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Critique d'album

Magma


1001 degres centigrades


(05/10/1971 - Philips - Zeuhl/Jazz Rock(?) progressif - Genre : Rock)
Produit par

1- Riah Sahiltaahk / 2- Iss Lansei Doia / 3- Ki Iahl O Liahk
Note de 3/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"Un album de transition vers l'avènement de la Zeuhl dans sa forme la plus aboutie"
François, le 19/06/2021
( mots)

En 1970, Magma avait mis au monde un enfant qui fera tout le sel de la scène rock française (jazz-rock, progressive, puis Zeuhl dans sa forme accomplie) au point de devenir, petit-à-petit, la référence hexagonale en matière de musique "populaire" - bien que l’adjectif leur convienne assez peu. Si la Zeuhl à proprement parlé ne trouvera son aboutissement qu’avec MDK et que les deux premiers opus restent très marqués par le jazz-rock à tendance Coltrane, l’opus inaugural était dantesque. Il y avait déjà de nombreux éléments qui pouvaient susciter l’admiration ou au moins la certitude d’être face à quelque chose d’unique : la rythmique exaltée, le chant habité, l’ambiance sombre et angoissante, le chant en kobaïen (une langue inventée de toute pièce), l’univers dystopico-science-fictionnel qui se déploie, la richesse instrumentale … Le tout gravé sur un double-album illustré par une pochette effrayante qui affiche déjà la griffe hautement symbolique. 


En 1971, on peut enfin connaître la suite des aventures kobaïennes quand ce peuple extra-terrestre arrive sur Terre pour sauver cette pauvre planète. En plus de prolonger le récit, 1001° Centigrades explore davantage l’univers de Magma notamment au niveau de la langue puisque le chant y est plus important et les paroles sont inscrites sur un livret. 


Pour autant, l’immersion perd de sa force avec la pochette qui a suscité un conflit entre le groupe et la maison de disque. La lecture très premier-degré du nom du groupe entraîne l’imposition d’une illustration colorée devant rappeler la lave dans une version psychédélique. La pochette sombre arrivera comme une alternative pour habiller l’album qui prendra le nom de Magma 2 et fini d’imposer définitivement le logo du groupe. 


Musicalement, Magma bénéficie à la fois d’un haut-lieu du rock hexagonale pour s'enregistrer, le Château d’Hérouville, ainsi que d’une section cuivrée et boisée (Louis Toesca à la trompette, Yochk’o Seffer à la clarinette et au saxophone), ce qui compense bien l’amputation liée au départ de Claude Engel (il n’y a pas de guitare sur l’album). Plus encore, par leur grandiloquence et leur présence importante, les instruments à vent renforcent la puissance de la musique qui se dirige vers son acmé. Ils lui apportent ce côté chaotique immédiatement contrebalancé par le poids de la rythmique vanderienne qui organise un cosmos dont l’ordre nous échappe. On est presque dans un mantra, sachant la dimension religieuse, ou du moins mystique, n’est pas complétement absente de la perspective du groupe. 


C’est sur "Riah Sahiltaakh" que la musique de Magma trouve un début d’aboutissement. Ce titre permet de parler d’album de transition tant il commence de développer les aspects plus caractéristiques et définitifs de l’esthétique du groupe. Celui-ci se montre très aventureux. Après une introduction proche du latin-jazz, il agence de multiples variations, certaines dominées par les vents, d’autres par les percussions effarantes. Déjà les saccades rythmiques, d’une rigueur militaire, les voix hurlantes, les moments plus expérimentaux et complexes (dans la seconde partie surtout), sont au rendez-vous.


Pour autant, même sur ce titre, le propos reste encore largement dominé par un jazz-rock conventionnel, ce qui, loin d’être un défaut, montre que l’esthétique zeulhienne est encore en construction. Il en va ainsi de "“Iss” Landseï Doïa" malgré quelques passages déconcertants (le début principalement, ainsi que les gargarismes de Blasquiz). De son côté, "Ki Ïahl Ö Lïahk" comporte de réels moments purement jazz (notamment dans sa seconde partie plus cotonneuse) et s’applique à déployer une ambiance magmaïenne plus facile d’accès (tout est relatif, bien sûr) dans un premier temps (d’ailleurs, on entend déjà les termes "Wurda Itah" qui nommeront l’album de 1974). On pourrait presque faire des parallèles entre la planète Gong et Kobaïa sur cet ultime titre tant certaines lignes de cuivre possèdent le même esprit que chez Allen (à partir d’1.15, si on enlève les cris bien sûr). Sans vouloir paraître iconoclaste, il s’agit du titre qui me convainc le plus sur Magma 2.  


A son échelle, l’album fut un triomphe (il obtient d’ailleurs le prix de l’Académie Charles-Cros, qui récompensera plus tard l’autre grande gloire nationale, Ange). Magma est programmé à Montreux la même année, preuve de son ancrage encore marqué dans le jazz-rock plus classique. Ce second opus permet au groupe de déployer ses ailes, avant de s’affirmer définitivement comme une révélation artistique époustouflante. 

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