
Mind Riot Music
Underground Revolution (part 76)
Produit par
1- Love Supreme Dissidents - La Vie Est Ainsi / 2- Burning Alms - So Unreal / 3- Moslyve - In Vain / 4- Chinese Robots - Super Junkie / 5- Moslyve - Paris / 6- Chinese Army - Revolution / 7- Chinese Robots - Things We Believed / 8- Teach Kids Manners - Yataww / 9- Lys last Stand - Aphytakynata / 10- Chinese Robots - Sweating For Me / 11- A Free Soul - Here It Comes Slowly (bonus track)


Le propos d'une compilation arrangée par un label est multiple. La somme de chansons vise évidemment à faire découvrir un échantillon représentatif des artistes et de la musique produits par le label en question. C'est une opération de défrichage pour partir à la recherche de nouveautés. En l'occurrence, Mind Riot Music (rien que ça) a démarré sous la forme d'un blog avant de muter en label pour distribuer les disques du groupe Moslyve (présent ici via deux titres). Malgré le contexte économique peu favorable à l'épanouissement d'un tel projet, la compilation Time Machine Collection Volume 1 a vu le jour en 2010.
Quelques 45 tours et nouvelles signatures plus tard, la nouvelle compilation Underground Revolution (part 76) arrive en 2014. Intervient ici une autre raison d'être pour une compilation : elle sert de note d'intention (de déclaration de guerre?) au label. Le nom du disque parle de lui-même, de l'évocation souterraine à la référence à l'année précédant la supposée révolution punk (1976), tout converge en direction d'une éthique Do It Yourself revendiquée par le label (éditions ultra limitées, équipe restreinte). Underground Revolution (part 76) se veut un instantané de l'époque musicale, tant dans les procédés de Mind Riot Music que dans la musique gravée sur cette compilation scindée en deux faces distinctes comme un vinyle (note d'intention, toujours). Réunissant des Anglais, des Français et des Américains, le disque tente d'éclairer une certaine vision de la musique en 2014.
ça commence avec du post-punk pur jus (on a déjà défini ce terme ici). Love Supreme Dissidents (ce nom!) enterre ses vocaux sous une saturation caverneuse et une batterie martiale. Moslyve, la raison d'être première de Mind Riot Music, se traîne le long de sa procession funèbre ("In Vain") sur fond de chœurs gothiques. Et au milieu de cette grisaille, cette chose insensée, un disco chanté d'une voix blanche récitant une comptine intitulée "Super Junkie". En 4 minutes, Chinese Robots vient susciter un réel intérêt pour cette compilation jusqu'alors un peu trop engoncée dans son complet anthracite. Alliance parfaite de bidouillages electro, de guitares gentiment bruyantes et d'une voix saisissante. "Things We Believed" et "Sweating For Me", les deux autres titres de Chinese Robots, confirment cette impression. En électrique comme en acoustique, en nombre comme en qualité, Chinese Robots domine Underground Revolution (part 76). avec une grandiloquence qui rappelle les vocalistes invités par Yann Tiersen, la voix légèrement maniérée de Pierre-Hubert Perromat emporte tout sur son passage.
C'est ce qu'on retiendra de la compilation de Mind Riot Music. Pas sûr que le label révolutionne l'underground à lui tout seul mais ces gens ont assurément bon goût en ce qui concerne les vocaux. De la berceuse indie entonnée par Chinese Army aux arabesques autour desquels s'enroule la délicate guitare de Teach Kids Manners, la voix mise en centre (et non submergée par les autres instruments) fait des merveilles. Les pistes d'ambiance n'évoquent pas grand-chose mais il y a assez à faire avec Chinese Robots, Teach Kids Manners et Chinese Army.
Mind Riot Music n'est pas encore Factory Records (sans doute le modèle ultime du label à forte identité) mais il fait preuve de bon goût et surtout il fait découvrir de nouveaux groupes à l'écart des circuits habituellement fréquentés. On attend l'éventuel album de Chinese Robots avec impatience.