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Suuns
Zeroes QC
Produit par
1- Armed For Peace / 2- Gaze / 3- arena / 4- Pie IX / 5- Marauder / 6- Sweet Nothing / 7- Up Past The Nursery / 8- PVC / 9- Fear / 10- Organ Blues
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La ville de Montréal a certaines particularités que l'on ne peut ignorer. Connue pour ses grands écarts de températures et son melting pot ethnique elle est aussi en passe d'être mondialement reconnue musicalement grâce à la qualité de ses groupes locaux. Si Arcade Fire est toujours son porte drapeau, depuis quelques temps déjà d'autres formations viennent régulièrement titiller nos tympans avides de sons nouveaux. Après la révélation Beast, les Suuns ont à leur tour débarqué à l'automne dernier pour nous darder de flagrants plaisirs.
Pour mieux les situer d'emblée, ces quatre Québecois naviguent et se faufilent entre l'électro, la techno et l'indie-rock avec une facilité assez déconcertante. Zeroes QC, leur premier album, produit par Jace Lasek, le leader de The Besnard Lakes, recèle une foule d'ambiances mises en branle avec des gimmicks synthétiques transpercés par-ci, par-là, de guitares acérées. Sous l'apparence d'un univers sombre et expérimental, ce psychédélisme d'un genre original fait naître des harmonies que le chant susurré de Ben Shemie insuffle à notre insu. Ce sens de la noirceur est insidieusement amorcé par des beats hypnotiques et magistralement contrebalancé par une mélodie pop appuyée de riffs distordus dans le morceau d'ouverture : "Armed For Peace". Il synthétise l'album à plus d'un titre où toutes les qualités inventives de ces Canadiens y sont rassemblées. Sous le choc après cette entrée en matière, certains autres morceaux tentent de soutenir la comparaison en s'aventurant vers d'autres horizons. Comme le shoegaze "Gaze" traversé de sons saxophonés, ou les technoïdes "Arena" et "Pie IX" qui flirtent avec une transe que le futuriste "Sweet Nothing" triture dans tous les sens digitaux et instrumentaux. Le bidouillage sonore se révèle légèrement plus planant avec "Up Past The Nursery" et dansant sous "PVC" alors que "Organ Blues", au tempo tribal, finit de nous laisser dans un état proche de l'austral.
Entre l'extrême froidure d'un long hiver et les pics de chaleur de l'été, Suuns a entrepris sa petite révolution musicale en mettant nos sens sans dessus dessous avec une précision chirurgicale. Si le rapprochement avec le groupe Clinic est tentant, l'unité dégagée par ces quatre Montréalais nous réconcilie avec le mélange des genres. Avec eux, l'indie rock et l'électro ont bel et bien un avenir en commun. Une ultime preuve pour s'en convaincre ? Leur brillante prestation scénique lors de la dernière session d'hiver à La Route du Rock a été unanimement saluée. Suuns, sous toutes ses latitudes, est sans conteste l'une des révélations de ce début d'année. Son été festivalier s'annonce radieux.