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Critique d'album

The Vaccines


Pick-Up Full of Pink Carnations


(12/01/2024 - Thirty Tigers - Noisy pop - Genre : Rock)
Produit par Andrew Wells

1- Sometimes, I Swear / 2- heartbreak kid / 3- Lunar Eclipse / 4- Discount De Kooning (Last One Standing) / 5- Primitive Man / 6- Sunkissed / 7- Another Nightmare / 8- Love To Walk Away / 9- The Dreamer / 10- Anonymous in Los Feliz
Note de 3/5
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Note de 1.5/5 pour cet album
"Agressivement inoffensif"
Valentin, le 30/01/2024
( mots)

Le paradoxe d’un groupe comme The Vaccines fut d’être presque autant surestimé que sous-estimé depuis leurs débuts il y a quatorze ans. Surestimé parce que, malgré l’engouement de certaines publications musicales anglaises à l’époque, le groupe était évidemment loin d’incarner le messie annoncé. Sous-estimé parce que le rejet de certain·e·s face à la surexposition d’un groupe qui n’en valait pas vraiment la peine n’avait, comme souvent, pas grand-chose de mesuré. The Vaccines était au moins pendant les deux ou trois premières années de leur carrière un projet décent et soigné, bien qu’un peu ordinaire voire simplet sur bien des aspects. Certains titres de What Did You Expect From The Vaccines? affichaient des qualités mélodiques très évidentes mais ne pouvaient pas pour autant dessiner les contours d’un renouveau réaliste pour le rock anglais, la faute à un cruel manque de personnalité et de substance rendant difficile une identification du style "The Vaccines", en dehors d’un talent indéniable pour agencer des compositions pop/rock high-tempo simplement accueillantes et agréables.


Il n’est pas forcément nécessaire de faire davantage pour retenir l’attention à moyen terme et le groupe aurait pu se faire une place de choix dans le paysage musical rock de la décennie précédente. Mais au-delà du premier album, la trajectoire prise par The Vaccines n’a globalement fait que nous ennuyer, voire nous frustrer. Come Of Age affaiblissait les atouts mélodiques du groupe derrière une attitude surjouée. English Graffiti se caractérisait par son absence de but ou de cohérence et confirmait les limites d’une formation qui n’a jamais su se définir proprement, même le temps d’un album. Combat Sports semblait abandonner toute envie de se dépasser, contrairement à ce qu'indique son titre, en noyant l’auditeur de compositions mondaines et téléphonées aux refrains interchangeables. Et puis il y a ce douteux Back In Love City qui s’écroulait sous une surproduction absolument affligeante, vidant la musique des anglais du peu de singularité qu’il leur restait à ce stade et nous amenant presque à la comparer au rock invertébré de Imagine Dragons. Une catastrophe grossière, mais sans doute prévisible pour un groupe qui a involontairement fait de leur quête d’identité sempiternelle la seule constante de leur carrière.


Paru début janvier 2024, Pick-Up Full Of Pink Carnations peine à se faire remarquer malgré le désert de sorties inhérent à cette période. Premier album entreprit sans le guitariste originel, premier album enregistré sur le sol américain. Et premier album à nous prendre la tête en cette nouvelle année. Le groupe anglais nous propose à nouveau son indie rock hâtif à la nostalgie un peu amère, débarrassé de la production saturée et irritante de Back In Love City. Le titre d’ouverture suggère un regain de vitalité dans le songwriting de Justin Young avec une progression plutôt fluide et engageante, mais la formule au cœur du titre est cependant effrayante de lucidité : "Sometimes, i swear, it feels like I don’t belong anywhere". Sentiment validé par l’auditeur une fois le disque terminé. La musique de The Vaccines, dont l’enracinement anglais a toujours été un peu bancal, n’a jamais sonné aussi américaine. Justin Young est en effet parti lui-même en quête d’identité (tiens donc) à Los Angeles et son nouvel environnement a naturellement inspiré les nouvelles compositions. Sans une once de subtilité, malheureusement : on entrevoit dans ce nouvel album les grands espaces de Californie, parcourus par le regard de ce touriste anglais qui nous chante alors le rêve américain, ses mensonges et ses déceptions.


Fantastique. Avec ce genre de réappropriations naïves et simplistes d’une certaine esthétique américaine, The Vaccines auraient pu prétendre au titre des Mumford & Sons de l’indie rock si ce nouveau trait de personnalité n’était pas exploré aussi superficiellement. Face à la frilosité du groupe devant des influences réchauffées et à moitié assumées, la plupart des compositions font ici preuve d’un mimétisme effarant : "Heartbreak Kid", "Lunar Eclipse", "Primitive Man", "Another Nightmare", "The Dreamer", "Anonymous in Los Feliz" s’alignent sans surprise sur le même schématisme pop-rock, mélangeant power-pop et post-punk de la manière la plus convenue possible. Les mélodies se chantent instinctivement dès les premières écoutes, probablement parce qu’elles n’ont rien d’original et qu’elles se ressemblent toutes. Le cœur secoué de "Heartbreak Kid" fait son effet jusqu’à ce que l’on réalise que tous les refrains du disque suivent le même mouvement et le même traitement sonore excessivement compressé, comme pour forcer l’illusion de l’énergie et de l’authenticité du groupe qui n’ont plus rien d’évident. En dehors de l’introduction dont les différentes humeurs la sauvent de la monotonie, les titres restants ne se distinguent pas de l’ensemble pour les bonnes raisons. "Discount De Kooning" est d’un faux romantisme assommant tandis que la niaiserie de "Sunkissed" affole et provoque un peu trop rapidement le réflexe d’un visage-paume. Les quelques lignes de basse glissantes et les petits tours de guitare fuzzy vraiment convenus n’apparaissent que pour nous distraire, nous détourner du fait que The Vaccines ne maîtrise plus qu’une seule manière de composer.


Le fait que le frontman des Vaccines ait besoin d’habiter à LA pour se rendre compte des mythes entretenus par le pays de l’Oncle Sam est finalement ici le dernier des soucis du collectif anglais. Le principal problème de chaque disque des Vaccines se situe en effet dans leur manque de caractère et de distinctivité, défaut fatal à cette saison de leur carrière qui atteint d’autant plus violemment ce dernier opus en date. Peut-être que certaines mélodies ont bonne allure, que le son présenté par le groupe est rafraîchissant en comparaison à l’horrible disque précédent, mais cela reste finalement bien peu de choses. Pick-Up Full Of Pink Carnations est tellement craintif, inoffensif et répétitif qu’il s’oublie aussi facilement qu’il s’écoute. On peut excuser l'unidimensionnalité d’un artiste si sa vision est un minimum personnelle et singulière ou que l'exécution touche l’excellence, or, tout cela est bien trop loin ici. Jusque là, cette fameuse question posée par le premier album du groupe What did you except from the Vaccines? nous amusait en ce qu’elle évoquait déjà le paradoxe de jugement évoqué plus tôt dans cette chronique. Aujourd’hui, cette interrogation nous fatigue quand elle consolide un degré d’exigence bien trop faible. Comme s’il était devenu normal de se satisfaire de productions potentiellement médiocres par l’unique fait que le groupe ne s’est apparemment jamais pris au sérieux malgré leur surexposition médiatique. A trop vouloir protéger ou défendre The Vaccines d’exigences injustes, certains semblent être devenus bien trop indulgents. Dans tous les cas, les anglais ont cette fois-ci eux-même dressé la barre très basse avec ce sixième album. 


A écouter : "Lunar Eclipse" peut-être, mais surtout n’importe quoi d’autre.

Avis de première écoute
Note de 2/5
Comment réagir aux vaccins après une dose de rappel des années après la première injection? L'effet est aléatoire mais c'est pourtant une mauvaise reproductibilité qui est ici constatée au fil des titres qui semblent avoir tous le même refrain.
Commentaires
Bipi, le 16/01/2024 à 14:11
La revue me semble faire un peu dans la provocation. J'ai écouté l'album une 10aine de fois maintenant et je trouve au contraire qu'il est bourré de mélodies accrocheuses. Je l'ai trouvé rafraichissant dès la première écoute, à l'opposé de "Back in love city" qui n'avait aucune spontanéité et explorait des territoires qui n'apportaient aucune plus value au son du groupe. Ici, on est sur un album qui ne se prend pas la tête et qui est fidèle au son du groupe. Certes il ne marquera pas l'histoire du rock, bien sûr, mais est-ce qu'on attend des Vaccines ? Comme vous le dites plus personne n'écoute ce genre de musique. Je remercie les Vaccines de continuer à faire la musique qu'ils veulent malgré ce contexte hostile. Bref, un bon album qui va tourner quelques semaines avec plaisir.
ValentinAR, le 13/01/2024 à 23:07
Il n'y a aucun problème, merci pour votre message. Je ferais plus attention à ma manière de formuler ce genre d'avis.
Ben, le 13/01/2024 à 21:48
Mes excuses si ma réaction a pu être un peu directe et déplaisante. En effet on est dans un webzine que je regarde tous les jours pour les infos et critiques, Et bien sûr quand un groupe que j'apprécie comme celui ci ou un autre se fait critiquer, bah je prends leur défense, sauf si leur album est mauvais (ce qui pour ma part n'est pas le cas pour celui dont on parle), après bien sûr chacun ces goûts, Chacun sa façon de percevoir la musique, de l'interpréter etc .. mais je dois bien avouer que le terme que plus personne n'écoute ce groupe, bah ça peut être mal interprété et ça a marché sur moi :/ Mais mes excuses si j'ai pu être désagréable, je le suis pas du tout de base et je suis même d'habitude en raccord avec vos avis (et celui des autres chroniqueurs).. mais pas pour cet album ;)
ValentinAR, le 13/01/2024 à 20:58
Quand je dis que plus personne n'écoute The Vaccines, c'est évidemment une hyperbole et je ne pensais pas que des gens prendraient ça au pied de la lettre au point de s'en vexer. Ce que je veux dire par là est que le groupe est sur une pente très descendante en terme de popularité et de couverture médiatique. C'est le sixième album du groupe en 13 ans et en dehors du Royaume-Uni le groupe ne fait globalement que des petites et moyennes salles (le Trabendo pour la France par exemple, c'est 700 places). Les ventes d'albums s'affaiblissent avec le temps, les chiffres sur les services de streaming deviennent anodins et les quelques singles sont surtout portés par leur intégrations dans les playlists éditoriales des plateformes. Donc le sentiment de perte d'intérêt n'est pas infondé. Pour le reste et notamment le "il faut pas écouter si on n'aime pas", je pense que ça se passe de commentaires, vous êtes sur un webzine qui traite notamment d'actualité rock et on ne peut pas tout aimer. Mon avis est en effet succin et un peu provocateur sur la forme mais le but reste de créer la discussion. Je prends donc volontiers le ton amer de votre réponse mais le procès d'intention n'a pas lieu d'être. Si vous souhaitiez seulement un avis plus constructif, je vous l'aurai volontiers donné : j'ai écouté l'album 3 fois avant de mettre mon avis mais je n'en ai honnêtement rien retenu. Je n'ai rien trouvé de particulièrement mauvais ou repoussant, c'est juste que c'est l'un des disques les plus basiques, impersonnels et passe-partout que j'ai pu écouter récemment, un album sans ambition ou distinction qui s'oublie aussi facilement qu'il se lance, comme beaucoup de choses dans le catalogue des anglais (j'avais détesté Back In City Love en particulier), et lorsqu'il est question de création artistique c'est probablement la pire chose possible, en tout cas de mon point de vue. Peut-être que d'autres rédacteur·rice·s auront un autre avis.
Ben, le 13/01/2024 à 17:02
Pas d'accord avec votre avis, j'écoute encore et j'en suis fier par rapport à vous ;) Et leur album précédent est leur meilleur a ce jour, doooooooonc votre avis de "plus personne n'écoute the Vaccines en 2024" est juste infondé. Vous avez les preuves ? Le nombre de personnes qui vont les voir sur scène ? Non. Je trouve ça incroyable ce genre de jugement. Si vous n'aimez pas, n'écoutez pas c'est aussi simple mais ne dites pas que plus personne n'écoute ce groupe alors que c'est faux et que la qualité de leur album est très bonne, efficace, mélodie simple mais qui rentre dans la tête, et toujours aussi pechu. Bref un bon album à écouter !