Oh No! Oh My!

Hors de ses frontières, albumrock.net s'éprend de conquérir "The City by the Bay" et son Golden Gate Bridge souverain, imposant sa force rouge sang au fort solitaire d'Alcatraz. D'un esprit volatile, voguant de club en club, du plus hype au plus populaire, se dégagera régulièrement la sensation franciscaine du moment. San Francisco nous voilà ! C'est ainsi qu'au restreint Bottom of the Hill s'impose la pop décalée de Oh No! Oh My!. Première partie américaine des claviers d'Au Revoir Simone, mais déjà 100 concerts a leur actif, le quartet texan fascine par son antinomie musicale. Bluffant par ses ballades pop battant comme le cœur romantique de Zach Braff et saisissant par ses essais innovants, balayés d'une voix tiraillée et un son plus électrique.

C'est dans une atmosphère hostile, guitare sèche et riff redondant que s'élève la voix cassée de Greg Barkley, qui éloigne rapidement les préjugés d'une pop sucrée ringarde. "The Party Punch", premier titre d'un futur EP alléchant, alloue convivialité et béatitude dans un rythme bâti par ses chœurs stimulants et tout bonnement enchanteurs.
Revenons à la genèse du groupe et son tout premier CD éponyme. Un esprit apaisé, une voix nettement plus efficace, perdant ainsi un brin de sensibilité il est vrai, font de "Walk in the Park" un titre remarquable. Toujours très cinématographique, collant à l'image affable de The Shins , l'arrivée d'un clavier à mi parcours vient bousculer les retrouvailles tendrettes de deux ados en mal de reconnaissance pour un univers véritablement indépendant, mélancolique, dramatique. Toujours sur le fil, entre magie et ironie, Oh No! Oh My! sait jouer des préjugés pour mieux les bousculer. Effigie d'une publicité française, "Reeks and Seeks" illustre le talent et la fraîcheur originale du quartet. Un riff de guitare acoustique, une chorale de loosers et un clavier has been. Le pire c'est que cette hétérogénéité peu appréciable fonctionne bel et bien. Autre sonorité, cette fois-ci plus proche d'Electrelane que de Snow Patrol, "I Have no Sister" ou encore "I Love You All The Time" réussissent à nouveau par un rythme bien tranché, entre une post pop clavier-électro et un rock efficace batterie-cordes.

Première découverte californienne confirmée, en plein envol et qui, on peut l'imaginer, mettra peu de temps à prouver tout son talent et son caractère dans notre vieille Europe. Certes, cette idée de mélange pop électro a fait son chemin. Certes, certains en viennent même à saturer et crier à l'invasion, mais Oh No! Oh My! saura leur prouver le contraire.