
Tygers of Pan Tang
Crazy Nights
Produit par Dennis Mackay
1- Do It Good / 2- Love Don't Stay / 3- Never Satisfied / 4- Running Out of Time / 5- Crazy Nights / 6- Down and Out / 7- Lonely Man / 8- Make a Stand / 9- Raised on Rock


Pourquoi (et comment) un groupe aussi important au sein de la NWOBHM, tel que le fut Tygers of Pan Tang, n’a suscité qu’une si faible reconnaissance dans la postérité ? En effet, malgré un bel album introductif assez ancré dans un hard-rock traditionnel en guise de premiers pas, puis un chef-d’œuvre complétement inscrit dans la nouvelle vague en question, la formation demeura surtout fameuse dans les cercles réduits des amateurs de Metal (classique). La réponse à cette question se trouve peut-être moins dans un The Cage très moyen et commercial (leur quatrième album, 1982), un type d’opus que de nombreux groupes de l’époque finiront (hélas) par produire, que dans un Crazy Nights somme toute anecdotique.
Les quelques mois qui le séparent de son prédécesseur nous invitent à confirmer l’hypothèse suivante : Crazy Nights est un album produit dans la précipitation, qui traduit une volonté de surfer sur le succès naissant, plus ou moins poussé par un label opportuniste. A cet égard, plusieurs signes ne trompent pas, comme par exemple les nombreux morceaux "dans le style de" : les passages accélérés de "Never Satisfied" peinent à cacher l’imitation d’Aerosmith, "Love Don’t Stay" recycle un genre de riff que Ted Nugent envoyait déjà il y a plus d’une demi-décennie, tandis que "Running Out of Time", plus ancré dans la NWOBHM, évoque Rainbow ou la période Dio de Black Sabbath (en pleine renaissance depuis Heaven and Hell, 1980).
Autre élément témoignant des facilités pour compenser le manque de temps dans la composition, de nombreux morceaux sont agréables (il faut avouer que "Do It Good" ne manque pas d’entrain et s’avère accrocheur) mais relativement convenus (on pense à "Crazy Nights", ou plus encore "Make a Stand", ainsi qu’à "Raised on Rock" entre rock’n’roll et pilote automatique d’après les compos de Spellbound) voire affichent des velléités d’accessibilités que certains qualifieront de commerciales. Même si ce n’est pas totalement neuf chez les Tygers of Pan Tang, cette dynamique est un peu renforcée : écoutez pour vous en rendre compte le refrain de "Love Don’t Stay".
Heureusement, Crazy Nights est très bien servi par des musiciens désormais aguerris, en particulier Jon Deverill qui confirme ici son talent (dès "Do It Good", cela saute aux oreilles), mais aussi les guitaristes qui offrent de bons soli ("Never Satisfied"). Il y a également de très bons moments au sein d’un opus finalement assez solide : citons "Do It Good" ou "Lonely Man" (une sorte de Bad Company en plus heavy).
On ne boude finalement pas notre plaisir à l’écoute d’un album qui demeure tout de même fort agréable et énergique, doté d’une pochette plutôt jolie pour qui sait savourer l’esprit du temps et la continuité avec Spellbound. A ranger dans la catégorie des simples bons albums, aussi agréables qu’ils sont oubliables. Seulement, en pleine poussée de la NWOBHM et renouvellement de la scène Metal, c’était presque se saborder que de se contenter du convenable.