurde.
Le problème de Bagarre réside justement là. On ne peut pas leur reprocher de se donner entièrement une fois sur scène mais leur parti pris est tellement poussé jusqu'à l'extrême qu'il verse presque dans la caricature. 

Blind Digital Citizen 

Une longue pause est ensuite nécessaire à l'installation du matériel des Blind Digital Citizen. Il y a tellement d'instruments différents que la scène semble disparaître. Le collectif 100% masculin entre sur scène dans une configuration originale. Le chanteur est de face sur la gauche de la scène, tandis que les musiciens se déploient de profil et en triangle autour d'un panneau lumineux, lui aussi en triangle.
Ils se lancent dans l'interprétation de leurs morceaux encore plus improbables que ceux des Bagarre. Sur des textes à la limite de l'absurde ("Je suis Marie, je suis Napoléon" me semble-t-il entendre), ils posent des instrumentations empruntant autant à la techno (l'imparable "Ravi") qu'à la pop ("Reykjavik 402"). Leur énergie est communicative et je me laisse initialement prendre au jeu.
Hélas cela ne dure pas longtemps. S'ils font preuve de beaucoup d'inventivité dans leur musique, je ne comprends pas pourquoi leurs textes sont aussi sommaires. Sur Ravi par exemple, chanteur annône les "Ravi que ça vous plaise, quand est-ce qu'on baise?" et dans un effort maladroit, il varie avec "Ravi que ça vous plaise, mettez vous à l'aise". C'est sans aucun doute un parti pris de leur part, mais il me laisse sur ma faim et m'empêche de rentrer totalement dans leur monde. 

Grand Blanc 

Les messins arrivent enfin sur scène à 22:30. Cela fait six mois que je suis attentivement leurs aventures et j'ai assisté en octobre dernier à leur release party (relatée ici). J'ai donc hâte de voir si les espoirs que j'ai placés en eux se sont confirmés au fil des concerts. 

Leur concert commence par l'ensorcelante "Degré Zéro", porté par la chanteuse qui a revêtu pour l'occasion un curieux haut à franges pailletées. Sa voix délicate et fragile installe Grand Blanc instantanément. Ce qui m'avait frappée à l'International se retrouve ici aussi: Grand Blanc sait s'imposer sur scène dès les premières notes du premier morceau. Je regrette cependant que Camille ne tienne pas davantage ses notes. Le ton est plus sec et nerveux qu'il y a quelques mois.
Le changement se fait aussi sentir sur "Nord". Initialement, la chanson jouait sur le contraste entre la voix grave de Benoît et les aigus vaporeux de Camille. Je suis un déstabilisée car ce soir, seul Benoit chante, ce qui rend l'atmosphère est moins planante. Mais c'est pour mieux muscler le reste de la chanson, véritable cri de rage. On calme le jeu avec la dépouillée "Montparnasse", que Benoit interprète sur le fil, avec une émotion sincère. Il semble même au bord des larmes, porté par les autres musiciens en retrait pour l'instant. Camille fait ensuite preuve d'une belle assurance sur "L'homme serpent". La mutine "Aurevoir chevaux" apporte un peu d'oxygène avec sa mélodie faussement joyeuse. Mais le répit est de courte durée!  

Je suis agréablement surprise de constater que leur présence scénique s'est étoffée au fil du temps. Alors qu'ils furent un temps présentés comme des "autistes reclus" par un festival, ils regardent désormais le public droit dans les yeux. Le bassiste et le guitariste/chanteur bougent en rythme, pliés sur leurs instruments et par mimétisme, la salle les suit. Je suis impressionnée par leur capacité à faire mûrir leurs morceaux sur scène, véritables écrins pour leurs textes exigeants.
En témoigne cette version live de "Feu de joie", assurée et rageuse. Désormais, on se cache plus derrière ses claviers: Benoît et Camille nous regardent bien dans les yeux quand ils nous crient "Embrase, embrase, embrase... Braise moi!". "Petites frappes" signe ensuite leur clin d'oeil appuyé à leurs origines lorraines et un retour aux synthés. Le texte est plein de clin d'oeil et la salle répond à leur enthousiasme en s'agitant comme il se doit. Comme quoi, les hipsters savent bouger. 

Évidemment le clou du spectacle reste leur déjà classique "Samedi la nuit", explosion en feu d'artifice de l'énergie brute qui se dégage de ce groupe. Comme s'il fallait hurler pour que la colère sorte et nous emporte avec par la même occasion. Plus aucune retenue n'est de mise sur "Samedi la Nuit", puisque le groupe ne nous laisse pas le choix.

On qualifie souvent leur musique de "synthpop glacée", comme si elle était distante et un rien hautaine. Sur scène, leur son fait preuve d'une richesse telle que Grand Blanc fait bien plus penser au feu qu'à la glace, avec ses paroles frondeuses et leur son brûlant. Le quator occupe l'espace comme s'il était trop petit pour lui, avide d'extérioriser l'énergie qui gronde derrière les claviers.


Alors que Grand Blanc est encore un jeune groupe, les musiciens font preuve d'une maîtrise de la scène assez rare. Leur présence est indiscutable et leur son se bonifie au gré des concerts... En fait, un concert de Grand Blanc, c'est vraiment trop court. A quand l'album, pour pouvoir nous captiver sur scène plus longtemps encore?

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