Pink Fairies
Never Never Land
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1- Do It / 2- Heavenly Man / 3- Say You Love Me / 4- Wargirl / 5- Never Never Land / 6- Track One, Side Two / 7- Thor / 8- Teenage Rebel / 9- Uncle Harry's Last Freakout / 10- The Dream Is Just Beginning
Des êtres forestiers communiant dans la nuit, farfadets, lutins et elfes absorbés par l’astre lunaire … Tout semble réuni sur cette magnifique pochette pour introduire une évasion féérique et onirique préfigurant Moonmadness, une mélopée progressive éthérée, délicate, camelienne avant l’heure. Ne vous fiez pas aux apparences, ce n’est qu’un premier pied de nez propre au groupe underground et provocateur Pink Fairies.
La scène londonienne est foisonnante au début des années 1970, aussi bien par ses groupes phares que par sa Cour des Miracles tout aussi populaire pour leurs performances dans les nombreux clubs de la ville, tel le Pink Fairies Drinking Club qui donna son nom au groupe. Celui-ci est fondé sur les ruines des Deviants d’où viennent Russell Hunter (batterie), Paul Rudolph (chant et guitare) et Duncan Sanderson (basse) et des Think Pink – qui avaient accompagné Mac Farren, autre Deviants, sur son album solo -, formation éphémère qui permit la rencontre avec Twink, second batteur et chanteur déjà installé dans le milieu (ancien Tomorrow et Pretty Things).
Adeptes des drogues mais aussi des expériences musicales des années 1960-70, du rock psychédélique (et space-rock) au hard-rock en passant par le folk rock, The Pink Fairies sont également novateurs en bien des points, notamment par leur volonté de s'adonner à une musique primaire, presque punk-rock.
Laissez-vous surprendre, sans être naïf, sur l’introduction acoustique et folk du titre phare "Do It", qui accélère le tempo pour entrer dans une phase heavy et hurlée, avec un chant scandé et répétitif : jamais le punk n’atteindra cette complexité quand il connaitra son avènement, pourtant, il y avait là matière à s’inspirer. Si le parallèle est souvent réalisé entre le groupe et le punk du milieu des années 1970, il faut avouer que c’est surtout grâce à ce premier titre qui est de loin le plus original de l’ensemble.
Parce qu’en matière de saturation, les Pink Fairies proposent aussi bien la simplicité d’un Rock’n’roll électrifié ("Teenage Rebel") qu’un hard-rock incisif et survolté au rythme appuyé sur "Say You Love Me" ou la seconde partie de "Track One Side two" qui détonne après une première partie où domine un piano sobre – et un peu ennuyant. A l’envie, cette face du groupe peut les conduire vers le slow en forme de power-ballad ("Heavenly Man"), aux lourds relents sabbathiens.
De plus, ces proches d’Hawkwind épousent aussi la veine space-rock : les effets de guitare sur "Wargirl", du reste assez cotonneux et groovy (quelle voix de crooner), sur le très expérimental "Thor" et plus encore sur le long (plus de dix minutes) "Uncle Harry’s Last Freakout" qui nous propose un envol cosmique digne des plus grands du genre. Une évolution propre au psychédélisme déclinant dont on trouve des traces à travers des effets folks, un chant choral éthéré, un solo improvisé ("Never Never Land" ou l’aussi bref que planant "The Dream is Just Beginning").
De la magnifique pochette à l’énergie débordante de "Do It", cet opus initial des Pink Fairies donne à entendre une des faces de l’underground londonien de 1971, entre originalité anticipatrice et space-rock alors dominant chez ces groupes. Pour cela au moins, il mérite d’être découvert.