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Compte-rendu de concert

Grand Blanc


Date : 24/09/2014
Salle : L'international (Paris)
Première partie : Abschaum
Raphaëlle, le 26/09/2014
( mots)

Vous allez forcément entendre parler de Grand Blanc, ce quator à l’imaginaire tout trouvé : des sons froids et torturés sur fond de relégation du FC Metz. Leur bio remet une couche dans le cliché en insistant sur leur univers détaché et hypnotisant. Pourtant, à écouter leur EP, on entend surtout une rage fiévreuse qui ne demande qu’à éclater sur scène.

C’est pour vérifier cela que j’ai décidé d’aller à l’International, ce mercredi 24 Septembre. Il est rare d’aller à l’International sans en sortir sonné et trempé d’un mélange de sueur et de bière. La soirée se présentait donc sous les meilleurs auspices.

Pour une fois, pas d’excuse pour rater la première partie : elle commence à 21h15. Abschaum monte sur la petite scène. Surprise de taille : le bonhomme est tout seul mais, miracle de la technologie, il produit une musique entêtante et complexe. L’international semble sur ses gardes au début, puis les applaudissements se font de plus en plus nourris. Le moment de bravoure vient avec le morceau "Ondes glaciales", qui contraste la sensualité d’une boucle électro similaire à celle de "I feel love" (décidement, Moroder on y revient toujours) avec la froideur de la voix grave du chanteur. "Ressens-tu les ondes qui me glacent le sang" répète-t-il, comme un mantra qui emporte la salle avec lui. La New Wave a encore de beaux jours devant elle en 2014.

A 22h, Abschaum range sa guitare, quelques membres de Grand Blanc montent sur la scène et tout en échangeant quelques mots, accordent les guitares et branchent leur synthé. Finalement, les quatre membres du groupe finissent par se rassembler et attendent le feu vert pour démarrer le concert.

La salle est remplie à craquer, prête à en découdre avec la sensation du moment, tandis que le début de "Degré Zéro" retentit. Généralement, en concert, on est assez rapidement fixé : la complexité des sons n’est pas toujours bien reproduite en live, le chanteur ne chante pas très juste et la foule ne réagit pas vraiment. Eh bien, ce soir-là, les quelques 500 personnes présentes à l’Inter ressentent toutes exactement le contraire. Comme on s’exclame près de moi, un rien surpris : "P..., ça le fait !". Dès les premières secondes, Grand Blanc est là, intensément là. La machine se met en place, implacable : la voix cristalline de la chanteuse se marie à la perfection avec les sons industriels que produisent ses acolytes. La présence du groupe est tout simplement irrésistible.

Pourtant, ils ne semblent pas satisfaits et continuent de faire des signes aux ingés sons. Ils entament là-dessus une chanson qui ne figure pas sur l’EP, "Nord". Cette fois, la chanson fait la part belle au chanteur qui envoûte la salle de sa voix grave. D’abord lente et mélancolique, la chanson laisse entrevoir un désespoir sourd. Puis le rythme s’accélère, dans une lancinante et imparable montée en puissance. Derrière le chanteur, j’entrevois le bassiste qui se révèle littéralement habité par le son. On m’avait vendu un groupe d’"autistes qui regardaient leurs pieds" (pour les citer eux-mêmes), j’ai devant moi un groupe au charisme fou, qui défie la salle du regard.

L’ambiance est vite électrique, les applaudissements sont nourris. Le chanteur les encourage, "C’est qui ici ?" "C’est Metz !" Damn it, j’en serais presque à vouloir m’y délocaliser. Visiblement très ému, le chanteur entame sa "chanson d’amour", "Montparnasse", sous les encouragements du public désormais entièrement acquis à sa cause. Il se lance dans un duo guitare/voix sur un texte émouvant, avant que le groupe ne vienne de nouveau l’épauler. Ok donc les gars savent chauffer une salle à blanc pour la suspendre ensuite à la poésie de leurs mots. Ça commence à devenir difficile de rester critique et objectif…

Retour à l’EP avec "l’Homme serpent", porté par la voix de la chanteuse. Cette dernière commence visiblement à prendre de l’assurance, décroche le micro et chante à plein poumons. Même si ce n’est pas ma préférée de l’EP, il faut reconnaître que la chanson hypnotise la salle. D’où je suis, je vois le bassiste qui continue de s’agiter, littéralement en pleine transe. Dommage que je ne puisse pas voir le quatrième larron, qui m’est caché par le chanteur.

Puis ce dernier dédicace la chanson suivante "à tous ceux qui sont restés sur le banc, qui ont souffert pendant les cours d’EPS, qui ont toujours voulu prendre leur revanche… Et aux autres aussi ! Mais au fait, qui est pour le FC Metz ici ?" Les hurlements déchaînés de la salle lui répondent. Le groupe balance ensuite des ballons en mousse sur la foule pendant qu’ils entament Petites frappes, tous claviers dehors. Impossible de ne pas se mettre à danser sur ce son mêlant habilement électro et synthés. Les paroles filent habilement la métaphore sportive : "C’est pas qu’on joue pas le jeu / mais les terrains se sont vagues ".

C’est hélas bientôt la fin et le groupe visiblement ému remercie à peu près tout le monde, public compris (hurlement approbatifs). Il clôt alors son concert par l’incroyable "Samedi la Nuit". Le chanteur annonce le titre et un frisson électrique parcourt la salle, comme si on avait hâte d’en découdre. Il me semble même que tout le concert n’avait que cet unique but, chauffer la foule à blanc pour que "Samedi la Nuit" retentisse comme une libération, l’occasion ultime de jeter nos dernières forces dans la bataille. Portée par la voix du chanteur, la chanson est un véritable ouragan. On hurle les paroles, "Reviens me chercher", scande le chanteur, ça pogote devant la scène. Comme le suggère la chanson, on oublie tout, on se laisse emporter dans le tourbillon, on ne contrôle plus rien. Grand Blanc maîtrise incroyablement son sujet et ne nous laisse aucune seconde de répit. La scène semble trop petite pour leur énergie communicative, d’ailleurs le bassiste s’agite tellement qu’il va finir par heurter quelqu’un si ça continue. Le concert se finit sur cette apothéose et les membres du groupe, encore surexcités, sautent de la scène pour se précipiter dans les bras de leurs amis réunis devant eux.

Le chanteur clame que c’était leur meilleur concert et on veut bien les croire. Dans l’histoire de Grand Blanc, il y aura un avant et un après ce concert. J’ai l’impression d’avoir vu naître un groupe, sous mes yeux. Evidemment, ils jouent ensemble depuis longtemps, ils ont fait des scènes plus grandes avant, mais ce soir-là, il y avait quelque chose d’intangible qui est apparu sous nos yeux : leur son était maîtrisé et leur présence, irrésistible. Devenir un groupe, ça ne s’invente pas. Certains groupes ont le feu sacré et Grand Blanc nous a prouvé ce soir-là qu’il en était. Je n’ai qu’une hâte : les revoir sur une scène enfin à la mesure de leur talent. Je les entends encore me dire en interview qu'ils ne pensaient pas que leur son pouvait s'apparenter à du rock. Eh bien, soyez-en sûr: un son qui emporte tout sur son passage comme ça, c'est rock!

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