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Critique d'album

Unprocessed


Gold


(12/08/2022 - Airforce1 Records - Métal Progressif - Genre : Hard / Métal)
Produit par David John Levy & Manuel Gardner Fernandes

1- Rain / 2- Redwine / 3- The Longing / 4- Orange Grove / 5- Mint / 6- Snake / 7- Closer / 8- Velvet / 9- Scorpio / 10- Dinner / 11- The Game / 12- Ocean / 13- Fabulist / 14- Portrait / 15- Berlin / 16- Gold
Note de 2/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Sans un cœur de disque défaillant, Unprocessed avait tout réuni pour que Gold figure parmi les meilleurs albums de l'année"
Julien, le 24/08/2022
( mots)

Ça commence à devenir une agréable habitude que de trouver de nouveaux eldorados musicaux dans les multiples territoires du métal. Pourtant, nombreux sont les acteurs du style à encore se persuader que leur registre musical demeure toujours en marge de la grande famille du Rock. Une intuition, bien sûr erronée, qui s'explique par deux raisons (plus ou moins liées). La première tient à l'évolution d'un paysage musical où le rock "traditionnel", par faute d'audience, a dû faire des concessions et choisir entre deux camps : celui de la pop au sens large ou celui du métal. Pour s'en convaincre il n'y a qu'à regarder les affiches des festivals de cette année : Rock En Seine fait cohabiter Arctic Monkeys et Stromae, quand le Hellfest a recueilli sur ces dernières éditions des groupes comme The Offspring ou Sum 41. La seconde raison tient dans l'appropriation des sonorités d'aujourd'hui, entre hip-hop et électro, que le rock n'a toujours pas su adopter préférant balbutier avec dédain ses inspirations du passé quand il ne travestit pas grossièrement sa personnalité originelle.
Tout le contraire du métal donc comme nous allons le voir avec l'album Gold de Unprocessed


Passons rapidement sur les présentations. Unprocessed est un quartet originaire de Wiesbaden en Allemagne emmené par le chanteur guitariste Manuel Gardner Fernandes. Ils sont tous âgés d'une vingtaine d'années et pourtant le groupe en est déjà, avec Gold, à son cinquième opus en à peine huit ans d'existence. Stylistiquement, les germaniques sont officiellement rangés dans la case du métal progressif, classement un brin réducteur tant leurs compositions sont à l'opposé de leur nom (Unprocessed pouvant se traduire par : "état brut").
Les morceaux des allemands sont tout sauf rudimentaires. Le quatuor propose une musique d'une extrême singularité rendue unique grâce à la virtuosité instrumentale de ses auteurs et par les nombreux affluents stylistiques qu'ils déversent harmonieusement. 


Ainsi s'ouvre Gold sur les fascinants arpèges de "The Rain". La sensation sonore ressentie à l'écoute du doigté et de la réverbération est telle qu'on se dit que la guitare acoustique est un instrument devenu obsolète. Une piste introductive au charme d'une terre inconnue frappée des échos de la douce complainte chantée par Fernandes. Cette guitare caressante, d'une élégance sans nom, est le premier jalon de l'authenticité musicale de Unprocessed. Un enchantement qui scintille à nouveau de mille éclats sur l'introduction du morceau "Scorpio". Une suprématie technique mêlant habileté et vitesse qui n'est pas sans rappeler le jeu d'un The John Butler Trio sur son titre "Ocean".
L'alliage dans lequel le groupe a conçu la guitare n'en a pas fait qu'un instrument au service de la légèreté ainsi l'angoissant "Portrait" : manoir maléfique dans lequel on avance prudemment entouré par les récurrents ricanements d'un riff démoniaque. 


Même s'ils sont rares, Unprocessed n'oublie pas de proposer des instants de métal purs à l'image du grawl balancé avec toute la violence de rigueur dans la seconde moitié du titre "The Longing". Le reste de la fureur agressive est à regarder à travers le prisme de la basse, véritable dynamiteur du très réussi "Dinner". Il convient donc de s'arrêter sur le jeu de très haut niveau  proposé par le bassiste Davide Levy à l'image des slaps de "The Longing" ou sur l'introduction de "Berlin".
"Berlin", ou l'ovni musical du quartet, non seulement parce qu'il est intégralement chanté en Allemand, mais aussi par les nuances stylistiques de son contenu expérimental. Le groupe s'accommode impeccablement des sons électroniques à l'image de ce sample chargé de propulser le refrain dans une odyssée spatiale : un morceau sorti d'une autre planète compacté dans l'habileté instrumentale de ses auteurs. 


Cependant les virées de Unprocessed dans les contrées sonores dites actuelles sont beaucoup moins convaincantes quand elles lorgnent sur les terres du hip-hop ou du R'n'B. Ainsi, les caractéristiques rythmiques entendues au son de la batterie de "Mint" et son refrain conçu pour l'implosion d'une foule en boîte de nuit, aurait largement été plus appréciable si il n'était pas suivi des mêmes intentions pesantes entendues sur "The Fabulist" et "Velvet". Deux pistes qui, malgré un solo de basse bien senti pour la seconde, sont gâchées par une interprétation vocale et mélodique vulgaire : indigne du talent des allemands. Des aspirations actuelles que le quartet maitrise beaucoup mieux dans le registre de la pop conventionnelle de "Ocean" où l'on retrouve l'authenticité dans l'interprétation vocale de Fernandes.
Enfin les pérégrinations stylistiques de Unprocessed fonctionnent parfaitement quand ils choisissent de s'attaquer à un rock plus conventionnel. On pensera à "Redwine" avec sa magnifique production bercée dans les cuivres et surtout à "Orange Grove" à la fluidité imparable avant, en final, une implosion électrique absolument jouissive. 


Avec leur cinquième production en huit ans, le quatuor allemand nous rappelle à quel point le métal sait être novateur et s'accommoder avec brio des codes musicaux actuels, l'électronique en tête. Malgré tout, cet album Gold aurait mérité quelques coupes, notamment sur des morceaux au R'n'B disgracieux qui viennent rabaisser le niveau d'un disque qui avait, jusque-là, tout pour compter parmi les véritables temps forts musicaux de 2022. Il n'en reste pas moins que la singularité stylistique et les touchés combinés de la basse et de la guitare sont des plus délectables. Il serait donc dommage de ne pas prêter une oreille au dernier Unprocessed tant l'avant-gardisme, de bon ton, est une notion musicale devenue bien rare.

Commentaires
FranckAR, le 18/09/2022 à 12:08
Album intéressant, même si j'avoue décrocher assez rapidement avec ce côté R'n'B. Dans un genre relativement similaire, je conseille le groupe Sleep Token, qui lui aussi tente des associations peu communes : djent, pop et R'n'B.