En ce 27 mars 2009, il fait froid à Paris. A l’intérieur du Bataclan, au contraire, l'ambiance est enflammée. La première partie n’étant jamais venue, c’est une foule compacte, impatiente, déjà moite et hurlante, qui attend le groupe. Les gradins ne sont pas très remplis ce soir, et pour cause, les Eagles of Death Metal, propulsés à Hollywood par Josh Homme des Queens of the Stone Age, est un groupe de scène, qui donne profondément envie de remuer les jambes.
Les
Eagles of Death Metal, qu’on se le dise, n’ont rien à voir avec le metal, ni même avec les Eagles. Avec le stoner rock californien, cela dit, oui. Des guitares énervées, des riffs simples mais redoutables, des rythmiques musclées aux paroles déjantées : les
Eagles montrent dans leurs productions qu’ils savent s’amuser, sans jamais lésiner sur la qualité. Certes on peut rigoler, mais on ne plaisante pas avec le rock’n’roll. Alors, quand le groupe apparaît sur scène, le public est en ébullition, et se prépare instinctivement au plaisir. Aucun effets spéciaux, pas de paillettes, mais c’est certain : le concert ne sera pas conventionnel.
A la batterie ce soir, tambourinant du pied avec ferveur, Joey Castillo des
Queens of the Stone Age, dont le nom est scandé pendant chaque semblant de silence. A la basse, une sorte de grand bonhomme venu d’ailleurs, et à ses côtés, un guitariste chauve et énergique, qui se casse la gueule pas une, mais deux fois durant le show, tout en continuant à gratter. On ne plaisante pas avec le rock’n’roll, on vous a dit. Et à la guitare ainsi qu’au chant, Jesse Hughes, sorte de gaulois californien d’une autre époque, avec ses bras tatoués, sa moustache à l’envers, son pantalon pattes d’eph’ et son déhanché exceptionnel.
Le quatuor entame "I only want you", sous la surveillance d’un ordinateur placé sur scène, par le biais duquel, "a friend in the desert" de Jesse peut suivre le concert en se trémoussant depuis sa chaise de bureau. Il y en a qui ont de la chance. Ce soir, une grande partie des titres de Heart On sont joués, comme un "Secret Plans" électrique. "Anything 'cept the Truth", cela dit, est un peu mou par rapport à la profondeur et au relief de la version studio. Jesse Hughes joue à merveille son rôle de rockeur cowboy déluré, en caressant sa moustache et en agitant les doigts au dessus de sa guitare comme s’il espèrait qu’elle s’envole. Le public, lui, n’est plus voué qu’à l'anarchie. Après "I want you so hard", dont le public scande "boys bad news", les Eagles retournent en coulisse puis reviennent pour un rappel de pas moins de cinq chansons, et pas des moindres : on a le droit à "Cherry Cola" et "Wannabe be in L.A". Le groupe est souriant, énergique et l’attitude de Jesse est un véritable plaisir à observer. Avant de partir, le groupe tire la révérence, en ligne, comme les comédiens d’une pièce musico-comique réussie. Et repart "fucking" content de l’accueil parisien, c’est Jesse qui le dit.