Sna-Fu

Explosion auditive, déflagration acoustique, décharge électrique ou pourquoi pas Tonnerre Binaire... Les impressions post-écoute de l'album de ces cinq franciliens pourraient être nombreuses si seulement quelqu'un avait pu nous préparer à cette première virée en compagnie des agités de Sna-Fu. Prostré dans un coin, le regard vide et la bouche pendante, le retour à la réalité s'avère âpre, délicat. Témoin bien malgré nous d'un tour de force hors du commun.

Pour réellement apprécier le phénomène, un petit voyage initiatique du côté de la scène punk-hardcore de Suède et des Etats Unis peut être nécessaire, histoire de se remémorer quelques groupes tels que Refused , Nine ou encore At The Drive In . Ajouter à tout ça une bonne dose d'insouciance et vous devriez commencer à avoir une petite idée de la façon dont sonnent ces cinq déjantés portant le nom d'un vieux jeu vidéo... A moins que cela ne vienne de l'acronyme de Situation Normale : All Fucked Up...

Pourtant, ce Tonnerre Binaire débute de manière des plus classiques. Un riff d'intro typé hard rock à papa qui tourne bien, une batterie qui sonne et un brin de nonchalance pour rehausser le tout. Et soudain tout s'emballe. Une voix presque animale vient déchirer l'atmosphère, comme pour mieux annoncer le tsunami sonore sur le point de tout ravager sur son passage. "Transcending Reality" s'abat sur l'auditeur et c'est toute la férocité du groupe qui éclate au grand jour. Les guitares balancent des scuds punks de tous les côtés, la rythmique épileptique plante un décor chaotique dans lequel Clément (chant) semble vouloir à tout prix s'écorcher les cordes vocales. Et en alternant uppercuts à répétition ("Stones Of Hawaï") et fracassage de tronches à grand coup de breaks ("Robotoy"), le combo réussit rapidement à embarquer les inconscients ayant risqué une oreille dans leur invraisemblable épopée apocalyptique.

Avec ces quatorze titres balancés comme s’il ne devait pas y avoir de lendemain, Sna-Fu réussi à mordre les tympans de l'auditeur à pleines dents pour mieux le faire hurler de plaisir. Se jouant des styles (Punk, Hardcore, Métal, Power Pop...) en même temps que des habitudes, ils signent avec ce Tonnerre Binaire un des disques les plus tripants et destructeurs que l'hexagone n'ait jamais enfanté. Et à l'image d'un "Route 66" rageur ou de leur tube en puissance "Dorian", il n'y a aucune logique à chercher la dedans. Juste de l'énergie brute catapultée directement au fond des pavillons auditifs. Du grand art à haute valeur addictive.