Osanna
L'Uomo
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1- Introduzione / 2- L'uomo / 3- Mirror Train / 4- Non Sei Vissuto Mai / 5- Vado Verso Una Meta / 6- In Un Vecchio Cieco / 7- L'amore Vincerà Di Nuovo / 8- Everybody's gonna see you die / 9- Lady Power
S’il fallait écrire la "véritable" histoire du rock ou une histoire "parallèle" mais véridique, Osanna prendrait la place de Genesis dans l’introduction des costumes et de la théâtralité au sein du rock progressif. En effet, comme en témoigne la pochette, dès L’Uomo, leur premier album, les membres du groupe se griment le visage de rouge, de noir et de blanc et se vêtissent de longues robes. Je ne sais si Peter Gabriel et Cie se sont inspirés d’Osanna, c’est l’hypothèse de Louis de Ny puisque les deux groupes ont tournée ensemble en 1972 et avouons-le, elle est séduisante.
C’est à Naples qu’il faut chercher les prémisses d’Osanna, sur les cendres de Città Frontale et des Showmen, alors que la scène rock est déjà importante dans l’Italie de la fin des années 1960 (et très inspirée par l’Angleterre, que ce soit du côté pop ou psyché). D’ailleurs, on retrouve sur "Introduzione" (progressif oblige, le groupe construit son album comme un récit) les éléments psychédéliques tels les passages planants, la guitare répétitive, ou le jeu de flûte.
Seulement, Osanna souhaite aussi se détacher de ses modèles britanniques et veut affirmer son identité du Mezzogiorno en mêlant ses emprunts à la musique rock ("pop" dit-on à l’époque) au folklore italien, afin de former une œuvre unique. Un chemin qui est emprunté au même moment par de multiples formations de la Botte, avec bien des nuances. "L’Uomo" est un condensé parfait et spectaculaire de cette ambition : la légèreté folk de la mélodie à la flûte, les accords de guitare méditerranéens, puis des développements esthétiques uniques (le solo de saxophone ou l’utilisation très originale des chœurs). Les effluves de guitare acoustique et le chant rapide d’"In un Vecchio Cieco" renforcent également cette identité italienne, sans se priver d’expérimentation (le saxophone hurleur), de même que le cotonneux "L’Amore Vincerà de Nuovo" avec ses arpèges sublimes, les interventions discrètes de la flute et le chant choral. Si ce n’est le morceau-titre, ces pistes sont plus typé Italie sont relégués en deuxième face, au moins qu’on se demande si le groupe face au risque de s’éloigner un peu trop des canons anglo-saxons.
Ainsi, cette influence anglaise est plus marquée à d’autres moments qui sont de fait moins originaux. Très électrique, "Mirror Train", groove avec sa guitare pleine d’effets, puis sa deuxième partie, plus jazzy, évoque immédiatement le premier Jethro Tull (notamment dans le dialogue entre la flûte et la guitare). On entend, malgré tout, les chœurs très spécifiques au groupe. De même, les côtés psychédéliques, parfois space-rock (sur la partie centrale), de "Non Sei Vissuto Mai", illustrent un genre encore en gestation. Osanna investit également le champ du hard-rock, de façon un peu pataude sur "Vado Verso une Meta" et plus maîtrisée sur "Everybody’s Gonna See You Die" ou "Lady Power", très référencés mais efficaces. Vous le devinez dans les morceaux cités ci-dessus, i l’italien est utilisé au chant, il n’est pas exclusif et croise l’anglais sur des titres moins entreprenants.
La version napolitaine du rock progressif italien signe un acte de naissance remarquable, si bien qu’Osanna mérite d’être considéré comme une des plus grandes formations progressives italienne des 1970’s, largement aussi importante que le trio de tête formé par Le Orme/PFM/Banco. Sa particularité locale et son attachement à la ville méridionale permettra plus tard l’écriture d’un chef-d’œuvre, Palepoli.