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Chronique Livre

Opeth : Damnation et Délivrance


Auteurs : Nicolas Bénard et Robert Culat
Editeur : Camion Blanc
Date de sortie : 21 mars 2013
"Décryptage du death metal progressif à la suédoise en deux parties. Avis aux néophytes."
Nicolas, le 26/04/2013
( mots)
Bien sûr, on devine aisément la question qui vous taraude l’esprit à la prise de connaissance de cet article : que diable vient faire une chronique d’un livre consacré à un groupe de death metal sur albumrock ? Plusieurs choses, en fait. D’abord, Opeth n’est pas qu’un simple groupe de death : Mikael Åkerfeldt et ses guerriers suédois n’ont jamais hésité à jouer d’une dichotomie permanente pour rameuter leurs ouailles, alternant riffs d’outre tombe et grawls lugubres avec des passages en voix claire agrémentés de guitare acoustique. Une particularité rarissime, cela va sans dire. Ensuite, Opeth évolue au fil des albums, complexifiant de plus en plus ses instrumentations, ajoutant des claviers et d’autres instruments plus exotiques, affinant et détricotant le songwriting, pour finir, avec Heritage, par tourner le dos au metal afin de privilégier un rock progressif à forte affinité 70’s. Enfin, et c’est peut-être le plus important, Opeth est désormais un groupe qui compte, la seule et unique formation estampillée metal extrême capable de vendre autant de disques, de remplir autant de grandes salles et même d’effectuer une tournée commune avec Mastodon l’an passé aux Etats Unis. En vérité, il était plus que temps de nous intéresser à eux, et ce livre tombe à pic pour tenter de comprendre les recettes de ce monstre si atypique.

La particularité de Opeth : Damnation et Délivrance, détournement de deux noms d'albums des suédois, est d’être écrit à quatre mains : tandis que la première partie, mise au crédit de Nicolas Bénard, nous renseigne en long, en large et en travers sur le groupe, son line-up, son style, son évolution et tout le contenu habituel des biographies, la seconde, issue de la plume de Robert Culat, prêtre catholique de son état (quoi de plus normal qu’un prêtre s’intéressant au death metal, n’est-ce pas ?), s’attache à décrypter les paroles de Mikael Åkerfeldt en une analyse littéraire touchant autant à la poésie qu’au symbolisme. Pas grand chose à signaler sur la section biographique en tant que telle : Nicolas Bénard a fait du très bon boulot, précis, complet et extrêmement documenté, avec notamment de nombreuses références issues de webzines metal. L’approche d’Opeth est rigoureuse, plus thématique que chronologique (ce qui n’est pas plus mal) et reste relativement objective, même si on sent une certaine admiration de l’homme poindre derrière son style. Une question reste néanmoins en suspens à l’évocation de cette courte histoire d’un peu plus de vingt années : comment se fait-il que Mikael Åkerfeldt soit le seul et unique survivant de l’effectif d’origine ? Avec dix changements de personnel successifs et pas moins de quinze anciens membres à dénombrer, on peine à comprendre ce qui a poussé tant de bons musiciens à fuir le navire. D’après Bénard, Åkerfeldt est un bon frontman, intelligent, sensible, relativement peu autoritaire, ne manquant pas d’humour, certes travailleur et sachant ce qu’il veut, mais tout à fait disposé à écouter les propositions de ses collègues. Alors pourquoi tous ces départs ? L’auteur se pose également la question mais ne trouve pas d’autre réponse que le hasard et les coïncidences : on s’en contentera, faute de mieux, tout en imaginant en arrière fond un frontman atteint du syndrome de Robert Fripp, autre leader délaissé successivement par tous ses lieutenants, obtus, manipulateur et sans pitié. Une fiction qui peut sembler étonnamment crédible...

Seconde question qui restera, elle, sans la moindre ébauche de réponse : dans la structure de ses chansons, qu’est-ce qui pousse Åkerfeldt à choisir ici un grawl, là un chant clair ? On pourrait imaginer, à l’écoute des albums d’Opeth, une dualité, une sorte de dialogue antagonique entre un démon des enfers provoquant l’effroi et un ange pleurant sa solitude et suscitant la compassion. Or l’analyse des écrits nous montre des textes certes poétiques, certes romantiques, certes franchement macabres, mais tournés tous sans exception dans une unique direction, une seule signification, une seule histoire. Impossible, à la lecture des traductions françaises des paroles d’Åkerfeldt, de deviner à quel moment il grawle et à quel moment il chante - ou ne grawle pas, puisqu’il paraît que le grawl, c’est également du chant... Seule certitude, les borborygmes guturaux du frontman ne sont pas d’essence démoniaque. De fait, les textes d’Opeth font très peu appel aux références sataniques, et lorsque c’est le cas, ils opèrent très souvent de façon détournée, comme l’évocation du "doux Satan" dans Ghost Reveries qui ne serait qu’un clin d’oeil à la polémique "Stairway To Heaven" de Led Zep. Non, le grawl ne semble rien d’autre qu’une évocation imagée, horrible et terrifiante de la mort. Normal, nous direz-vous, qu’un groupe de death metal parle de mort, cela semble la moindre des choses et c’est finalement le plus logique. Mais Åkerfeldt, comme le montre bien Robert Culat, possède ses propres obsessions qui reviennent régulièrement hanter ses créations, comme l’amour impossible, la nature, les saisons, le temps qui passe ou encore les fenêtres des maison. Puis, au fil des albums, ces thèmes très classiques du romantisme germanique laissent place à un propos beaucoup plus sombre et pessimiste : rejet du dogme et des instances religieuses, misanthropie et haine de soi, mensonge, désespoir, nihilisme. Ce défi de la plongée thématique et symbolique dans la psyché du suédois est relevé avec une certaine réussite par l’auteur qui, bien que n’évitant pas de sombrer dans l’écueil de l’explicitation de texte barbare chère à nos professeurs de lettre, parvient à rendre son propos clair et lisible. Attention néanmoins : cette partie du livre reste relativement ardue à avaler et nécessite un bon bagage littéraire voir religieux pour en retirer toute la substantifique moelle, Åkerfeldt truffant ses paroles d’innombrables références au christianisme qui ne sont pas toujours faciles à appréhender. En quelque sorte, le choix d’un prêtre pour analyser les textes complexes et poétiques d’Opeth, bien que semblant plutôt incongru de prime abord, n’apparaît rétrospectivement pas aussi délirant que cela.

L’ouvrage est bien évidemment à posséder pour tous les acharnés de death metal, mais sont-ils nombreux parmi notre lectorat ? Probablement pas. Aussi pourrez-vous vous laisser tenter par ce livre si vous souhaitez en savoir plus sur un groupe singulier qui, sans avoir jamais renié ses racines stylistiques (voix et thématique très particulières), a su largement dépasser le cadre de l’auditoire habituellement réceptif au metal extrême. Un ouvrage de référence pour une formation qui est en train d’en devenir une elle-même dans les sphères du metal, en attendant la venue d’un onzième album que nous sommes de plus en plus nombreux à désirer avec une fervente impatience.
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Commentaires
Yann29, le 27/06/2017 à 11:47
Je suis en train de le lire en ce moment. Mais par contre il comporte des erreurs grossières , (et j'en suis qu'a la page 40 ) de la part de Nicolas Bénard. D'après lui Peter Lindgren n'aurait enregistré que 5 albums avec le groupe , alors que comme tout fan du groupe qui se respecte, on sait qu'il en a enregistré 8, plus le live "the roundhouse tapes" De plus, le fait un peu passé pour un membre pas vraiment majeur d'Opeth. et aurai plus tendance à encensé Fredrick Akesson (parti- pris ?) Moi pour ma part je trouve que Fredrick pataugeai un peu en live au début, avec son coté Bourrin pas subtile. Il lui à fallu quelques années, pour vraiment adapté sa technique de guitare, au style du groupe. (avis perso) Bref. Autre erreur grossière relevé concernant le fait que Fredrick remplaçais Mike Amott dans le groupe " Arch Ennemy" alors que c'était Christopher Amott. Et pour finir, que la composition de 'Waterched" (2008) était fini, quand ils on signé chez Roadrunner, alors que c'est l'album "Ghost reveries" (2005) .Voila ! des erreurs majeurs , alors que j'en suis qu'a la 40 ème pages sur 450 à peut prêt. ça fait peur pour la suite. Vraiment dommage.