↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.
Critique d'album

The Rolling Stones


Beggars Banquet


(06/12/1968 - Decca - - Genre : Rock)
Produit par

1- Sympathy for the Devil / 2- No Expectations / 3- Dear Doctor / 4- Parachute Woman / 5- Jigsaw Puzzle / 6- Street Fighting Man / 7- Prodigal Son / 8- Stray Cat Blues / 9- Factory Girl / 10- Salt of the Earth
Note de 5/5
Vous aussi, notez cet album ! (35 votes)
Consultez le barème de la colonne de droite et donnez votre note à cet album
Note de 4.5/5 pour cet album
"Conçu dans un tourbillon de feux croisés..."
Guillaume , le 08/09/2023
( mots)

Complètement lessivés quelques mois plus tôt, les Rolling Stones vont connaître un second souffle salvateur en 1968. Leur incarcération ultra médiatisée du printemps 1967 leur ont octroyé un statut nouveau : celui de groupe incarnant les idéaux d’une jeunesse prête à renverser l’ancien monde. La guerre du Vietnam bat son plein, les émeutes estudiantines essaiment à tout va… "I was born in a crossfire hurricane…" ("Je suis né dans un tourbillon de feux croisés") Et le riff assassin de Richards d’attiser le bouillonnement contestataire environnant - ils le prouveront par la suite, les Stones ne sont jamais aussi bons que dans le chaos. "Jumpin’ Jack Flash" sorti en mai 1968 renoue avec l’essence stonienne de "Satisfaction" (""Jumpin’ Jack Flash, c’est essentiellement "Satisfaction" en sens inverse" dixit Richards) qu'ils avaient laissé sur le bord la route. Une musique viscérale qui vous met KO debout, vous savez ce goût de frisson interdit qui vous remonte lentement le long de l’échine. Obtenu avec un magnéto à cassette saturé jusqu’à la distorsion, ce son de guitare novateur (enregistré avec une guitare acoustique !) sera d’une importance cruciale pour la genèse de Beggars Banquet. Qui n’aurait certainement  jamais vu le jour sans l’apport de Jimmy Miller. Producteur des premiers albums - extraordinaires - de Traffic, ce jeune américain va devenir le "sixième" Stones des grandes années : il va donner une ampleur inédite à la musique du gang et s’installe derrière les fûts quand le besoin s’en fait sentir ("You Can’t Always Get What You Want" et "Happy") avant de finir complètement carbonisé pendant l’enregistrement de Goat’s Head Soup où le malheureux gravait des croix gammées sur la table de mixage.


Le son des Stones a évolué mais pas uniquement. La boussole naturelle du groupe, qui jusqu’à présent indiquait clairement le Nord du Chicago Blues, se déploie désormais vers le Sud, le Delta Blues de Robert Johnson et de Son House. Soit une musique beaucoup plus roots, directe, en phase avec le tumulte de l’époque. Revenu de ses afféteries Pop psychédélique, Richards met à profit l’écoute massive des pionniers du Blues pour renouveler son approche de l’instrument, qui lui ressemble beaucoup plus finalement - sa conversion à l’open tuning (issu de l’accordage banjo) n’est plus très loin.


A peine remis de la claque de "Jumpin’ Jack Flash", les fans attendent fébrilement la sortie de l’album. Sous sa pochette blanc crème immaculé en forme de carton d’invitation pour "Le Banquet des Clochards" - la maison de disques Decca censure in extremis la fameuse photo des toilettes crasseuses qui réapparaitra sous format CD - Beggars Banquet attérrit sur les platines en décembre 1968. Et le monde entier comprend que les grands méchants Stones sont de retour. Premier titre du lot, "Sympathy For The Devil" rentre dans la légende. Au cours de cette transe samba-rock échevelée, Jagger se glisse dans les bottes putrides de Lucifer afin de railler les belles valeurs de l’humanité qui partent à vau-l’eau. Avec en prime un solo totalement flingué de Keith Richards, devenant son cheval de bataille scénique préféré. Filmé par la caméra de Godard - qui donnera lieu au film One+One -, l’accouchement du titre est un bonheur jouissif pour les fans. On y voit les Stones en pleine effervescence créative, studieux comme jamais, tâtonnant, essayant différents rythmes, échangeant les instruments… Et Brian Jones avec sa trogne bouffie par les excès, qui ne tient plus debout. Sa fin est proche. Sa slide enchanteresse transcende néanmoins "No Expectations" et confère à ce titre une ambiance unique, comme une sieste narcotique sous un soleil de plomb. Une réconfortante odeur de bourbon frelaté se dégage de "Dear Doctor" et de "Prodigal son" - pour ce titre, les "Glimmer Twins" auraient "oublié" de créditer l’auteur original du titre, Robert Wilkins. Le groupe empiète clairement sur les plates-bandes de cette musique américaine antédiluvienne où la Country, le Blues dinaient à la même table. Jagger en profite pour façonner son pseudo accent de pécore sudiste. "Jigsaw Puzzle" reste l’étrangeté du disque (que les Stones n’ont jamais joué sur scène) : Richards fait pleuvoir des hallebardes de slides biscornues sur un Jagger aux allures de prophète de l’Apocalypse. L’influence de Dylan se fait sentir dans les paroles corrosives du frontman. "Parachute woman" et "Street Fighting Man" adoptent le même procédé que sur "Jumpin’ Jack Flash" (Richards a certainement dû écouter le premier album du Velvet Underground avec attention). Comment une guitare acoustique accompagnée d’un kit de batterie d’occasion pour enfants peuvent sonner aussi puissant, compact ? Cette suprême leçon de "Less is more" pulvérise tout. Inspiré du combat politique de l’activiste Tariq Ali, "Street Fighting Man" est la chanson des barricades de Mai 1968, plus engagée que la timide "Revolution" des Beatles. La tension palpable que l’on ressent dans tous les coins de Beggars Banquet se déchaîne lors de "Stray Cat Blues". C’est une masterclass de Keith : il s’occupe de la guitare rythmique, solo, de la basse reléguant les intérimaires Jones - finie l’époque où les guitares fusionnent naturellement, le solo est désormais de mise - et Wyman aux oubliettes, torche un final titanesque de métal en fusion.


La troupe part reposer ses nerfs calcinés dans la douceur d‘une gigue irlandaise ("Factory Girl"). La mandoline de Dave Mason (Traffic) et le fiddle de Rick Grech (Family) viennent prêter main forte pour apporter un vernis d’authenticité à cette pochade country pleine de double sens. L’album se clôture avec un titre "tarte à la crème" que les Stones affectionnent en ces années-là. Tout y passe. Des bons sentiments, au refrain chanté en chœur, en passant par la chorale gospel de fin (“Salt of the Earth”). La seule fausse note d’un album d'exception, qui va amorcer la période dorée du groupe. 

Commentaires
Arbitre, le 27/09/2020 à 22:18
Cet album marque le retour des Stones à leurs premières amours, à savoir le Blues roots. Avec guitare rythmique acoustique et bottleneck pour l'autre guitare (merci Brian Jones). Le résultat est très bon, avec des morceaux comme notamment "No expectations", "Parachute woman", "Jig saw puzzle", "Street fighting men" et "Stray cat blues". Quant à "Sympathy for the devil" et ses percussions, on ne le présente plus. Un album qu'on peut acheter les yeux fermés, si on veut entendre du grand Rolling Stones.